Coup d’éclat pour les lustres de l’Hôtel de Ville

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Mise à jour le 30/04/2024
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L’Hôtel de Ville de Paris compte 90 luminaires (lustres et appliques) signés Baccarat. Une grande opération de nettoyage des dix grands lustres de la salle des fêtes est en cours.

Il y a 138 ans, la lumière fut !

Après l’incendie qui ravage l’Hôtel de Ville en 1871, le bâtiment est lentement reconstruit. L’objectif est alors d’en faire l’édifice public le plus moderne qui soit. C’est ainsi que le conseil municipal du 19 juillet 1886 vote l’installation d’un système définitif d’éclairage électrique et l’acquisition de lustres et d’appliques pour la salle des fêtes et les salons de réception.
Attachée à promouvoir les savoir-faire français, la Ville de Paris se tourne vers la maison Baccarat, basée en Meurthe-et-Moselle, une manufacture spécialisée dans les créations en cristal jouissant d’une renommée internationale. Au total sont installés 90 luminaires (37 petits lustres, 41 grands lustres et 12 appliques couvertes de feuilles d’or), dont les plus imposants pèsent 250 kilos et chacun comptant en moyenne 50 ampoules !

Bobèches, rosaces et boules de cristal

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Saviez-vous que ces luminaires comprennent des bobèches, des rosaces, des losanges taillés et même des boules à facettes ? Et que chacun de ces éléments de lustrerie nécessite un moule dédié ? « Ce qui est remarquable ici, c’est la quantité colossale de pièces en cristal qui ont dû être fabriquées, en un temps record à l’époque. Il faut garder à l’esprit que chaque composant a été soufflé, moulé et taillé minutieusement à la main par les artisans de la manufacture », précise Mathieu Guillemard, chef de projet patrimoine chez Baccarat.
Le cristal Baccarat, dont la formule reste secrète, est réputé comme l’un des plus purs au monde. C’est d’ailleurs en 1823 au cours de l’Exposition des produits de l’industrie française que la maison Baccarat, née en 1764, reçoit sa première médaille d’or. S’ensuit une longue série de commandes remarquables. En 1827, Baccarat est la première manufacture de cristal en France à présenter des ensembles de lustrerie taillés et gravés telles des pierres précieuses.

Depuis 1975, les salons de l’Hôtel de Ville et leurs décors sont classés au titre des monuments historiques. Il était temps de redonner leur prestige d’antan à ces lustres disposés, pour certains, jusqu’à 8 mètres de hauteur et sur lesquels la poussière s’était déposée. Le nettoyage puis la restauration de chaque élément contribuent ainsi à la préservation de ce patrimoine exceptionnel.

Près de vingt heures de travail par lustre

Depuis le mois de février, une équipe d’experts de Baccarat est mobilisée pour nettoyer minutieusement chaque pampille, conformément à des principes et des méthodes de conservation bien spécifiques. Après plusieurs tests, c’est finalement un produit à base d’eau déminéralisée qui a été choisi pour redonner leur éclat d’origine aux lustres.
Une opération qui prend du temps : en moyenne vingt heures par lustre ! Il a d’abord fallu mettre en place un grand échafaudage dans la salle des fêtes… et couper l’alimentation électrique. Une fois bien harnachés, Emmanuel Derou et Jérémy Iss, monteurs installateurs de Baccarat aguerris au travail en hauteur, retirent la poussière sur les luminaires à l’aide d’un minicompresseur portatif, puis ils appliquent une brosse douce sur les branches en bronze.
Ensuite, certains éléments, comme les rosaces et les fleurs en cristal, sont démontés un à un pour un nettoyage manuel à l’aide d’un chiffon imbibé de la solution. Un second passage avec un chiffon sec permet de finaliser le coup de propre. « Tout se fait avec délicatesse. Il ne faut pas être stressé ou nerveux quand on manipule du cristal, pointe Emmanuel Derou. C’est une matière très fragile. »
Le nettoyage se faisant par étape – les échafaudages ne peuvent rester plus de deux jours d’affilée dans la salle des fêtes pour des raisons protocolaires –, il se poursuivra jusqu’au mois de mai.

La Nef, une œuvre colossale bientôt exposée à l’Hôtel de Ville

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Pour l’Exposition universelle de 1900, Baccarat réalise deux exemplaires de la Nef cristalline, emblème de la Ville de Paris, d’après un modèle du sculpteur Charles Vital-Cornu. L’une est commandée par le Grand Dépôt, grand magasin spécialisé en « services de table, porcelaine, faïence et cristaux », et exposée sur son stand au sein de l’Exposition universelle. Une page de publicité la présente comme « la plus belle et la plus importante pièce de l’Exposition de 1900 ».
L’autre Nef est montrée dans la maison Baccarat, rue de Paradis à Paris, où le maharadjah de Bikaner, en Inde, l’acquiert en 1930 pour le Lallgarh Palace. L’ensemble est composé de 101 pièces de cristal. La réalisation de sa réplique a nécessité le savoir-faire de 49 verriers et tailleurs hautement qualifiés, dont cinq Meilleurs Ouvriers de France, qui y ont consacré 3 700 heures.
Dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques 2024, cette pièce colossale sera présentée à l’Hôtel de Ville sur une table en cristal conçue quant à elle pour l’Exposition universelle de 1889.
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