Rencontre avec le handballeur Thierry Omeyer, soutien de la candidature de Paris 2024

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Mise à jour le 13/06/2017

Championnat du monde de Handball 2017 France Norvège
Cinq titres mondiaux, double champion olympique, élu meilleur gardien de tous les temps en 2010, Thierry Omeyer est aussi champion de longévité : à 40 ans, il vient tout juste d’annoncer sa retraite internationale. Mais continuera d’être dans les cages du PSG, son club avec qui il vient de gagner la coupe de la ligue, jusqu’en 2018… "Jamais rassasié", ce compétiteur hors-norme voit loin, très loin. D'où son soutien à la candidature de Paris 2024 au sein du Comité des athlètes. Rencontre.

Thierry Omeyer de retour des Jeux de Rio en août 2016 avec sa médaille d'argent.

Vous faites partie du Comité des Athlètes Paris 2024. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous impliquer dans cette candidature?

Les Jeux, c’est la compétition universelle par excellence. Ça m’a paru naturel de m’y investir, de par mon expérience olympique. Et puis, participer aux Jeux ou à une compétition internationale dans son pays, jouer à domicile, c’est quelque chose de très fort, ça nous transcende. Je n’aurai pas la chance d’y participer en tant qu’athlète, mais pour tous les athlètes et pour tous les Français, c’est une occasion énorme. On a vu aussi la capacité de la France à organiser ce genre d’événements entre l’Euro 2016, les championnats du monde de handball, ceux de hockey [au printemps, ndlr]. Et puis, Paris est prête, avec près de 95% des structures déjà construites pour accueillir les Jeux.

Quel est votre meilleur souvenir des Jeux olympiques?

C’est le moment où tu montes sur le podium avec ton équipe et que tu te mets à chanter la Marseillaise. Tu revois tout ton parcours pour arriver jusque-là, tout le travail qu’il a fallu pour atteindre cet objectif. Et tu chantes la Marseillaise… Il y a aussi la cérémonie d’ouverture, qui est un moment très fort dans la vie d’un athlète [il en a fait 4, ndlr]. Ça représente le début de l’aventure. Tu rencontres tous les athlètes, toutes les délégations. Ça donne vraiment la chair de poule. À chaque fois, on commençait à chanter la Marseillaise juste avant de rentrer dans le stade. C’est vraiment des moments particuliers qui n’existent que pendant les Jeux olympiques.

Et le pire souvenir?

Le quart de finale en 2004 contre les Russes. C’était mes premiers Jeux. On fait de très bons Jeux, on gagne nos cinq matchs de poules et on arrive en quart. Ce match, si tu le perds, les Jeux sont finis. On perd de deux buts… Quand tu es aux Jeux, tu te dis que c’est peut-être la seule fois de ta carrière, que c’est tous les 4 ans, et qu’il peut se passer beaucoup de choses en 4 ans. Les quarts, c’est le match couperet, celui qui te fait basculer entre une victoire qui t’ouvre une chance de médaille [une défaite en demi-finale permet de jouer la petite finale pour la médaille de bronze, ndlr] et une défaite qui t’élimine de la course aux médailles. Mais l’histoire a été belle : on s’est servis de cette douloureuse expérience pour gagner en 2008. Et en battant les Russes en quart…

Vous avez eu la chance d’être à la fois champion du monde et champion olympique… Si vous aviez dû choisir entre l’un des deux titres?

Champion olympique, sans hésiter. Après, j’ai eu la chance de gagner tous les titres, donc c’est difficile de se dire qu’on en enlèverait un pour en avoir un autre. Mais les Jeux, ça reste le summum. Et puis, c’est tous les 4 ans, donc c’est plus difficile de gagner une médaille. C’est la compétition qui est au-dessus de tout, avec un engouement médiatique aussi beaucoup plus grand.

Quel(s) sportif(s) olympique(s) admirez-vous le plus?

