Une carte archéologique pour 170 ans de découvertes
Focus
Mise à jour le 19/01/2022
Sommaire
Sous la forme d’une application interactive, la carte archéologique de Paris vous invite à explorer près de 170 ans de découvertes.
Fruit d’un long travail d’inventaire, cet outil recense près de 2 000 opérations archéologiques réalisées depuis le XIXe siècle. Rencontre sur le terrain avec Julien Avinain, l’archéologue en charge de ce passionnant projet.
« Ici, nous sommes en périphérie de Lutèce, la ville gallo-romaine bâtie sur la rive gauche de la Seine entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère », indique Julien Avinain. Dans la cour intérieure de cet immeuble de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève (5e), le voyage dans le temps est vertigineux. C’est là que l’archéologue de la Ville de Paris et son équipe du Département d'histoire de l'architecture et d'archéologie de Paris (DHAAP) réalisent une fouille préventive dans le cadre de la rénovation du bâtiment.
Jusqu’à présent, ce secteur de la ville antique était surtout connu comme une zone d’épandage. « En somme, les habitants y jetaient leurs poubelles. L’essentiel du mobilier mis au jour sur notre chantier est d’ailleurs issu de rejets : beaucoup de fragments de poteries, de coquilles d’huîtres et d’os d’animaux ont été trouvés ». Mais la fouille a également révélé un vase en céramique, intact.
Ce qui n’était cependant pas attendu, c’est la présence d’une sépulture isolée, une découverte inédite dans cette zone périphérique de Lutèce. À ce stade, on ne peut qu’émettre des hypothèses. « Soit cette sépulture a été mise à l’écart volontairement pour des raisons religieuses ou sanitaires, soit il y en a d’autres à proximité et il s’agirait alors d’un lieu d’inhumation encore inconnu des archéologues. », avance Julien Avinain. L’enquête est ouverte. Le squelette a été déposé dans les réserves du DHAAP afin d’y être analysé. L’existence d’une nécropole antique à cet endroit de Paris ne pourra être confirmée que par de futures fouilles. Mais il faudra peut-être attendre des années pour connaître le fin mot de l’histoire, les opérations archéologiques étant tributaires des projets d’aménagements urbains, comme l’explique le responsable de l’opération :
« Toutes les fouilles réalisées dans Paris s’inscrivent dans le cadre de l’archéologie préventive, en amont de projets d’aménagement qui portent atteinte au sous-sol. C’est la Drac qui assure une veille sur la base des permis d’urbanisme et qui prescrit au besoin ces opérations archéologiques ».
« Toutes les fouilles réalisées dans Paris s’inscrivent dans le cadre de l’archéologie préventive, en amont de projets d’aménagement qui portent atteinte au sous-sol. C’est la Drac qui assure une veille sur la base des permis d’urbanisme et qui prescrit au besoin ces opérations archéologiques ».
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170 ans de découvertes dans une carte
La fouille conduite récemment rue de la Montagne-Sainte-Geneviève compte parmi la dizaine d’opérations assurées chaque année par le pôle archéologique du DHAAP.
Sept personnes y travaillent : quatre archéologues de terrain, une archéogéographe et une restauratrice sous la responsabilité du chef de pôle. Outre la réalisation d’opérations de terrain, les agents assurent la gestion des archives, dont certaines remontent à la fin du XIXe siècle, la conservation des objets mis au jour et la valorisation du patrimoine archéologique parisien. Dans le cadre de cette dernière mission, le DHAAP a créé une nouvelle carte archéologique de Paris, disponible sur la page du service depuis le 3 juillet 2019.
Sept personnes y travaillent : quatre archéologues de terrain, une archéogéographe et une restauratrice sous la responsabilité du chef de pôle. Outre la réalisation d’opérations de terrain, les agents assurent la gestion des archives, dont certaines remontent à la fin du XIXe siècle, la conservation des objets mis au jour et la valorisation du patrimoine archéologique parisien. Dans le cadre de cette dernière mission, le DHAAP a créé une nouvelle carte archéologique de Paris, disponible sur la page du service depuis le 3 juillet 2019.
