Intelligence artificielle à Paris : où en est-on ?

Focus

Mise à jour le 28/02/2025

Panneau indiquant "Intelligence artificielle à Paris : où en est-on?"
Face à l'accélération des usages de l'intelligence artificielle (IA), Paris doit jouer un rôle-clé dans la sensibilisation et la coordination des parties prenantes pour créer un cadre commun d’action. Depuis juillet 2023, la Ville a organisé des auditions, questionné ses habitants et mené une journée dédiée à l'intelligence artificielle ouverte à toutes et tous.
Alors que la généralisation de l'utilisation des intelligences artificielles gagne du terrain et que l'IA investit l'ensemble des pans de notre quotidien (culture, santé, mobilité…), cet outil auparavant peu connu du grand public est devenu un enjeu citoyen majeur.
Plus qu'une problématique d'innovation technologique, l'intelligence artificielle est devenue, depuis 2023, un sujet démocratique auquel la Ville, à l'instar de l'Etat et de l'Union Européenne, devait se saisir ainsi que l'ensemble de ses habitants.

Les objectifs de la démarche entamée par la Ville de Paris

L'introduction de ces outils dans la vie publique, professionnelle et privée a amené le Conseil de Paris à adopter un voeu à ce sujet en juillet 2023. Si peu de villes en France se sont déjà poser la question de la gouvernance urbaine de l'intelligence artificielle, les municipalités sont pourtant garantes d'une mission propre : préparer le terrain à partir duquel tous les acteurs du secteurs, ainsi que les Parisiennes et les Parisiens, peuvent collaborer. Vis à vis d'un outil qui présente autant de risques que d'opportunités que de risques la Ville se pose en médiateur au service de son administration et de ses habitants.
Si les directions de la Ville n'ont pas attendu l'explosion des IA génératives pour l'utiliser dans certains cas d'usages, comme l'application Dans Ma Rue, la Ville s’est engagée dans une démarche ouverte et participative vis-à-vis de l’IA en y associant à la fois les groupes du Conseil de Paris, ses directions ainsi que les Parisiennes et les Parisiens.
C'est dans cette optique que le voeu adopté en Conseil de Paris de Juillet 2023 prévoyait trois séquences :
  1. un cycle d'auditions débuté à la mi-mars 2024, conviant les Conseillers de Paris, l'exécutif parisien et les membres du Conseil Parisien des Européens
  2. une consultation citoyenne qui s’est clôturée le 31 octobre 2024 et qui a recueilli 400 réponses
  3. une journée citoyenne ayant eu lieu le 25 janvier 2025 et ayant rassemblé 706 personnes

