10 balades à faire à l’ombre des poètes
Sélection
Mise à jour le 18/03/2024
Sommaire
Le Printemps des poètes fête cette année ses 25 ans. Une excellente raison pour partir en balade dans Paris et croiser quelques grandes figures figées pour l’éternité.
Gérard de Nerval (1808-1855)
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Où ? 39, rue de Rivoli (Paris Centre)
C’est un médaillon qui rend hommage, sur une stèle très simple, à l’un des poètes les plus torturés du XIXe siècle. À côté, sur un rocher, sont gravés ces vers : « Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé / Le prince d’Aquitaine à la tour abolie / Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé / Porte le soleil noir de la mélancolie » (extrait de « El Desdichado », dans le recueil Les Chimères). Ce monument créé par Jean Bernard Duseigneur (1808-1866) s’élève non loin de l’endroit où l’auteur fut retrouvé mort, le matin du 26 janvier 1855, dans la rue de la Vieille-Lanterne, vers la Seine…
Arthur Rimbaud (1854-1891)
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Où ? 2, quai Saint-Bernard (5e)
Jean-Robert Ipoustéguy (1920-2006) crée en 1984 une statue en bronze en hommage à Arthur Rimbaud. Installée tout d’abord place du Père-Teilhard-de-Chardin (Paris Centre), elle est transférée en 2018 dans le jardin Tino-Rossi (5e). Le sculpteur joue sur le surnom « l’homme aux semelles de vent » donné par Paul Verlaine à Arthur Rimbaud et baptise sa statue « l’homme aux semelles devant ».
Le poète est représenté comme s’il voguait dans les airs, le coude appuyé sur ses talons, le regard inspiré. Ipoustéguy a voulu illustrer à la fois l’artiste et l’aventurier qui, après avoir abandonné l’écriture, était parti en Afrique et au Moyen-Orient.
Mihai Eminescu (1850-1889)
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Où ? 14, rue Jean-de-Beauvais (5e)
C’est écrit sur la plaque, c’est « le plus grand poète roumain, le dernier romantique européen, propagateur de la culture roumaine » : Mihai Eminescu a bien sa statue à Paris. On la doit au sculpteur Ion Vlad (1900-1992), artiste roumain naturalisé français. Sa création a été initiée par l’église orthodoxe roumaine de Paris (église orthodoxe des Saints-Archanges) et la Ligue culturelle roumaine. Elle a été inaugurée en 2009, à l’occasion du centenaire de la mort de l’auteur.
Eminescu y est représenté dans une pose lyrique, le visage tourné vers le ciel, livres sous un bras et pieds nus. Son vêtement est en lambeaux et une corde ceint sa taille. Les deux longues branches qui encadrent la sculpture renvoient à l’idée de nature, motif récurrent de son œuvre.
Baudelaire (1821-1867), Verlaine (1844-1896) et Éluard (1895-1952)
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Où ? Jardin du Luxembourg (6e)
Charles Baudelaire, né en 1821, non loin du Sénat, se promenait enfant dans les allées du jardin du Luxembourg. Aujourd’hui, son buste en pierre suit des yeux la jolie animation des lieux. Sa statue achevée en 1933 par Pierre-Félix Fix-Masseau (1869-1937) a pris place en 1941.
Sur le piédestal est apposée une plaque où est gravée la dernière strophe du poème Les Phares. Ce poème se situe dans les premiers textes des Fleurs du mal. Charles Baudelaire y rend hommage à ses modèles comme Rembrandt, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Francisco de Goya ou Eugène Delacroix.
Un peu plus loin, on croisera aussi Paul Verlaine. Créé en 1911 par le Suisse Auguste de Niederhausern, dit Rodo (1863-1913), le buste en marbre, aux traits volontairement déformés, est posé sur un haut socle galbé et sculpté. Les trois figures féminines qui émergent de la pierre représentent les trois âmes de Paul Verlaine : la religieuse, la sensuelle et l’enfant.
En continuant la balade sur le parterre sud, vers la rue d’Assas, on peut apercevoir une statue allégorique en bronze représentant un homme jouant de la cithare. Le corps révèle une anatomie hybride – une patte d’oiseau, un bras qui se métamorphose en branches d’arbre – et dévoile un vide à l’endroit de la poitrine.
Cette statue a été imaginée par le sculpteur cubiste Ossip Zadkine (1888-1967) et la fonderie Susse, qui la réalisèrent en 1954. L’œuvre a été mise en dépôt au Sénat par le musée Zadkine (6e) et installée dans le jardin du Luxembourg en 1991. Zadkine rend ici hommage à Paul Éluard, « le plus pur de tous les poètes qu’[il ait] connus ». Il a gravé sur tous les côtés du corps des vers du poème Liberté. On peut même poursuivre la découverte de ce sculpteur en visitant la maison atelier Zadkine, située à deux pas, au 100 bis, rue d’Assas. L’entrée y est gratuite, hors exposition.
À savoir
Le jardin du Luxembourg compte plus d’une centaine de statues. Pour les localiser et faire de jolies balades, consultez ces idées de parcours.