Énormément d’athlètes ont marqué les Jeux. C’est difficile d’en sortir un du lot. Ce qui m’impressionne surtout, c’est la capacité à durer. Des gars comme Michael Phelps [28 médailles en natation remportées sur 4 Jeux entre 2004 et 2016, ndlr] ou comme Usain Bolt [8 médailles en athlétisme remportées sur 3 Jeux entre 2008 et 2016, ndlr], qui sont des monstres dans leur discipline, c’est fort. Après, je suis aussi très fan de joueurs comme Roger Federer que j’ai eu la chance de rencontrer pendant une cérémonie d’ouverture. Il n’a jamais été champion olympique de simple [mais il remporte l’or en double à Pékin en 2008 avec son compatriote Stanislas Wawrinka, ndlr], mais sa capacité à durer sur une très longue période m’impressionne.

Si vous n’aviez pas été gardien, vous auriez aimé jouer à quel poste?

C’est une question qu’on me pose souvent. Si je revenais en arrière, je ferai le même choix. Le poste de gardien, c’est un poste qui me correspond tout à fait, du fait de ma nature, des responsabilités que l’on peut avoir à ce poste-là. Je suis quelqu’un de très exigeant, et c’est un poste où il faut se remettre en question en permanence. Tu es sans arrêt soumis à des tirs, c’est beaucoup de responsabilités, et ça demande un gros travail sur soi. Tu peux toujours progresser à ce poste-là. Il faut passer outre la frustration de prendre des buts et te concentrer sur la suite. C’est pas comme au foot : tu ne vas jamais terminer à zéro but encaissé, donc tu sais que tu peux toujours faire mieux. Et comme je suis un perfectionniste…

Si vous deviez changer quelque chose dans votre carrière?

Je ne changerai rien. Il y a eu des joies, des bonheurs, des déceptions aussi. Mais ça a été à chaque fois des moments qui m’ont permis de rebondir par la suite. Au début de ma carrière, je n’aurais jamais imaginé autant de titres, remporter 10 médailles d’or avec l’équipe de France [2 aux Jeux, 5 au championnat du monde et 3 au championnat d’Europe, ndlr]. Je n’étais peut-être pas le jeune sur qui on a misé le plus au début de ma carrière, mais j’ai beaucoup travaillé, j’avais confiance en moi et je savais que je pouvais y arriver.

Vous avez eu 40 ans en 2016. Vous venez de prendre votre retraite internationale, mais continuez au PSG au moins jusqu’en 2018… Quel est le secret de votre longévité?

Le fait de n’être jamais rassasié ! Et puis, j’ai toujours eu envie de durer. La motivation, l’envie est toujours là, j’ai du plaisir à aller à l’entraînement, à être sur le terrain. Ma retraite internationale, c’était une décision difficile. Ma première sélection date de 1999, donc c’était pas facile de partir. Je ne sais pas s’il y a un moment idéal, mais après une victoire au championnat du monde [en janvier dernier à Paris, ndlr], c’est le bon moment pour partir. Et puis, je n’ai plus 30 ans… Tu peux toujours te dire que tu peux pousser encore un peu, mais il y a un moment où il faut s’arrêter, et ce moment, c’est maintenant. Je continue à jouer en club au PSG jusqu’en juin 2018. Il y a des chances que ce soit ma dernière année en club, mais ce n’est pas acté. On verra l’année prochaine.

Que pensez-vous faire après votre retraite sportive?

J’ai commencé une formation d’entraîneur que je terminerai en 2018. Je ne sais pas si j’ai envie d’être entraîneur tout de suite, mais c’est sûr que j’ai envie de rester dans le handball. Il y a beaucoup de choses à faire dans ce milieu, dans le lien avec les entreprises aussi. On verra en fonction de mes possibilités, de mes envies. Mais pour l’instant, je suis complètement impliqué, focalisé mentalement et physiquement sur ma carrière en club.