Nicolas Henry, fondateur de Photoclimat : « Je suis un passeur de paroles »
Actualité
Mise à jour le 15/09/2021
Attention, cet article n'a pas été mis à jour depuis le 15/09/2021, il est possible que son contenu soit obsolète.
Sommaire
Le festival écologique Photoclimat s'ouvre samedi 18 septembre à Paris pour un mois d'expositions photos. Nous avons rencontré l’artiste plasticien Nicolas Henry, son fondateur, dans les Ateliers des Serres de Pantin où tout se prépare minutieusement depuis des mois. Il nous présente cette première édition en coulisses.
Quel est votre parcours ?
Je viens du théâtre, où j’ai un peu tout fait, des
éclairages à la régie en passant par la scénographie. J’ai aussi réalisé des
films d’animation avec l’écologie en toile de fond. Puis j’ai travaillé avec Yann Arthus-Bertrand sur « 6 Milliards d’Autres »
et j’en ai assuré la direction artistique au Grand Palais.
J'ai continué à voyager et
j’ai fait mes théâtres autour du monde : j’interviewais des gens sur la
condition humaine et ça me donnait matière à travailler. Je mettais en scène ce
qu’ils me racontaient.
J’ai par la suite réalisé une énorme structure pour les 70 ans d’Emmaüs place du Palais Royal et un autre projet pour les 20 ans de Lire et Faire
Lire. J’aime travailler pour des mouvements citoyens qui se structurent spontanément et sans
aide. En France, il y a 12 millions de
bénévoles ! C’est une personne sur 4…
D’où est venue l’idée de Photoclimat ?
Photoclimat est né avec l’épidémie de Covid-19. J’ai
eu envie de monter un festival qui valorise le travail des ONG
environnementales et des associations et qui sensibilise à la question
climatique. Je me suis associé pour cela avec un scénographe, Julien Peissel. On se complète : je fais des croquis et lui des structures.
On a fait des partenariats croisés avec diverses institutions pour monter ce festival et on a pu compter sur l'engagement d'artistes internationaux. Au cœur de tout ça, on trouve une écoconception avec une scénographie
faite à la main et des chantiers de réinsertion. Nous travaillons par exemple avec 3 PA, une ONG
qui réinsère des jeunes sur des chantiers de recyclage.
Car Photoclimat est une biennale sociale et environnementale. Aujourd’hui les deux sont liés. La problématique environnementale impacte fortement les ONG sociales. Et l’écologie ne peut pas dissocier l’homme de son milieu…
Des expos écoconçues, c'est possible ?
La majorité des expos extérieures sont jetées, alors que je tourne encore avec des expos que j’ai faites il y a 15 ans.
J’ai toujours écoconçu mes expos : je fais mes cadres
avec des encombrants, j’utilise du bois de récupération, je joue avec les
objets des gens et je fais tout avec les mains. Je suis d'abord un plasticien.
On a une limite technologique qui implique que l’on pollue, mais si on ne peut jamais faire du
100 % écologique - on n'a pas toutes les technologies -, on tente d’optimiser au
mieux et de limiter l'empreinte de nos expositions.
On est loin de l’image de l’artiste exposant dans des galeries…
Je peux le faire, mais ce qui m’intéresse c’est
d’interviewer les gens et de montrer leurs problèmes. Je suis un passeur de paroles.
J’avais envie que l’ensemble de ces expos de rue soit
accessible à un public familial et non initié, avec une partie dédiée aux
enfants, même si on a des artistes très pointus, à l’image de Jérémy Gobé ou de
Vik Muniz [créateur de l’énorme Corail visible place de la Bastille, au sein du parcours Océans, ndlr].
Les parcours pédagogiques s’inscrivent dans cette volonté d’éducation, avec l’idée de générer des vocations.
Fondateur de Photoclimat
On propose du reportage, des parcours pédagogiques, une école documentaire… On raconte
des histoires : ce sera le cas à l’Académie du climat avec le parcours pédagogique « Tomate Impact », réalisé en partenariat avec Action contre la faim, pour comprendre l'impact de notre alimentation sur le monde.
L’idée, c’est de donner à
voir à tous, de démocratiser la sensibilisation au dérèglement climatique avec des expositions originales qui permettent d’interpeller des publics très
différents.
Les
parcours pédagogiques s’inscrivent dans cette volonté d’éducation, avec l’idée de
générer des vocations qui boostent les nouveaux modes de vie :
agriculture, horticulture. Aujourd’hui tout le monde rêve du bureau et de l’ordinateur…
Comment sortir de ce modèle ?
Ce qu’on souhaite, c'est valoriser
l’imagination, qui peut être de tout ordre. On présente le travail de gens qui
ont des projets viables et qui s’appuient sur l’innovation.
On rentre dans des petits villages entièrement scénographiés. On sort de la scénographie de théâtre ou d’opéra et on installe la scénographie dans la rue pour raconter des histoires. Par exemple sur le pôle Bastille-Océans, le public peut voir des scènes sous-marines en
plastique qui symbolisent la mort de l’océan (Mandy Barker), ou des coraux (Christian Sardet et les Macronautes) qui symbolisent la vie. Le tout dans une énorme structure
en pneu…
Notre volonté est de conjuguer le travail artistique avec le travail d’activiste, c’est pour cela qu’on met l’expo dans la ville, qu’on veut la rendre pédagogique et accessible.
Fondateur de photoclimat
On propose des initiatives positives, Photoclimat est pensé
comme une forme d’activisme sur le territoire. Notre volonté est de conjuguer le travail artistique avec le travail d’activiste, c’est pour cela qu’on met l’expo
dans la ville, qu’on veut la rendre pédagogique et accessible et qu’on tisse des
partenariats avec des métropoles qui elles, transforment les territoires. En
la rendant originale, on conjugue l'art à l'éducation.
Votre avis nous intéresse !
Ces informations vous ont-elles été utiles ?
Attention : nous ne pouvons pas vous répondre par ce biais (n'incluez pas d'information personnelle).