Une série d'auditions thématiques

22 auditions ont rassemblé plus de quarante experts autour de thématiques très diverses:
  • IA et éducation : Benoit Tabaka, directeur des affaires publiques de Google France et Serge Pouts-Lajus, directeur d'Education et Territoires
  • Gouvernance nationale et locale de l'IA ; Gilles Babinet, vice-président du Conseil National du Numérique et Mireille Clapot, députée de la Drôme
  • IA et logement : Vincent Bryant, CEO de Deepki, Christophe Danneels représentant de Paris Habitant et Alexandre Gayraud, représentant de l'Union Sociale pour l'Habitat
  • IA et urbanisme: Etienne Riot, architecte chez PCA Stream et Stéphane Lecler alors directeur de la Direction de l'Urbanisme à la Ville de Paris
  • IA et sécurité: Renaud Allioux, CEO de Preligens et Olivier Babeau président de l'Institut Sapiens
  • IA et développement économique : Audrey Herblin-Stoop, directrice affaires publiques de Mistral IA et Lucas Berthion, alors directeur affaires publiques d'Iliad
  • IA et santé : Charles Gorintin, CTO d'Alan et David Gruson
  • IA et éthique : Giada Pistilli, éthologue chez Hugging Face et Eric Salobir, directeur de l'Human Technology Foundation
  • IA et démarches administratives : les équipes de la Direction ds systèmes d'informations et du numérique de Paris et Grégoire Tirot, représentant de la Direction Interministérielle de la Fonction Publique
  • IA, propreté et gestion des déchets : Claire Mathieu, responsable data chez Suez et Benjamin Raigneau, alors directeur de la Direction de la Propreté et de l'Eau à la Ville de Paris
  • IA et information : Guillaume Avrin, coordinateur de la stratégie nationale pour l'IA et Asma Mhalla, politologue
  • IA et environnement : Claire Monteleoni, chercheuse à l'INRIA et Baptiste Perrissin Fabert, directeur général délégué de l'ADEME
  • IA et mobilité : Marie-Françoise Guyonnaud CEO de Smartuse et Frédéric Tran Kiem, directeur Innovation à la RATP
  • IA et énergie: Stéphane Tanguy, représentant des systèmes d'information et de la R&D d'EDF et Nicolas Perrin, directeur régional Enedis
  • IA et propriété intellectuelle: Alexandra Bensamoun, juriste et Thaima Samman, avocate
  • IA et travail social, Yann Ferguson, directeur du Labor IA
  • Gouvernance européenne et internationale de l'IA : avec l'IA LAB de l'OCDE
  • IA et culture: Valentin Schmite de Ask Mona et Claude Farge, directeur du Forum des Images
  • IA et conception de la ville: Marion Waller, directrice du Pavillon de l'Arsenal et Alexandre Labasse directeur de l'APUR
  • La recherche et l'IA à Paris: Patrick Perez, directeur de Kyutai
  • IA et participation citoyenne: Laurence Devillers, présidente de la Fondation Blaise Pascal et Manu Reynaud, adjoint au Maire de Montpellier
  • Quelles évolutions pour l'IA ? : Louis Dutheillet de Lamothe, secrétaire général de la CNIL
Les Conseillers de Paris, directions de la Ville et membres du Conseil Parisien des Européens ont pu rencontrer celles et ceux qui font de Paris la capitale européenne la plus attractive pour les projets d’IA. Thinkthanks, fondations, élus, représentants institutionnels, startups… ces auditions se sont voulues le plus éclectiques possibles afin de permettre aux participants non seulement de croiser les points de vues et apports sur cette technologie mais aussi de découvrir des cas d'usages et champs d'expertises divers.
En parallèle, le Conseil Parisien des Européens, une instance consultative de la Ville rassemblant des représentants des pays membres de l’Union Européenne a été saisi par mon collègue Arnaud Ngatcha pour travailler à un comparatif des initiatives prise sur le sujet dans les capitales européennes mais également l’impact de l’IA act au niveau local.
Les deux livrables feront partie du rapport présenté cet été en Conseil de Paris.

Une consultation publique inédite

La consultation citoyenne, débutée mis septembre, avait de son côté pour objectif donc non seulement de faire un point sur la connaissance de l’IA par les Parisiennes et les Parisiens ainsi que leur utilisation, mais aussi de comprendre leurs craintes mais aussi leurs espoirs dans cette technologie.
Ce sont 399 répondants dont le plus haut taux sont agés de 40 à 54 ans qui ont participé à cette consultation. Si la parité est respectée (45% des répondants sont des femmes), en revanche ils sont pour la majorité des cadres, ce qui confirme les craintes de fractures sociales accentuées par la prise en main, ou non, de cette technologie.
Peu de répondants indiquent ne rien connaitre à l'IA, 93% s'y connaissent au moins un peu, et les perceptions de l'IA sont assez diversifiées, avec néanmoins une petite prédominance pour les dénominations positives. Dans le même temps, 40% des répondants concèdent qu'il s'agit d'un "outil facilitant la désinformation".
56% des répondants disent cependant ne pas être capable de reconnaitre systématiquement une production visuelle ou écrite d'une IA, malgré le fait qu'ils sont certains à 96% d'y avoir été déjà confronté, en grand majorité via les réseaux sociaux et les sites de streaming qu'ils identifient comme utilisant de l'IA pour sûrs. En revanche, ils ne savent que très peu que les centres de tris de déchets ou l'Assemblée nationale par exemple utilisent très peu l'IA.
Cela traduit à la fois que les interrogés sont conscients de certains cas d'usages de l'IA mais pas de tous et surtout par contre qu'ils sont suffisamment critiques pour admettre qu’ils ne savent pas tout le temps l'identifier. Le besoin de formation est donc bel et bien réel.
Globalement, les avis sur l’IA et ses perspectives sur le quotidien des Parisiennes et des Parisiens sont soit très tranchés par exemple sur le fait que l’IA menace la démocratie et qu’elle ne reflète pas les opinions existantes mais qu’elle est indispensable, ou plus mesurées par exemple sur le fait que l’IA puisse aussi être un outil au service de la transition écologique.
Si l'utilisation de l'IA est plébiscitée dans les démarches administratives, les transports, la santé et l'environnement, elle inquiète en revanche dans l'éducation et la culture.
Enfin, les répondants exhortent la Ville à défendre une IA frugale et responsable et estiment qu'il est nécessaire que Paris se saisissent de cet outil tout en y associant et en formant ses habitants ainsi que les agents de son administration.
Sur la base de ces réponses, un programme à destination de tous a été travaillé.

