Nouveau Palais de Justice : faites entrer la lumière

« Répartie sur plus de 25 sites, la juridiction parisienne n'était plus en mesure de relever les défis de la Justice du XXIe siècle. Le regroupement de tous les services devenait indispensable tant pour garantir un accueil de qualité aux justiciables que pour améliorer les conditions d'exercice de la justice » ont déclaré conjointement François Molins, Procureur de la République et Jean-Michel Hayat, Président du TGI.

Adieu donc les anciennes et historiques pierres de l'île de la Cité, direction le géant de verre des Batignolles, conçu par le plus parisien des architectes italiens, Renzo Piano (RPBW Renzo Piano Building Workshop) dont les bureaux sont situés rue des Archives (4e) et à qui l'on doit déjà la réalisation de Beaubourg - avec Richard Rogers- et de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé (13e).

C'est tout en lumière et en hauteur que s'érige la tour imaginée par l'architecte. En trois parties superposées et de taille décroissante, ses 38 étages la font culminer à 160m au dessus du quartier des Batignolles (17e arrondissement), à la porte de Clichy, le long du périphérique. C'est désormais le deuxième bâtiment habité, le plus haut de Paris, derrière la Tour Montparnasse et ses 210m.

L'entrée se fait par une piazza de 6.000m2 depuis l'avenue de la Porte-de-Clichy. Le vaste hall est entièrement visible de l'extérieur à travers une façade vitrée cristalline. Une cinquantaine de comptoirs d'accueil assurent un temps d'attente minimum aux visiteurs. En levant les yeux du rez-de-chaussée, on peut voir les balustrades vitrées et la structure ouverte du bâtiment, contenant une série de galeries baignées de lumière naturelle. Aux étages suivants se trouvent 90 salles d'audience, dont presque toutes bénéficient de la lumière naturelle indirecte. Les étages contiennent aussi des bureaux et des salles de réunion. Le second étage est le domaine des magistrats, le troisième des parquets, et le quatrième et dernier abrite les juges présidents.

L'inertie thermique du bâtiment, l'utilisation de la ventilation naturelle, l'intégration de panneaux photovoltaïques sur la façade et la collecte des eaux pluviales font partie des solutions environnementales mises en œuvre dans ce projet, établissant une nouvelle référence de consommation énergétique dans un très grand bâtiment. Ce système à gradins permet aussi l’installation de grandes terrasses où seront plantés quelque 500 arbres.

Enfin, il a été pensé à son inscription dans le quartier, dessiné dans le prolongement exact de l’oblique que trace la voie principale du parc des Batignolles. Aussi, au pied du tribunal, le grand parvis de granit, arboré, est réservé à la circulation des piétons. Situé dans la zone de développement urbain de Clichy-Batignolles à la limite nord de Paris, le site est à une intersection clé entre les différentes zones administratives de Paris et de sa banlieue.

Le bâtiment a reçu en novembre 2017, l'Equerre d'argent, un des plus grands prix d’architecture français, porté par le Groupe Moniteur.

Ce site constitue le plus grand complexe de tribunaux de droit en Europe. En effet, le bâtiment regroupe le Tribunal de Grande Instance de Paris, le Tribunal de police, Le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale (TASS) et enfin les vingt Tribunaux d’instance rassemblés en une seule entité. Le changement majeur est en effet la fusion des 20 Tribunaux d’instance en vue de la création d’un seul et unique Tribunal d’instance compétent sur les 20 arrondissements de Paris. Ainsi, dorénavant, la saisine de la justice pour le justiciable – hors Conseil des prud’hommes et Tribunal de commerce – n’aura lieu que sur un seul site et l’accueil sera préparée à recevoir tous les justiciables, que la problématique relève du civil ou du pénal, de l’instance ou la grande instance, du siège ou du parquet.

Le TGI se rapproche de deux autres nouveaux bâtiments, la Maison de l'Ordre, construite par l' Ordre des avocats et les locaux de La Direction Régionale de la Police Judiciaire (DRPJ), le «New 36 ».

Pour François Molins, Procureur de la République et Jean-Michel Hayat, Président du Tribunal de grande instance, «ces changements d'univers et de dimensions nous offrent une formidable opportunité de redéfinir tous ensemble nos modes de fonctionnement afin de répondre avec ambition aux exigences d'une justice moderne et efficace».