Porte de Vanves, on s'accorde entre voisins
Actualité
Mise à jour le 26/06/2017
L'accorderie de la rue Maurice-Bouchor, née en 2013 près de la Porte de Vanves (14e), avec sa devanture bariolée, est rapidement devenue un lieu incontournable du quartier. Créatrice de lien social à travers l'échange d'offres de services entre voisins, elle compte déjà 445 «accordeurs» qui font battre le cœur de ce petit morceau de ville. Visite.
Venues du Québec et arrivées en France en 2011, les accorderies sont des lieux où l'on échange des savoir-faire entre voisins sans jamais recourir à l'argent. Au nombre de 33 dans l'Hexagone, la première a vu le jour dans le 19e arrondissement. Ici, à la Porte de Vanves (14e), c'est sous l'impulsion forte de la régie de quartier que le projet d'accorderie a pu naître et se déployer. Le principe ? Échanger et coopérer.
Françoise et Reinier, deux seniors dynamiques, ne ménagent pas leur peine pour faire vivre le lieu et lui conférer ce supplément d'âme palpable dès que l'on en franchit l'entrée. Car ici l'essentiel n'est pas le savoir-faire technique dont on pourrait se prévaloir, mais plutôt l'envie spontanée de donner de son temps, la joie toute simple de recevoir, et surtout le bonheur de multiplier les échanges humains à l'échelle de son quartier.
L'accorderie de la rue Maurice-Bouchor est reliée, notamment via le site Internet accorderie.fr, au réseau des 33 accorderies du pays, et en particulier aux trois autres structures parisiennes (Paris 18e, Paris 19e, Paris Grand Belleville). Elle couvre pour sa part un territoire qui enjambe largement le périphérique puisqu'elle fonctionne avec des accordeurs venus de Vanves, Montrouge et Malakoff (Hauts-de-Seine). Par ailleurs, il est tout à fait possible d'échanger avec des accordeurs de la France entière.
Comment ça marche?
Dans une accorderie, «Time is not money»!*
Les membres d'une accorderie sont appelés des accordeurs.
En l'absence de transaction monétaire, l'unité d'échange d'une accorderie est le temps. Par exemple, «les droits d'entrée dans l'association, sont d'un montant de deux heures par an explique Françoise, c'est-à-dire que l'on s'engage à consacrer un minimum de deux heures de son temps dans l'année pour donner à un ou plusieurs autres membres de l'accorderie une offre de service quelconque». Mais attention, ce temps – ces heures, en l'occurrence – sont versées dans une sorte de pot commun et font l'objet d'une comptabilité globale; le donneur ne peut pas sélectionner l'accordeur qui recevra son offre de service en échange de son don. C'est le critère du type de service offert ou recherché qui, seul, détermine la mise en relation.
Une liste d'offres de services non limitative
Du coup de peigne au cours d'anglais, des étagères à installer au soutien scolaire, de l'initiation au qi gong aux conseils pour préparer un entretien d'embauche, la liste d'offres de services d'une accorderie n'est pas limitative. La seule condition à respecter est de ne pas proposer de services qui concurrenceraient directement une offre professionnelle clairement définie. Autrement dit, pour la plomberie ou l'électricité, rien ne sert de se précipiter dans une accorderie en espérant pouvoir faire remplacer sa chaudière à bon compte, en échange de quelques heures de repassage ou d'un petit cours de tricot…
De l'échange de services à trois niveaux
La raison d’être d’une accorderie, c’est le développement de l’échange de services de type individuel afin de rendre possible des échanges à partir des compétences, des talents et des savoir-faire de chaque accordeur. L’échange de type individuel peut se faire entre deux accordeurs ou entre un accordeur et un petit groupe d’accordeurs. Le temps échangé est inscrit directement du compte d’un accordeur à un ou plusieurs autres comptes d’accordeurs.
Mais au-delà de l'échange individuel, il existe des activités collectives d’échange. Il s'agit de services d’intérêt « général » qui s’adressent à l’ensemble des accordeurs. Ces activités collectives d’échange peuvent concerner simultanément plusieurs accordeurs et plusieurs échanges. C’est l’accorderie qui sert d’intermédiaire : elle reçoit des heures et en débourse pour le service offert. Ces activités collectives d’échange peuvent prendre différentes formes (ex. : un groupe d’achats).
Et enfin, pour faire fonctionner l'accorderie, un échange de type associatif a été instauré. Il a pour objectif de faire fonctionner la structure en s’appuyant sur les services offerts par les accordeurs. L'accorderie rémunère chacun d’entre eux avec du temps dès qu’il y a participation à l’organisation et au fonctionnement d’une accorderie ou à ses activités courantes. Dans l’échange associatif, l’accorderie est toujours l’acheteur.
*Le temps n'est pas de l'argent contrairement au célèbre dicton anglais «Time is money».
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