#JesuisCharlie : des témoignages poignants réunis dans un fonds dédié

Des documents par milliers, 146 boîtes, 12 mètres linéaires. Aux Archives de Paris (19^e), un fonds exceptionnel rassemble des dessins, des poèmes, des journaux envoyés au lendemain des attentats de janvier 2015 par des établissements scolaires de tous niveaux (écoles maternelles et élémentaires, collèges, lycées, établissements supérieurs, centres de formation et d’apprentissage) ainsi que des dessins envoyés par des structures d’accueil pour enfants ou pour adultes.

Nombre de ces témoignages sont nés spontanément, d’autres sont parvenus sous l’impulsion de l’appel du dessinateur Luz ou simplement grâce à l’initiative d’un enseignant.

Le fonds présente également les registres de condoléances ouverts par des villes, des recueils de signatures, des pétitions ainsi que des courriers, des poèmes et des dessins envoyés par des particuliers.

Après un premier tri des documents par l’équipe de Charlie Hebdo, les archivistes ont pris le relais pour reconditionner et affiner le classement de ce fonds. Son inventaire est à retrouver sur le site des Archives de Paris.

Parmi les milliers de dessins envoyés en janvier 2015, 163 ont été sélectionnés, inventoriés et numérisés pour donner naissance au projet #Jedessine et à l’association Dessinez Créez Liberté, fondée par Charlie Hebdo et SOS Racisme au lendemain des attentats. Sa vocation : initier la jeunesse au dessin de presse – en particulier à la satire et la caricature – et permettre à tous, grâce à des outils pédagogiques, de débattre de l’actualité et de développer son esprit critique.

Depuis le 14 janvier 2015, Nadia Vadori-Gauthier, artiste franco-canadienne, enregistre une danse quotidienne effectuée dans le cadre d’une œuvre chorégraphique, Une minute de danse par jour, qu’elle conçoit comme un acte de résistance poétique à la violence. Pour clore ces dix années de danse, elle prévoit de lire et de danser sur des fragments d’archives de lettres envoyées à Charlie Hebdo, lors d’une soirée spéciale.

La lecture ou la mise en scène de documents et de témoignages est une manière de leur redonner leur poids d’émotion. L’association Dessinez Créez Liberté a ainsi monté un partenariat avec le Théâtre 13 (13^e). Au-delà des témoignages envoyés à Charlie Hebdo, leur réflexion est de mettre en valeur toutes les victimes des attentats de janvier et de novembre 2015.

La pièce Les Consolantes  part d’entretiens intimes des témoins du 13 novembre 2015, collectés par l’Institut d’histoire du temps présent. En lien étroit avec le procès, l’autrice et metteuse en scène Pauline Susini explore les formes de consolation et de reconstruction intimes et collectives des années après les attentats.

La mémoire des attentats de 2015 en général, comme les mémoriaux eux-mêmes, et notamment les fonds conservés aux Archives de Paris, fait l’objet de différents programmes de recherche, tant sur la sociologie de la mémoire que sur les processus cognitifs associés dans le cadre de traumas. Les travaux interrogent aussi la question de la politique mémorielle.