Pour David Turnley, « la beauté de Paris est indescriptible »

Rencontre

Mise à jour le 18/10/2024

David Turnley : Expo "Paris, l'Amour & l'Espoir à l'HDV
Le photographe David Turnley expose ses photos de Paris datant de 1975 à aujourd’hui sur les grilles de l’Hôtel de Ville jusqu’au 29 novembre. Au fil d’une vingtaine de clichés empreints « d’amour et d’espoir », il nous parle de « sa » ville, de son amour pour elle et pour ses habitants qu’il immortalise depuis cinquante ans.
« Ah, mais c’est vous ! » Rue de Rivoli, deux touristes australiennes viennent de faire le lien entre David Turnley et les photos actuellement exposées sur les grilles de l’Hôtel de Ville (Paris Centre). Le photographe américain, Parisien depuis plusieurs décennies, est venu commenter son expo. Celle d’une vingtaine de clichés en noir et blanc, pris entre 1975 – l’année où il a emménagé à Paris – et aujourd’hui, qui retracent la vie de la capitale, celle des gens ordinaires immortalisés dans des scènes de liesse, dans des situations quotidiennes, au travail, dans un bar, dans la rue…
« Ces photos prennent vie, on dirait des vidéos. Elles capturent chaque instant précis. » Comme tous les passants de l’artère parisienne, Tuza et Carmel sont captivées par l’exposition, et ravies de pouvoir en discuter avec leur auteur, grand amoureux de la Ville Lumière.

Des cadeaux à chaque coin de rue

Ce coup d’œil unique, il l’a forgé au contact des grands noms du métier. « Le photographe Édouard Boubat me disait : “Quand tu te promènes, regarde devant toi, tu tomberas sur des cadeaux à chaque coin de rue” », partage-t-il.
Lorsqu’il débarque à Paris après une expérience new-yorkaise chez Magnum, il rencontre Henri Cartier-Bresson, qui l’initie à sa fameuse caméra Leica. Sur la première photo de l’exposition, prise en 1975, des garçons jouent au ballon dans la neige au jardin des Tuileries (Paris Centre) : « Je sortais tout juste de ma première visite chez Henri Cartier-Bresson lorsque je l’ai prise », se remémore-t-il.
Originaire du Midwest américain où il a grandi avec son frère jumeau Peter, lui aussi photographe émérite, David se sent immédiatement chez lui en arrivant en France. « Ma mère était une très grande pianiste et elle répétait la nuit. Quand j’étais petit, je m’endormais en l’écoutant jouer Debussy, Ravel et Chopin. » Ses parents sont engagés socialement et sa famille débat régulièrement des sujets de l’époque : « On parlait de tout à table. » Un art de vivre qu’il retrouve dans la capitale française.

Un pied-à-terre pour grands photographes

Sa carrière l’a vu remporter des prix comme le Pulitzer, en 1988 et en 1990, et un World Press Photo en 1988. Il a passé près de cinquante ans à documenter des pays en guerre, en crise ou victimes de catastrophes naturelles. Mais Paris a toujours été son pied-à-terre.
« Paris a toujours été un siège pour les grands photographes. Quand on est sur place, en zone de conflit, au bout d’un moment, on n’en peut plus, il faut rentrer. Avec les collègues, on se disait “Je rentre sur Paname” et, quand tu dis ça, tu dis plein de choses en même temps. »

« Le ressourcement de l’amour et de l’espoir »

Son amour incommensurable pour la capitale et ses habitants se reflète dans ses photos très humanistes : « C’est le ressourcement de l’amour et de l’espoir. Il n’y a pas un jour ici, depuis cinquante ans, où je ne me sens pas comme un roi, et où je n’ai pas mon Leica avec moi. »
Pour le photographe, Paris, c’est « l’esthétisme, la sensualité et aussi la manière dont l’espace est utilisé. Les parcs qui sont organisés pour tout le monde, les terrasses, les bâtiments haussmanniens, c’est humain, c’est un esprit de vie ».

Il y a toujours les mêmes valeurs esthétiques, l’usage de l’espace, l’accès pour tous, j’adore ça. Cette expo en est l’exemple, c’est un musée en plein air !

David Turnley
photographe
Sa photo préférée parmi la collection ? Celle d’un couple s’embrassant sous les yeux de la tour Eiffel (7e). « C’était en juin 2019 et c’était le jour le plus chaud de l’année. Avec ma femme, on s’est tout de suite dit : “Il faut que l’on aille à la fontaine du Trocadéro parce que les gens vont se baigner !” J’ai vu ce couple et je me suis déshabillé à mon tour pour aller faire la photo. J’étais en slip ! Je me suis approché discrètement sans leur demander de poser. C’est toujours mieux à vif, avec les gestes et expressions des gens. »
Forcément, entre 1975 et aujourd’hui, la capitale présente un visage très différent. Un constat documenté par la collection du photographe. « Si l’on prend le Marais par exemple, en 1975, c’était un quartier ouvrier. Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé ! » Et d’autres qui restent immuables : « Les places, les restaurants, la convivialité… Il y a toujours les mêmes valeurs esthétiques, l’usage de l’espace, l’accès pour tous, j’adore ça. Cette expo en est l’exemple, c’est un musée en plein air ! »
"Paris, L'Amour et l'Espoir" une exposition de David Turnley
Grille de l'Hôtel-de-Ville - 29 rue de Rivoli, Paris 4e
Du lundi 23 septembre 2024 au vendredi 29 novembre 2024
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