Journée des aidants : « Il faut oser franchir notre porte et oser vous faire aider »

Rencontre

Mise à jour le 04/10/2024

Portrait de Marie Bouchaud
En marge de la Journée nationale des aidants, le dimanche 6 octobre, nous avons rencontré Marie Bouchaud, directrice de la Maison des Aînés et des Aidants (M2A) de Paris Centre. Elle témoigne des défis que rencontrent les personnes aidantes, mais également des progrès et des dispositifs mis en place ces dernières années pour mieux les accompagner.

Qu’est-ce que la Maison des aînés et des aidants (M2A) ?

C’est une structure d’accompagnement pour les personnes âgées et toutes les personnes vivant une situation complexe à domicile, ainsi que pour leurs aidants. L’accompagnement se traduit par l’évaluation des professionnels de soin et médicosociaux, qui se rendent au domicile des aidés et des aidants pour leur préconiser des aides en tenant compte de leurs besoins et de leurs souhaits.
Les personnes aidantes peuvent aussi être épuisées et avoir besoin de soutien, donc nous leur proposons une évaluation et un certain nombre d’actions. Ces actions peuvent inclure l’admission de leur proche en accueil de jour, la participation à un café des aidants ou des ateliers que nous proposons dans notre structure.

Quel constat faites-vous du monde des aidants en 2024 ?

Il y a une progression dans la connaissance de ce public, et les politiques ont pris conscience de la nécessité de prendre en compte cette population, dont les besoins ont évolué en vingt ans. Il y a aussi une montée en puissance de l’ensemble des partenaires du territoire, et des initiatives à l’échelle locale qui permettent aux aidants de se faire accompagner.
On connaît davantage leurs besoins, mais il y a encore beaucoup de choses à améliorer dans tous les domaines : à domicile, dans le regard de la société, dans le salariat et dans leur vie de façon générale. Comme lorsque les aides à domicile ne viennent pas ou que l’employeur ne permet pas de prendre certains jours de congés supplémentaires.
Le système est conçu pour les aidés, mais pas forcément pour la prise en charge des aidants. Ici, à la M2A, nous allons par exemple innover en créant un poste de coordinatrice de parcours pour aller plus loin dans leur accompagnement.
De nombreux dispositifs existent, ce qui va dans le bon sens, mais je pense qu’il faut encore adapter les mesures, notamment au niveau des entreprises et des lois.

Pourquoi beaucoup de personnes ignorent-elles leur statut d’aidant ?

C’est culturel. Secourir notre proche, notre conjoint, notre enfant, fait partie de l’éducation que nous avons reçue. Il est naturel de venir en aide à nos proches, et c’est pour cela qu’ils ne se reconnaissent pas comme aidants. D’ailleurs, le mot « aidant » ne leur parle pas. J’ai été frappée par le témoignage d’une personne qui m’a dit : « Aidant ne veut rien dire. Il faut trouver un autre mot. Je ne m’y reconnais pas. » Il faut faire comprendre aux aidants qu’ils peuvent eux aussi se faire aider.

Vous avez créé un groupe de parole au sein de l’association Autonomie Paris Saint-Jacques. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

C’est un groupe qui existe depuis vingt ans et qui continue d’exister. On voit l’intérêt de le poursuivre. Ce n’est pas un groupe à thème, ni un groupe exclusif aux aidants de personnes atteintes d’Alzheimer, par exemple.
On constate que les personnes qui y participent depuis longtemps ressentent encore le besoin de le faire. Au départ, elles arrivent avec des blocs-notes et des questions très précises, puis on voit que le bloc-notes disparaît et que ce sont elles qui donnent des conseils aux nouveaux arrivants.
Ce partage est vraiment très enrichissant et constitue une pause pour ces personnes dans leurs vies d’aidants très rythmées et fatigantes.

De quelle façon travaillez-vous avec la Ville de Paris ?

Tout d’abord, nous avons une convention de financement. La majeure partie du financement de la M2A provient de la Ville, cofinancé avec l’Agence régionale de santé. La M2A est aussi portée par l’association Autonomie Paris Saint-Jacques, hébergée dans nos murs, et qui a une latitude pour proposer des actions innovantes.
Parmi ses actions, il y a le dispositif Centr'aider, financé par la convention de financement de la Ville de Paris. Nous avons aussi un dialogue quasi quotidien avec nos partenaires à la Ville pour nous accompagner dans nos projets ; c’est un lien très étroit.
Centr'aider
Ce dispositif recense l’ensemble des aides et des droits destinés aux aidés et aux aidants, ainsi que les professionnels et les structures mises à disposition des personnes qui en ont besoin.

Pour la Journée des aidants, le 6 octobre, quel message souhaitez-vous faire passer ?

Il faut oser franchir la porte et accepter de vous faire aider. Nous avons des compétences, une équipe experte, et nous sommes là pour ça. Notre mission est de vous aider. Surtout, venez nous voir, téléphonez-nous et renseignez-vous !