Cette application cartographique dresse l’inventaire de toutes les découvertes archéologiques réalisées sur le territoire parisien. Conçue au départ comme un outil métier, cette application est rapidement devenue un projet collaboratif.
« Grâce à ce projet, nous avons renoué des collaborations avec la DRAC, l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), les universités et le CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Ce dialogue entre opérateurs, institutions et laboratoires a permis d’enrichir cette carte. Nous avons bénéficié du soutien humain de l’INRAP, de financements de la part de la DRAC, et enfin du support technique du CNRS ».
« Grâce à ce projet, nous avons renoué des collaborations avec la DRAC, l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), les universités et le CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Ce dialogue entre opérateurs, institutions et laboratoires a permis d’enrichir cette carte. Nous avons bénéficié du soutien humain de l’INRAP, de financements de la part de la DRAC, et enfin du support technique du CNRS ».
La ville dans le temps et l'espace
Rapports de fouilles récents, archives, photographies, plans et croquis ont ainsi alimenté cet inventaire de l’archéologie parisienne. « C’est la multiplication des observations qui permet de comprendre l’histoire de la ville, d’affiner des hypothèses et d’en contredire certaines » reprend Julien Avinain. « Et l’outil cartographique nous a semblé le plus pertinent pour appréhender l’évolution urbaine de Paris. »
À cette fin, l’application met à disposition deux cartes anciennes : le plan dit de Delagrive de 1740 et le plan Vasserot, édité quant à lui en 1836.
« Prochainement, nous intégrerons le plan parcellaire de 1900 qui est postérieur aux grands travaux d’Haussmann. En superposant les cartes, on se rendra ainsi compte du bouleversement que la ville a connu sous le Second Empire. »
« Prochainement, nous intégrerons le plan parcellaire de 1900 qui est postérieur aux grands travaux d’Haussmann. En superposant les cartes, on se rendra ainsi compte du bouleversement que la ville a connu sous le Second Empire. »
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Théodore Vacquer : l'homme à connaître
Une part importante des observations est d’ailleurs liée à l’activité de Théodore Vacquer, un architecte du XIXe siècle qui parcourut inlassablement les grands chantiers de la capitale de 1846 à 1897. Considéré comme le fondateur de l’archéologie parisienne « Théodore Vacquer a eu une vraie intelligence pour l’archéologie : il adopte des méthodes très modernes en ce qui concerne l’étude de la stratigraphie, c’est-à-dire l’analyse des couches qui composent le sous-sol. Ce qu’il nous laisse aujourd’hui est d’une pertinence avérée. Il a tiré de ses observations sur les chantiers une interprétation de la ville antique qu’on ne fait qu’améliorer depuis ». Le DHAAP prévoit d’enrichir ces notices de plusieurs centaines de manuscrits du fonds Théodore Vacquer, aujourd’hui conservé par la bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP).
De nombreuses découvertes seront très prochainement illustrées de photographies issues des fonds du musée Carnavalet, de la BHVP et de la bibliothèque de l’Hôtel de Ville !
Alors, grand public cette carte ? « Pour moi oui, elle est grand public » affirme Julien Avinain, « elle peut être consultée par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de Paris. »
Pour les découvertes les plus impressionnantes on pourra évidemment parcourir les trouvailles de Théodore Vacquer, ou plus récemment, la mise au jour, au collège Sainte-Barbe (rue Valette, 2005-2006), d’un quartier antique et de ses enduits peints ou encore l’observation en 2018 d’une cave médiévale conservée dans le sous-sol de l’hôtel des ambassadeurs de Hollande, dans le Marais.
Tout un monde ancien à explorer pour comprendre le Paris d’aujourd’hui.
Des dossiers complets sur l'histoire parisienne
Découvrez aussi en format « story map » les dossiers réalisés par le Département d'histoire de l'architecture et d'archéologie de Paris.
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