Manifestation de Charonne : « Ça a été un vrai traumatisme pour la population française »
Rencontre
Mise à jour le 02/02/2022
Sommaire
Cette manifestation pour la paix en Algérie et contre l'Organisation de l'armée secrète (OAS) a fait 9 victimes chez les manifestants. L'historienne et chercheuse Danielle Tartakowsky rappelle la violence de cet événement dans l'histoire parisienne.
La
présidente du Comité
d’Histoire de la Ville de Paris, Danielle Tartakowsky, a
été la commissaire scientifique de l’exposition consacrée à la
manifestation de Charonne du 8 février 1962.
L'exposition est visible sur les grilles de la mairie du 11e et en ligne.
Pourquoi avoir consacré une exposition au sujet de la manifestation de Charonne ?
Cette année marque les soixante ans de cette manifestation. C’était une manifestation pour la paix en Algérie et contre les attentats commis par l’OAS (Organisation de l'armée secrète) qui s'est soldée par la mort de 9 personnes. Parmi les victimes, il y avait trois femmes et un jeune homme de 15 ans.
Ça a été un vrai traumatisme pour la population française, bien au-delà du milieu militant. D’ailleurs, des centaines de milliers de personnes ont participé aux obsèques des victimes, dont beaucoup n’avaient jamais manifesté de leur vie, mais qui souhaitaient exprimer leur peine.
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Comment entretenir la mémoire autour de cet événement ?
Un an après les événements, le 8 février 1963, le gouvernement interdit tout rassemblement devant le métro Charonne. Un imposant hommage a toutefois été rendu dans le cimetière du Père-Lachaise. Cet hommage s’est perpétué en s’étiolant toutefois. Le souvenir s’exprime depuis sous d’autres formes : ainsi des plaques mémorielles ou des allusions à « Charonne » dans la peinture, la chanson, le cinéma.
À partir de 1981, la mémoire de Charonne s’affirme dans l’espace public. Une plaque est apposée dès 1982 dans la salle des guichets du métro Charonne, les cortèges commémoratifs allant du cimetière jusqu’aux grilles du métro sont désormais autorisés et une « place du 8 février 1962 » est inaugurée en 2007 par Bertrand Delanoë au carrefour Voltaire-Charonne après un vœu adopté par le Conseil de Paris.
La commémoration s’accompagne d’une exigence de « vérité sur les événements et le massacre perpétré par les forces de police le 8 février 1962 ». C’est un des objectifs du Comité vérité et justice pour Charonne, constitué en 2002.
Quel lien existe entre cette manifestation et celle du 17 octobre 1961 ?
Deux manifestations ont fait l’objet d’une répression meurtrière en métropole durant guerre d'Algérie. Le 17 octobre 1961, une manifestation organisée par le FLN (Front de libération nationale algérien) pour protester contre le couvre-feu discriminatoire imposé par le gouvernement s’est soldée par des « ratonnades » et la mort de plus de 200 victimes algériennes, pour beaucoup noyés dans la Seine par les forces de l’ordre.
Quelques mois plus tard, ce sont 9 Français qui meurent dans la manifestation de Charonne. Pendant longtemps, chaque groupe a commémoré séparément ces deux événements. Ils font aujourd’hui l’objet d’une même exigence de vérité sur la responsabilité de l’Etat face à l’une et l’autre.
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