À 12 ans, le prodige des échecs Paul Boulos vise les Championnats du monde
Rencontre
Mise à jour le 24/07/2023
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Paul Boulos, tout juste âgé de 12 ans, vient de fêter son titre de champion de France U12 en avril. Le Parisien va s’envoler pour la Roumanie et l’Egypte en septembre et octobre prochains afin de disputer les Championnats d’Europe et du monde. Rencontre avec le jeune prodige.
Il a tout d'un grand. À seulement 12 ans, Paul Boulos a déjà marqué l’histoire du jeu d’échecs français, après avoir remporté pour la deuxième fois de sa carrière le titre de champion de France, devant les 154 candidats de sa catégorie. Un jeu qu’il pratique depuis tout petit.
C’est dans l'appartement familial du 15e arrondissement que nous reçoit le jeune prodige
des échecs. Dès l’entrée, les nombreux jeux et les trophées témoignent de la
passion du jeune garçon pour ce sport, reconnu en tant que tel par le ministère des Sports depuis 2022.
Les
échecs sont une tradition qui se transmet de père en fils dans la famille Boulos.
« Quand mon père était jeune, il jouait aussi, mais en cachette de ses parents qui ne voulaient pas. Il m’a appris les échecs à 3 ans, comme il l’a fait avec mon frère », confie Paul, qui joue souvent avec ce dernier, Carlos, 19 ans, 2060 points au compteur ELO (système d’évaluation comparatif du niveau de jeu des joueurs d’échecs).
Paul s’est d’abord
entraîné avec son premier entraîneur, Nikolaÿ, qui a décelé chez lui un potentiel pour les échecs avant que le jeune garçon ne rejoigne à 6 ans le club de Jeu d'Échecs à l'École Normale (JEEN). C'est aussi à cet âge qu'il participe à son premier tournoi. Il terminera deuxième.
Un champion très studieux
Depuis 2019, Paul Boulos collectionne les titres et les distinctions : double
champion de France et du Liban en 2019, vice-champion de France en 2021. Malgré
son jeune âge, il reste très sérieux et a développé ses propres habitudes avant
chaque compétition. « J’essaye de me coucher tôt pour ne pas être stressé. Trente minutes avant les parties, j’arrête les écrans et
je vais marcher dehors », détaille le jeune homme, qui se bouche aussi les oreilles en compétition pour
garder sa concentration. Signe d'une grande maturité, il n’hésite pas non plus à prendre un peu l’air dehors pour
garder son sang-froid.
Mais le collégien
doit en partie ses trophées à ses résultats scolaires, qui lui ont ouvert une
place en classe à horaires aménagés sportifs d’excellence (CHASE) au collège
Camille Sée, (15e), qui lui permet de se consacrer aux échecs dix heures par semaine. Un emploi du temps intense qui ne perturbe pas le jeune
champion, habitué aux exigences de la compétition.
Il se prépare désormais
pour représenter la France lors des prochains Championnats d’Europe en Roumanie, en septembre 2023, et aux Championnats du monde en Égypte en octobre 2023. Une
occasion en or pour ce jeune talent de se rapprocher un peu plus de son objectif.
« Mon rêve est de devenir grand maître vers l’âge de 14 ans et d’atteindre
le titre de Champion du monde », explique celui qui s’entraîne aussi avec
l’équipe de France d’échecs.
Lectures quotidiennes et entraînement contre l'IA
« Une journée type
avec l’équipe de France d’échecs ? Cela commence par une séance de sport
le matin, suivie de deux heures d’entraînement intensif, une pause pour manger, deux heures et demie d’échecs en début d’après-midi avant un moment de repos, pour
finir sur une dernière heure d’entraînement. » Mais ça ne représente pas
son seul apprentissage. La partie théorique est tout aussi importante : Paul
lit des livres d'échecs quotidiennement pour travailler ses entrées, milieux et fins de
jeux avec les conseils de son entraîneur, et s’entraîne aussi contre l’intelligence artificielle (IA) ou d’autres joueurs sur internet.
Le parcours du jeune
garçon (2082 points ELO) a été influencé par les deux joueurs qui l’ont marqué,
Maxime Vachier-Lagrave, champion du monde de blitz (partie de maximum 10 minutes) en 2021, et Magnus Carlsen, grand
maître à 13 ans. Et il ne cache pas
son jeu lorsqu’on lui parle stratégie. « Mon coup préféré ? E4 », aussi appelé « début ouvert », raconte
l’échéquiste. Avant d’ajouter que sa tactique préférée est le « baiser de la mort », lorsqu’un joueur place sa dame juste à côté du roi adverse et gagne la partie.
« Une enfance avec des souvenirs extraordinaires »
S'il a déjà un pied dans le monde des adultes, Paul garde toutefois les deux sur terre et n'oublie pas sa vie d'enfant. En dehors des échecs, il aime
décompresser en jouant au ping-pong, ou s’amuser avec ses copains à Aquaboulevard. Il est aussi un grand supporter du FC Barcelone, et avoue avoir rêvé de devenir joueur professionnel de
football… dans une autre vie.
Il est aussi très entouré par ses parents, dont il fait la fierté. Car pour réussir dans ce milieu, « il faut également avoir des parents très compréhensifs », précise Marc Gatine, le président du JEEN. Avoir un fils champion de France ? « C’est un
accomplissement de plusieurs années d’allers-retours dans les tournois français
et internationaux », explique sa mère Jimy Boulos, qui avoue ressentir « une immense fierté, car
cela permet à nos enfants de se construire une enfance avec des souvenirs
extraordinaires. »
Son club est aussi très fier de le compter parmi ses membres. Marc
Gatine, président du JEEN, décrit l’échéquiste, qu’il connaît depuis ses débuts, comme
quelqu’un « d’attentif, de persévérant, de régulier… et un garçon qui a
d’excellentes relations avec les autres. »
Et le jeune prodige de conclure : « Mon conseil pour
les jeunes générations ? Commencer tôt, connaître les bases, avoir un bon
entraîneur et persévérer pour progresser. » Paul Boulos a déjà tout compris.
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