Guillaume Apollinaire (1880-1918)
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Où ? 1, place Saint-Germain-des-Prés (6e)
Peut-être l’avez-vous croisé dans ce square au nord de l’église Saint-Germain-des-Prés (6e) ? Le buste en bronze représente la peintre et photographe Dora Maar et a été sculpté par Picasso en personne. Mais quel lien avec la poésie ?
En s’approchant du socle, on peut lire l’inscription « À Guillaume Apollinaire ». Le peintre dédie en effet son œuvre à son cher ami poète et écrivain disparu en 1918. L’emplacement de la statue n’est pas un hasard : Picasso, Dora Maar et Apollinaire fréquentaient les nombreux cafés du quartier.
Alfred de Musset (1810-1857)
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Où ? 35, boulevard de Courcelles (8e)
La statue d’Alfred de Musset a été érigée par Antonin Mercié (1845-1916) en 1906 à la gloire de l’auteur (pour les curieux, le discours de son inauguration est à lire sur le site de l’Académie française). Selon le vœu de la sœur du poète, le monument avait été fixé en 1906 sur la place devant la Comédie-Française. Lorsque des travaux restructurent l’espace en 1964, le buste est enlevé. Il reste un moment en réserve, puis est installé dans le parc Monceau en 1976.
Ce monument représente le recueil La Nuit de mai, paru en 1835, où le poète dialogue avec sa muse. En quête d’inspiration, il est aidé par la femme qui se tient à ses côtés.
Non loin de là, à côté du Grand Palais, aujourd’hui jardin de la Nouvelle-France, en bordure du cours la Reine, se trouve un autre monument, exécuté par le comte de Moncel de Perrin (1866-1930) suite à une commande de la Ville de Paris et de l’État. Taillé dans un seul bloc de marbre blanc, il est intitulé Le Rêve du poète, et rend hommage à Musset. Enfin, une statue de l’écrivain est érigée sur la façade de l’Hôtel de Ville (Paris Centre), face à la Seine, à l’angle sud-est de l’édifice, au 2e étage.
Le Camoëns (1525-1580)
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Où ? 4, boulevard Delessert (16e)
Au 4, boulevard Delessert, en bas des escaliers qui mènent à l’avenue de Camoëns, on peut admirer cette sculpture monumentale en marbre rose qui représente le poète portugais Luís Vaz de Camões, dit Le Camoëns, décédé en 1580 à Lisbonne. Conçue par l’artiste portugaise Clara Menerès (1943-2018) et installée en 1987, la création dévoile l’auteur entouré d’une épée, d’un carnet et d’une plume. Les armoiries du Portugal apparaissent également sur le socle. L’œuvre actuelle remplace une ancienne sculpture sur piédestal qui datait du début du XXe siècle et qui a disparu sous l’Occupation.
Victor Hugo (1802-1885)
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Où ? Square du Ranelagh (16e)
La Vision du poète de Georges Bareau (1866-1931) est un haut-relief en plâtre acquis en 1902 par la Ville de Paris à l’occasion du centenaire de la naissance de Victor Hugo. Il fut exposé dans une cour de l’Hôtel de Ville, puis Paris en commanda un marbre. En 1985, il sera placé à l’angle de l’avenue Raphaël et du boulevard Suchet, dans le jardin du Ranelagh (16e). Le relief évoque un extrait de La Légende des siècles : « J’eus un rêve, le mur des siècles m’apparut / C’était de la chair vive avec du granit brut ». Car oui, le poète représenté ici est bien Victor Hugo…
Alphonse de Lamartine (1790-1869)
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Où ? 3, square Lamartine (6e)
Le poète Alphonse de Lamartine habita un temps un chalet de l’avenue Henri-Martin (16e), qui borde un adorable jardin. À l’entrée, se trouve aujourd’hui sa statue. C’est une sculpture en pierre réalisée par Paul Niclausse (1879-1958) en 1951 qui remplace, sur le même socle, la statue en bronze de l’auteur conçue par Anatole Marquet de Vasselot (1840-1904) et qui fut fondue durant l’Occupation en 1942.
Encore plus de poètes…
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Où ? Avenue de la porte d’Auteuil (16e)
Cet espace est entièrement dédié aux poètes. Il a été créé par la Ville de Paris à l’initiative de Pascal Bonetti, alors président d’honneur de la Société des poètes français, et a été inauguré en 1954. Situé près de la porte d’Auteuil, il prolonge le jardin des serres d’Auteuil.
Un buste de Victor Hugo sculpté par Auguste Rodin patiente sagement… mais ce n’est pas le seul ! L’œil attentif saura repérer des vers de poèmes gravés sur des plaques au niveau du sol. Villon, Verlaine, Mallarmé, Molière, Boileau ou Baudelaire transportent les rêveurs, dans un univers où la beauté des mots se confond avec la beauté de la nature…
À la carte !
Si la sculpture vous passionne, découvrez vite la cartographie interactive qui recense près de 500 œuvres appartenant à la Ville de Paris ou confiées à sa gestion par l’État, dans le cadre de dépôts par le Centre national des arts plastiques (CNAP). Cette cartographie est enrichie régulièrement, afin de présenter chaque statue dans le détail.
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