Grandes et petites histoires sur les hôpitaux parisiens

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 07/04/2020

Saint Louis (1214-1270), roi de France, agrandit l'Hôtel-Dieu et y transporte le premier malade, par Fournier-Sarlovèze
On n'aime pas vraiment les fréquenter, mais on les connait tous (ou presque) de réputation. Les hôpitaux parisiens n'ont certes pas la cote, mais ils ont toutefois une histoire fascinante ! Voici dix faits que vous ignoriez peut-être sur ces institutions.

À l'origine, les hôpitaux n'étaient pas des centres de soins

Vue et perspective de l'hôpital de la Salpétrière.
L'histoire des hôpitaux parisiens commence vers le milieu du VIIe siècle. À cette époque, seule l'église se préoccupait des pauvres et des malades. L'hôpital n'est alors pas un établissement de soins tel qu’on le connaît actuellement, mais plutôt un lieu d’assistance, une œuvre de charité. Le site « Gallica », la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France, précise : « L'Hôtel-Dieu, le plus ancien de ces établissements, est fondé au VIIe siècle. Puis les créations d’hospices s’échelonnent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, fondations religieuses (surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles), mais aussi de particuliers : Cochin en 1782, Beaujon en 1784, Necker en 1778. »
La Révolution consacre le principe de laïcité et de nationalisation des hôpitaux. Privés d'une grande partie de leurs ressources, ils voient leur gestion confiée à l'autorité communale en 1796.
Dès lors, ces établissements de soins se professionnalisent et deviennent un lieu de transmission du savoir. Les concours de l'internat et de l'externat sont créés, et l'arrêté du 27 novembre 1801 permet de classifier les hôpitaux en fonction de leur spécialisation : les hôpitaux généraux pour les affections ordinaires (Hôtel-Dieu, La Charité, Cochin, Necker, Beaujon, Saint-Antoine), les hôpitaux spéciaux rassemblant l'hôpital des vénériens (futur Ricord), la Maternité, Saint-Louis (dermatologie) et l'hôpital des Enfants-Malades (pour les moins de quinze ans), et les hospices de Bicêtre (hommes) et la Salpêtrière (femmes) pour « les malades chroniques, les infirmes et les vieillards ».
Les établissements sont rénovés, augmentent leur capacité d'accueil tout au long du siècle et se modernisent. Modernisation qui se poursuit au XXe. Certains établissements disparaissent, d'autres font leur apparition. Ainsi, le dernier-né des grands hôpitaux parisiens, l'hôpital européen Georges-Pompidou, ouvre ses portes en 2000 et reçoit le nom du deuxième président de la Ve République.

L'AP-HP est le premier employeur d'Île-de-France

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L'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) est l'établissement public de santé français qui exerce le rôle de centre hospitalier régional pour Paris et l'Île-de-France. D’après les chiffres 2018 du site de l'AP-HP, l'institution est le premier employeur de l’Île-de-France avec 39 hôpitaux, plus de 210 métiers exercés, près de 100 000 professionnels au service des patients. Dans le détail, on recense notamment 3 680 internes et 13 220 médecins, 57 595 personnels paramédicaux et socio-éducatifs et 16 411 personnels administratifs, techniques et ouvriers.

Le musée d'Histoire de la médecine, témoin d'une « virtuosité artistique »… un peu effrayante

Oeuvre de Nathalie Latour
Niché depuis 1971 au cœur de l'ancienne faculté de médecine (6e), ce musée permet de découvrir la médecine du passé, l'évolution des techniques au fil des époques. Ses vitrines regorgent de pièces rares et étonnamment belles, qui évoquent parfois, notamment au visiteur effrayé par la vue d'une aiguille, une médecine plus proche de la torture sadique que du soin attentionné. Un musée certes de taille modeste, mais riche de trésors qui prouvent, s'il en était besoin, que la science médicale se double souvent d'une authentique virtuosité artistique.

L'Hôtel-Dieu, un refuge pour indigents et infirmes

La cour de l'hopital Dieu
L’Hôtel-Dieu de Paris est le plus ancien et, jusqu’à la Renaissance, le seul hôpital parisien intra-muros. Il fut créé par l'évêque saint Landry de Paris en 651 pour servir de refuge aux indigents, aux infirmes et aux malades. Au XVIe siècle, la gestion de l'établissement charitable passe des mains de l'église à celles de l'autorité municipale, puis de l'État. Au XVIIIe siècle, il subit quatre incendies. Les travaux de reconstruction sont l'occasion d'agrandir les bâtiments. Le développement d'autres structures hospitalières parisiennes permet de désengorger progressivement l'Hôtel-Dieu. En 1877, les locaux sont jugés trop exigus et insalubres et la destruction du bâtiment est décidée. Il est reconstruit sur un emplacement très proche, place du parvis de Notre-Dame, au pied de la cathédrale.

