13 novembre 2016, le mot d'Anne Hidalgo

Actualité

Mise à jour le 14/11/2016

Le mot d'Anne Hidalgo, Maire de Paris, à l'occasion de la première commémoration des attentats du 13 novembre 2015.
"Paris est une ville qui tient toutes les promesses de sa devise – traversant sans jamais sombrer les tempêtes de l’Histoire, elle ne dévie pas de la trajectoire qui l’emmène, avec vent favorable ou avec vent de face, vers l’horizon du progrès.
Quelles que soient leurs différences, les Parisiens sont unis par un destin commun. Et ils abordent ce destin comme leur propre vie avec un mélange de raison et de passion auquel la France doit à la fois ses Lumières, ses Révolutions, sa République.
C’est de cette manière que le peuple de Paris a façonné cette ville: dans la paix quand il a cherché, sous le pavé, des gisements de possible; et dans l'épreuve, quand il a puisé, dans sa souffrance, un regain de fraternité.
Un an après les attentats de novembre 2015 où nous avons perdu tant des nôtres, je suis frappée par la constance de la société parisienne, qui parvient à demeurer et à devenir ce qu'elle est sans rien renier de son passé et sans renoncer à aucune de ses possibilités.
La ville qui m'est apparue, quand j'y ai fait mes premiers pas, comme une terre d'opportunités, n'a pas cessé de l'être à l'épreuve des crises qu'elle a traversées: la violence aveugle ne l'a pas rendue moins clairvoyante; la crise économique ne l'a pas rendue moins entreprenante; et les chaos du monde ne l'ont pas rendue moins attachée à ses valeurs communes.
C'est sans doute ce qui contribue au magnétisme par lequel cette ville s'attache aussi bien ceux qui y sont nés que ceux qui y débarquent un beau jour en provenance d'un ailleurs qui peut être indifféremment proche banlieue, province de France ou contrée lointaine. Pour tous elle parvient à être, avec la force de l'évidence, l'endroit où il est possible de grandir au monde, mais également l'endroit où il est possible de faire grandir le monde.
Parce que la parole y est libre, elle s'aventure partout pour devancer la vie – et il est peu de Parisiens qui ne doivent une partie de ce qu'ils sont devenus aux débats passionnés et aux discussions enflammées sur les terrasses des cafés.
Les terroristes se sont trompés: le malheur n'a pas divisé les quartiers où cette liberté invite la jeunesse à la rencontre et au partage.
Je ne saurais mieux définir ce que Paris représente à mes yeux qu'en livrant l'impression que m'ont laissée les Parisiens dans les jours qui ont immédiatement suivi l'attentat. Où le déni de la vie s'était exprimé le plus atrocement la veille, des gens de tout âge et de toute condition manifestaient leur attachement simple mais indéracinable à l'humanité. Où la souffrance avait de quoi déraciner l'espérance d'une société fraternelle, j'ai trouvé chez les parents, les frères, les sœurs et les amis des victimes, une invincible dignité.
De cette dignité Paris porte témoignage, comme les créations de toute espèce qui l'enrichissent de génération en génération – et comme les Parisiens eux-mêmes, insoumis à toute autre autorité que celles de la paix et de la justice.
La dignité et la concorde sont les maîtres mots des commémorations qui nous réunissent aujourd’hui autour des associations de victimes et des Parisiens. La sobriété et le silence y disent avec force ce que nous sommes et ce en quoi nous croyons, au sein d’une ville décidée à promettre à chacun, envers et contre tout, une vie en paix et libre."
Anne Hidalgo, Maire de Paris