Quand l'art contemporain s'invite dans les écoles
Actualité
Mise à jour le 06/06/2017
Attention, cet article n'a pas été mis à jour depuis le 06/06/2017, il est possible que son contenu soit obsolète.
Lina Hentgen et Gaëlle Hippolyte, les deux artistes du duo Hippolyte Hentgen, ont rencontré mardi 16 mai dernier les élèves de l’école Damrémont dans le 18e. Toutes les classes ont travaillé à partir de deux de leurs œuvres, exposées dans l’établissement dans le cadre du FMAC (Fonds municipal d'art contemporain) à l'école.
C’est la troisième année que l’école Damrémont participe au programme FMAC à l'école dans le cadre de l'Art pour grandir. Le 16 juin prochain, lors de la fête de l’école, toutes les créations des enfants seront exposées autour des œuvres d'Hippolyte Hentgen.
Les deux œuvres exposées font partie d’une série plus large de créations réalisées dans le cadre d’une résidence de 2011 à 2013 au lycée Paul Valéry (12e). De cette collaboration est née un ensemble de créations variées (dessins, tentures, petites sculptures) inspiré d'une sculpture de Couturier, retiré de l'école à la demande de certains parents, gênés par la nudité d'un des personnages. Mal conservée, ayant pris l'eau et rouillée, la sculpture a aujourd’hui disparu.
Des artistes très créatives et polymorphes
Les deux artistes aiment les BD, les dessins animés, le surréalisme, la culture populaire…Elles demandent aux enfants : «Vous connaissez les chimères ? Vous aimez vous aussi les petits monstres dans les mangas ? Nous on adore ça ! Notre inspiration vient de la forme qui est déjà présente.»
Les élèves de CE1 et CM1 acquiescent et posent beaucoup de questions : «Pourquoi avez-vous décidé de travailler ensemble ? Est-ce que parfois vous vous disputez ? Combien de dessins avez-vous réalisés ? Pourquoi êtes-vous devenues artistes ? » Gaëlle répond : «Ça a toujours été comme ça. Nous avons fait les Beaux-Arts, appris des techniques, mais tu sais, c'est quelque chose qu'on a toujours eu en nous. Et toi tu veux faire quoi plus tard?… «Danseur!» répondent deux garçons à l'unisson.
«La BD m'a très tôt donné envie, poursuit Lina, mon père en lisait plein, je ne voyais pas son visage, mais je l'entendais rire et je me disais ça a l'air génial».
Sur le métier d'artiste, Gaëlle leur explique que l'image de l'artiste est assez éloignée du réel. «Il faut savoir faire beaucoup de choses, dessiner, construire des objets, prendre la parole en public, être comptable, être même un peu physique quand il faut porter des cartons, monter des installations».
Ça nous permet de voyager, de découvrir le monde, de voir comment les gens vivent et travaillent
artistes
Les deux filles chinent aux puces, recyclent pour leurs œuvres de vieilles images et objets anciens. «On récupère des choses avant qu'elles soient détruites. On fait les brocantes, les vide-greniers et puis on raconte une petite histoire avec ce que l'on trouve». Elles dessinent, sculptent, ont collaboré à des livres, des spectacles, des performances…
Une matinée riche en échanges
Les artistes présentent aux deux classes des visuels de leurs œuvres. On entend des «Hooo Mickey, King-Kong…», des figures intemporelles qui parlent aux enfants. Ils visionnent aussi une vidéo réutilisant un cartoon des années 1930: «C'est un dessin animé expérimental. Nous avons retrouvé une vieille bande des années 30, redessiné dessus puis demandé à un compositeur de créer une musique pour la bande-son». L’occasion d’évoquer aussi avec les enfants différentes techniques de dessin : collage, aérographe, frottage…
Une question est récurrente, celle de leur rencontre. «C'est un peu magique, nous avons fait la même école, à trois ans d'intervalle. Nous avions entendu parler l'une de l'autre par des connaissances communes, nos travaux se ressemblaient. On s'est rencontrées et puis ça a été comme une évidence! On ne s'est jamais disputées. Nous sommes devenues amies et collègues comme ça. L’intérêt dans notre travail, c'est de dialoguer, on trouve des solutions ensemble. D’ailleurs, vous, vous avez travaillé à deux, vous avez dû faire des compromis, j'imagine?»
Effectivement les élèves ont dû travailler en binôme à partir des œuvres d'Hippolyte Hentgen, exposées dans l'école. Ces deux classes ont ramené des cartes postales que les élèves ont ensuite détournées et réutilisées.
Une action qui rend l'art contemporain plus accessible
Lina et Gaëlle sont ensuite passées dans chaque classe découvrir les travaux réalisés par les élèves en collaboration avec Michelle Nadal, leur professeure d’arts visuels et Emma Larretgère, médiatrice culturelle pour le FMAC à l’école et étudiante en arts plastiques : dessins en duo, création d’un pseudonyme, messages politique… Les élèves se sont pris au jeu. Une classe a même réutilisé les cartes des œuvres du FMAC de l'année précédente. Si les enfants paraissent sur la réserve les trente premières secondes, ils deviennent vite très prolixes et font preuve d'un humour et d'une spontanéité communicatifs.
Cet échange permet aux écoliers d'appréhender ce qu'est l'art contemporain, qui paraît beaucoup moins abstrait, et d'aiguiser leur sens critique et leur ouverture d'esprit à la fois sur les autres, sur le monde et sur eux-mêmes. Florilège de leurs réflexions: «On a découpé des plumes et c’était pas facile car on est gauchère et droitière, du coup il fallait s’asseoir du bon côté». Un autre duo qui montre sa création: «Ça, c'est moi qui l'ai découpé!» «Non, c'est moi!» tonne son binôme. Et à Gaëlle qui demande à un élève comment il s'appelle, il répond du tac au tac : «et vous?»
Gaëlle boucle la visite en répondant à un élève qui les interroge sur leur lieu de travail: «Nous avons un atelier, on fait pas mal de cochonneries, par exemple avec des pistolets à peinture, on en met partout». Lina ajoute: «On crée beaucoup, on fait au moins un dessin par jour, sans compter le reste».
«Pourquoi le dessin? conclut Gaëlle, car c'est une forme d'écriture à travers laquelle on peut se comprendre au-delà de la langue. Ça ne coûte rien, on peut dessiner avec un reste de café, de thé, il suffit d'avoir une feuille de papier. Dessiner pour nous, c'est être sans cesse dynamique, créative et se stimuler l'une l'autre». À voir les productions de tous les binômes, cela a plus que bien fonctionné.
«Pourquoi le dessin? conclut Gaëlle, car c'est une forme d'écriture à travers laquelle on peut se comprendre au-delà de la langue. Ça ne coûte rien, on peut dessiner avec un reste de café, de thé, il suffit d'avoir une feuille de papier. Dessiner pour nous, c'est être sans cesse dynamique, créative et se stimuler l'une l'autre». À voir les productions de tous les binômes, cela a plus que bien fonctionné.
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