D’Atlanta 1996 à Paris 2024, Damien Letulle, itinéraire d’un compétiteur hors pair
Rencontre
Mise à jour le 11/07/2024
Sommaire
En 1996, Damien Letulle lance ses flèches aux Jeux d'Atlanta. Mais un an plus tard, un grave accident l’écarte des pas de tirs. Il les retrouve grâce au handisport qui l'amène cette fois à être qualifié pour les Jeux de Paris 2024 !
Gros plan sur cet athlète rencontré à l'occasion de la Journée paralympique organisée le 8 octobre 2022 sur la place de Bastille.
« Je ne suis pas très Pierre de Coubertin », concède Damien Letulle, dans un demi-sourire. Participer, ce n’est pas l’essentiel pour cet archer handisport. S’il concourt aux Jeux paralympiques de Paris 2024, « c’est pour décrocher une médaille, du plus précieux des métaux, si possible. »
Ce ne seront pas ses premières olympiades. En 1996, il participe aux Jeux d'Atlanta, aux États-Unis. Espoir de 23 ans, il est classé premier national de tir en salle. Avec les deux archers Sébastien Flute et Lionel Torres, pointures de la discipline, il décroche le record du monde par équipe au grand prix des nations en Allemagne. Autant dire que son équipe arrive parmi les favorites aux Jeux olympiques d’Atlanta.
Journée paralympique : un avant-goût spectaculaire des Jeux de 2024 !
Place de la Bastille - Colonne de Juillet, place de la Bastille, Paris 4e
Du samedi 08 octobre 2022
Favoris pour les Jeux d’Atlanta en 1996
« Cela ne s’est pas passé comme on pensait, se remémore l’athlète. En tant que détenteurs du record du monde, nous visions un podium en équipe. Sauf qu’en huitièmes de finale, on perd d’un point contre la Finlande et on termine 9e. Une déception. »
En dehors des pas de tir, l’archer rencontrera la magie olympique en la personne de Mohammed Ali. « C’était incroyable. Je l’ai vu dans le village des athlètes. Je n’ai pas eu de selfie, ce n’était pas encore l’époque ! Il avait allumé la flamme, alors qu’il était atteint de la maladie de Parkinson », se rappelle l’archer.
Un an plus tard, de retour à l’entraînement, Damien s’assoit sur le hublot d’un toit terrasse et passe à travers. Sa colonne vertébrale est sectionnée lors de sa chute. Il passe deux mois dans le coma et se réveille tétraplégique.
Pendant des mois, au centre de rééducation des Invalides, à Paris, il apprend à accepter son corps et à retrouver de la motricité. « Il m’a fallu en tout deux à trois ans pour partir sur d’autres projets en relation avec mon handicap, rebondir avec cette nouvelle situation. » Depuis, Damien Letulle est conférencier sur le handicap et notamment la sexualité des personnes handicapées.
Pour moi, le sport allait de pair avec un corps optimisé. Puis, j’ai rencontré des athlètes qui m'ont prouvé que la performance en handisport existe
archer handisport
Ironie du sort, 27 ans après son accident, les épreuves paralympiques de tir à l’arc prendront place aux Invalides. Là où Damien Letulle a fait sa rééducation. « Se retrouver sous ce dôme donne du sens. La boucle est bouclée. Je n’aurais jamais pu imaginer, plus de vingt ans après mon accident, me retrouver avec un arc à la main aux Jeux. »
C’est aux Invalides qu’il a repris goût au sport paralympique. « J’y pratiquais le tennis de table et le tir à la carabine. Mais je gardais l’idée que le sport allait de pair avec un corps optimisé. Puis, j’ai rencontré quelques athlètes qui m'ont prouvé que la performance en handisport existe. »
Garder la même dynamique qu’en étant valide
La désignation de Paris pour les Jeux en 2024 le pousse à se « démener » pour être au rendez-vous. Des années sans avoir tiré la moindre flèche, Damien Letulle rejoint un club de tir, à Cherbourg, sa ville natale, puis à Saint-Nazaire. Il décroche le titre de champion de France mais ne parvient pas à se qualifier pour Tokyo 2020.
Avec son handicap, il trouve un palliatif pour l’aider à lâcher sa flèche avec son menton. « Je n’ai pas de triceps, je n’ai pas de gainage, mes doigts ne fonctionnent pas. Un pote ingénieur sur Rennes a conçu une aide technique pour lâcher ma flèche plus facilement ». Car il voulait « garder les mêmes sensations qu’avant, la même dynamique qu'en étant valide. »
Il s’entraîne entre 2 à 3 heures par jour, surtout chez lui. « J’ouvre la porte du salon pour tirer dans mon jardin, à 50 mètres ». C’est chez lui que tout a commencé, aussi. Enfin, au domicile familial. « Je faisais du tir dans le jardin avec un arc bricolé , j’avais 12 ans. J’ai cassé un carreau avec la flèche. Ma famille m’a dit « y en a marre, je vais t’inscrire dans un club. » Depuis, il vise toujours le mille, comme pour Paris 2024.
Votre avis nous intéresse !
Ces informations vous ont-elles été utiles ?
Attention : nous ne pouvons pas vous répondre par ce biais (n'incluez pas d'information personnelle).