Une journée ouverte à toutes et tous

La journée citoyenne du 25 janvier a donc clôturé la première séquence d’un travail d’un an autour de l’Intelligence artificielle.
des solutions d'éducation à l'IA (Code en Bois, Inria, Kermess Ia, Meimei, Tumo, Latitudes, la Fondation Blaise Pascal, IA institute) de génération d'images (Sezam IA) de modèles de langage (Mistral AI), de santé (Aalia tech, Bewellcome), de musique (Lexo), de sport, de finances (Jared) et en lien avec l'environnement (Nexqt).
Les directions de la Ville étaient également présentes : la direction de l'urbanisme a ainsi pu faire tester en exclusivité le prochain chatbot autour du Plan local d'urbanisme bioclimatique et la direction des solidarités a quant à elle présenter son système d'agent conversationnel.
Cette journée gratuite comprenait :
  • Des conférences pour explorer les impacts réels de l’IA, le matin ;
  • Des ateliers participatifs pour compléter la consultation en ligne, l’après-midi ;
  • Deux cafés IA animés par le Conseil national du numérique ;
  • Projections, dont le documentaire IA at Work ainsi qu’une pièce de théâtre « Qui a hacké Garoutzia ? » ;
  • Un espace de démonstration
L’objectif était de sensibiliser, former et encourager un usage responsable de l’IA, en abordant des enjeux comme la productivité, l’emploi et la gouvernance éthique.

Un matin pour informer puis tester

  • Conférence inaugurale par François-Xavier Petit, anthropologue et directeur général de Matrice.
  • À quoi sert déjà l'IA dans la vie des Français ? Entretiens avec Caroline Maitrot-Feugeas (Nomad Education), Jean-Emmanuel Bibault (AP-HP), Léa Gislais (Agence nationale de la cohésion des territoires) Jacques Sainte-Marie (INRIA) et Benoit Tabaka (Google)
  • Table-ronde : Les défis de l'IA, avec Marion Carré (fondatrice, Ask Mona), Daphné Marnat (anthropologue), Giada Pistilli (philosophe, Hugging Face), Gérard Holubowicz (journaliste)
Un espace de démonstration était également ouvert au public et a permis aux visiteurs de tester des cas cas d'usages de l'IA via des solutions d'éducation à l'IA (Code en Bois, Inria, Kermess Ia, Meimei, Tumo, Latitudes, la Fondation Blaise Pascal, IA institute) de génération d'images (Sezam IA) de modèles de langage (Mistral AI), de santé (Aalia tech, Bewellcome), de musique (Lexo), de sport, de finances (Jared) et en lien avec l'environnement (Nexqt).
Les directions de la Ville étaient également présentes : la direction de l'urbanisme a ainsi pu faire tester en exclusivité le prochain chatbot autour du Plan local d'urbanisme bioclimatique et la direction des solidarités a quant à elle présenter son système d'agent conversationnel.

Une après-midi pour commencer à se former

L'après-midi, 6 ateliers ont permis aux inscrits de découvrir l'IA sous différentes formes, à l'aide notamment du Chat, l'IA générative de Mistral AI:
  • Le B-A Ba de l’IA : par où commencer ?
  • 2050 avec l’IA : dans quelle société voulons-nous vivre ?
  • IA générative : usages et bonnes pratiques autour d’une expérimentation « Paris en 2050 : récits avec l’aide du Chat »
  • Café IA – tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’IA - animé par le Conseil National du Numérique
  • Mikrodystopie- animé par le Conseil National du Numérique
  • Démystifier l'IA- animé par Creative Valley
La journée s'est ensuite clôturée par une représentation de la pièce "Qui a hacké Garoutzia". Tragicomédie policière en quatre actes, Qui a hacké Garoutzia ? raconte les vies successives de Garoutzia, un agent conversationnel, une bot du futur. Cette tragicomédie, écrite par trois experts de l’intelligence artificielle, ne manquera pas de vous interroger sur vos identités technologiques
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A la suite de la représentation, Serge Abiteboul, Laurence Devillers et Gilles Dowek, auteurs de la pièce, ont répondu aux questions de l'audience.