L'arbre à Paris au fil du temps

Le saviez-vous ?
Mise à jour le 22/11/2022
Boulevard Haussmann au XIXe siècle
Se replonger dans la longue histoire qui lie Paris et l'arbre est essentiel pour mieux comprendre comment celui-ci a participé à sa métamorphose. Structurant les parcs, jardins et promenades, l’arbre est devenu, depuis les grands aménagements du XIXe siècle, la carte maîtresse d’une ville où il fait bon vivre.
Avant le XVIIe siècle, la plantation en alignement se trouve essentiellement sur les routes de campagne ou aux abords des villes. Au XIVe siècle, Charles V, précurseur, fait planter un alignement d’ormes près du quai dit aujourd’hui de l’Hôtel de Ville, trame prolongée ensuite par Henri IV en 1604 et formant le mail de l’Arsenal.
Avec l’introduction du carrosse qui bouleverse l’espace urbain, on conçoit de longues allées destinées à la promenade mondaine qu’on nomme les « cours ». Le plus célèbre, le cours la Reine, réalisé pour la reine Marie de Médicis, se voit bordé de quatre rangées d’arbres. La réalisation par André Le Nôtre de la perspective plantée d’ormes des Champs-Élysées vient compléter ces plantations au cœur de Paris à la fin du XVIIe siècle.

L'arbre s'impose dès Louis XIV

Le cours de la Reine, à l'extrémité ouest des Tuileries, créée en 1608
Depuis sa toute première enceinte gallo-romaine, puis à travers ses six enceintes successives, Paris a toujours repoussé ses frontières, l’arbre à l’appui de ces conquêtes. Dès 1670, sous Louis XIV, l’emplacement des anciennes enceintes dépassées de Charles V et Louis XIII laisse place aux futurs Grands Boulevards entre la Madeleine et Bastille, systématiquement plantés et dédiés à la promenade. Ils sont complétés au siècle suivant par le réseau de promenades arborées au sud de Paris, formé par les nouveaux boulevards Raspail, Saint-Jacques et Auguste-Blanqui. Comme une signature bien ancrée de Paris, les réflexions actuelles autour de l’évolution du boulevard périphérique en lien avec le Grand Paris s’accompagnent aussi de projets de plantations.
Au XIXe siècle, le rôle de l’arbre comme élément indispensable au confort urbain du Paris moderne est encore renforcé. Alors qu’au début du siècle, l’augmentation de la population favorise le développement de l’insalubrité, Rambuteau, nommé préfet de la Seine, va réaffirmer le rôle des arbres pour l’assainissement, l’esthétique et la stabilisation de la chaussée. Il généralise les alignements avec la plantation de plus de 40 000 arbres qui s’ajoutent au maillage existant.
À sa suite, sous le Second Empire, le préfet Georges Eugène Haussmann, à la tête d’une politique de grands travaux, place à son tour le végétal au cœur des enjeux de la politique publique de la ville. Haussmann fait percer plus de 200 kilomètres d’avenues qui font entrer l’air, la fraîcheur et la lumière en ville.

Création d’un maillage planté

Vue aérienne du parc Monceau à sa création
Le service des promenades et plantations, dirigé par l’ingénieur Adolphe Alphand (1817-1891), conçoit tout un maillage planté pour Paris : dix-neuf squares de proximité, les parcs Monceau, Montsouris et des Buttes-Chaumont ainsi que les bois de Vincennes et de Boulogne sont aménagés en espaces paysagers. Ils forment alors les « espaces verdoyants » d’un système complété d’avenues et de boulevards plantés. Sous Haussmann, le nombre total d’arbres passe de 50 466 à 95 577 exactement.
Alors qu’une place très importante était auparavant accordée aux ormes, on privilégie désormais des essences robustes, tels que le platane et le marronnier, créant la trame arborée caractéristique du paysage parisien que nous connaissons.
Aujourd’hui encore, les platanes et marronniers dominent le paysage de nos boulevards et avenues, tandis que la présence de l’orme, ravagé par la graphiose, a fortement diminué. Plus tardivement, l’aménagement des dernières voies rattachées à Paris fera une grande place au sophora, essence au feuillage délicat et au goût de l’époque qui signe ces paysages plus périphériques. On choisit parfois également les ailantes, paulownias, tilleuls et robiniers. Cette diversification se prolonge de nos jours dans les choix de plantations basés sur des critères d’adaptation au changement climatique.
Au XXe siècle, la forte densification et le développement des réseaux souterrains complexifient la présence de l’arbre en ville. ll faut attendre les années 1970 pour que des projets réattribuent une place centrale au végétal. Dans la continuité de cet élan et de l’héritage du savoir arboricole et paysager du XIXe siècle, le rôle central de l’arbre parisien dans le confort urbain, le rafraîchissement et la qualité du cadre de vie est d’autant plus reconnu aujourd’hui.