L'expression « Passer sur le billard » fait bien référence au célèbre jeu de salon

Chirurgiens en opération
À l'époque, les bourgeois ne se rendaient pas l'hôpital pour se faire opérer. C'était les pauvres qui y étaient accueillis. Les chirurgiens, pour soigner la bourgeoisie, se rendaient avec leurs trousses sous le bras à leur domicile. Seulement, le chirurgien a besoin d'un plan dur pour opérer et le seul plan dur qui se trouvait dans ces appartements était le billard, qu'il utilisait alors comme table d'opération… D'où l'expression « passer sur le billard » que nous employons encore de nos jours. Anecdote que l'on doit au professeur Jean-Noël Fabiani auteur de nombreux ouvrages sur l'Histoire de la médecine. Mais il existe d'autres hypothèses sur l'origine de cette formule.

Fin XIXe, la Pitié-Salpêtrière organisait tous les ans un « bal des folles »

 Le bal des folles à l'hôpital de la Salpêtrière
Fin XIXe siècle, se déroulait à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière un bal donné tous les ans par l'administration de l'assistance publique à l'occasion de la mi-carême. Cet établissement était à l'époque un asile pour femmes où étaient enfermées des « hystériques et des schizophrènes ». Ces femmes participaient à cette fête mondaine, organisée par le célèbre docteur Charcot, revêtues de leurs plus beaux atours. Ce « Bal des folles » était l'événement annuel du Tout-Paris qui venait observer ces femmes et s'y encanailler. On lira sur le sujet le livre de Victoria Mas, « Le Bal des Folles » (Roman, Albin Michel).

À l’hôpital Tenon, on a (un jour) vu « la vie en rose »

Oeuvre monumentale de l'artiste Hom-Nguyen représentant Edith Piaf sur l'hôpital Tenon
Edith Piaf est née à l’hôpital Tenon en 1915. Vous pouvez découvrir son portrait réalisé par l’artiste contemporain Hom Nguyen dans le hall d’accueil du récent bâtiment Meyniel de l’hôpital Tenon AP-HP. Cette œuvre originale a aussi été reproduite en très grand format (900x360cm) sur un mur extérieur de la maternité de l'hôpital Tenon.

L'hôpital Saint-Louis abrite un musée très (trop ?) réaliste, unique au monde

Musée des Moulages - Hôpital St-Louis - APHP
Le musée des moulages est unique au monde, niché au sein de l'hôpital Saint-Louis (10e). C’est le seul musée dédié à une spécialité médicale avec une collection de cires en aussi grand nombre. Verrues, pustules, urticaires, mycoses, eczémas… 4800 pièces sont à découvrir dans ce lieu aussi impressionnant que repoussant. Il faut dire qu’ici, tout est très réaliste. La visite de ce qui peut ressembler pour certains à un musée des horreurs est de fait interdite aux moins de 12 ans.

Aux origines de l’hôpital Saint-Louis, les épidémies de peste

Entre 1605 et 1606 sévissent les épidémies de peste. Cette situation amène les responsables de l’hôpital de l' Hôtel-Dieu à créer une maison de santé qui doublerait la capacité d'accueil en cas d'épidémie.
Cette maison est construite en dehors de la ville, entre la porte du Temple et les hauteurs de Belleville, mais pas trop éloignée non plus pour que les médecins puissent s'y rendre rapidement. Ce nouvel établissement de santé porte le nom de Saint-Louis en hommage à l’aïeul du roi Henri IV, mort de la peste. Ce lieu, réalisé par l’architecte Claude Vellefaux, est achevé en 1612 et l’établissement ne fonctionne que pendant les périodes d’épidémies. Mais l'incendie de l'Hôtel-Dieu, en 1773, conduit à l’ouverture permanente de Saint-Louis. C'est seulement en 1801 que cette maison de santé deviendra un établissement à part entière.
De nos jours, l'hôpital Saint-Louis assure une prise en charge spécialisée et de référence d'un grand nombre de disciplines médicales et chirurgicales. Son expertise est reconnue dans la dermatologie, l'hématologie et la cancérologie.

Le Centre hospitalier d’ophtalmologie « Quinze-Vingts » tire son nom d'un « système de numération »

Établissement public de santé de ressort national spécialisé en ophtalmologie, le Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts assure les missions d’un hôpital universitaire : les soins, l‘enseignement, la recherche et la prévention. Lié par convention de partenariat hospitalo-universitaire avec l’AP-HP, il est organisé autour des quatre services hospitalo-universitaires d’ophtalmologie. Le CHNO est devenu, au fil du temps, un véritable pôle de référence dans le traitement des pathologies de la vision. Mais pourquoi les Quinze-Vingts ?
Le nom de Quinze-Vingts résulte de la numération vicésimale (manière de compter par vingtaine) utilisée à l’époque, 20 correspondants au nombre de doigts et d'orteils chez l'être humain. Lorsque la Maison des aveugles de Paris fut fondée au XIIIe siècle, elle ne le fut pas comme un hôpital, mais comme un lieu de vie où les aveugles pouvaient vivre en famille, élever leurs enfants et pratiquer leur métier. Cette communauté devait comporter quinze fois vingt membres, autrement dit, 300 membres.