Entretien avec la vice-championne olympique de boxe Sarah Ourahmoune

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Mise à jour le 24/08/2021

Médaillée d’argent aux Jeux Olympiques de Rio, la jeune retraitée des rings soutient activement la candidature de Paris 2024. Elle s’est également lancée dans la création de gants connectés et bénéficie de l’accompagnement des incubateurs du Tremplin et de Paris Pionnières. Interview.


Vous êtes ambassadrice pour la Seine-Saint-Denis de la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024. Que vont-ils apporter selon vous ?

Ces Jeux sont attendus de pied ferme en Seine-Saint-Denis, le département dont je suis issue. Ils vont incontestablement y accélérer le développement. Il y a ici un vrai besoin en termes de transports, de logements, d’équipements sportifs, mais aussi en termes d’émotions. Le sport véhicule des valeurs de dignité, de fierté, de joie. Nous en avons besoin.

Qu’est-ce que les Jeux et votre médaille à Rio ont changé dans votre vie ?

[Elle rit] Je suis beaucoup plus sollicitée qu’avant! J’ai atteint mon objectif et je m’étais préparée à la suite, à la fin de ma carrière sportive. Je savais qu’après Rio, je reprendrai mes projets d’entreprise et que si je réussissais là-bas, tout s’accélérerait. Pour ma société de conseils, Boxer Inside, je n’ai plus besoin désormais de faire de démarches commerciales. On vient me chercher. J’ai une à deux conférences programmées par semaine et rémunérées alors qu’avant, je les faisais gratuitement.

Présentez-nous votre projet de gants connectés sur lequel vous travaillez actuellement…

Ce sont des gants avec des capteurs sous le cuir, connectés à une application. On l’utilise soit en mode entraînement pour travailler la vitesse et l’endurance, soit en mode compétition en réseau pour se lancer des challenges entre amis sur un sac de frappe et gagner des points pour se faire un palmarès virtuel ou participer à un championnat. Les points seront reconvertis en bons cadeaux chez les partenaires de l’appli. On est entre le e-sport et le sport, car on transpire vraiment!

Comment avez-vous eu cette idée?

Cela fait dix ans que je donne des cours de handi-boxe à des jeunes enfants handicapés mentaux. Au départ, j’intégrai juste un peu de boxe dans des parcours moteurs. Puis je me suis mise à travailler sur la vitesse de réaction, la concentration, en mettant sur un sac des images ou des couleurs sur lesquels ils devaient taper. J’ai alors imaginé quelque chose de plus digital, de plus connecté. D’abord sur le sac, mais c’était un peu compliqué à transporter. Un sac, c’est 100 kg! C’est là que je me suis tourné vers les gants. Avec la démocratisation de la boxe, un projet plus ludique, plus grand public a alors pris son sens.

Vous êtes lauréate du programme « Les sprinteuses » soutenu par la Ville de Paris et La Française des Jeux, et vous bénéficiez en cela d’un accompagnement des incubateurs du Tremplin et de Paris Pionnières. En quoi consiste ce soutien?

L’idée est d’accompagner trois start-up du sport et du digital dirigées par des femmes, avec comme objectif d’intégrer par la suite le Tremplin, incubateur destiné au sport. Cela me permet d’avoir des coachings d’experts et de la mise en réseau afin de trouver des investisseurs notamment. Actuellement, je suis dans la phase de levée de fonds.

Allez-vous intégrer le Tremplin?

Oui, mais de manière un peu spéciale, dans le cadre de leur programme d’accompagnement dans la reconversion des sportifs de haut niveau. Je n’aurai pas de bureau sur place, ce qui me convient car j’habite en Seine-et-Marne (77) et ma salle de boxe se situe à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis (93).

Plus généralement, que pensez-vous du principe d’incubateur pour les start-up?

Les structures d’accompagnement émergent depuis quelques années. C’est une très bonne chose. J’ai eu personnellement besoin d’être accompagnée car je ne connaissais pas l'entrepreneuriat. C’est une vraie dynamique de rencontre, de partage d’expérience, d’échange, de soutien. Le fait que ces incubateurs soient spécialisés, comme le Tremplin avec le sport, cela donne l’opportunité d’être tout de suite en réseau avec les partenaires intéressés par son domaine.