L’escrime en garde contre le décrochage scolaire
Reportage
Mise à jour le 21/01/2022
Gros plan sur le cercle d’escrime franco-cubain : le club anime des séances d'escrime dédiées aux collégiens, dont certains rencontrent des difficultés scolaires. Reportage au collège Colette Besson (20e) sur cette initiative originale mise en place dans la perspective des Jeux de Paris 2024.
« En garde, prêt, allez ! » : les
mots du maître d’armes Thomas Fioretti résonnent dans le préau du collège
Colette Besson (20e). Face à lui, une quinzaine d’élèves de 6e
et de 5e de l’établissement, masques sur la tête, un sabre en
plastique à la main. En ce lundi midi, tous sont venus participer à un atelier
original animé par Thomas Fioretti et Pablo Rey, encadrants du cercle d’escrime franco-cubain (CEFC), l'un des plus gros clubs d'escrime de Paris, fort de 250 membres et implanté dans le 20e arrondissement :
des séances hebdomadaires d’escrime pour
aider les élèves, dont certains sont en difficulté scolaire.
Ce programme, également présent dans deux autres collèges
du 20e arrondissement, est soutenu par la Ville de Paris et le Fonds de dotation Paris 2024, en lien avec l'Académie de Paris, dans
le cadre de l’appel à projets « Éducation par le sport », dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques.
Nous utilisons les vertus de ce sport pour valoriser les jeunes et leur apprendre des compétences qui vont leur servir dans leur vie scolaire.
Secretaire bénévole du Cercle d'escrime franco-cubain
« Notre but n’est pas d’en faire des champions
d’escrime, explique Frédéric Medeiros, secrétaire bénévole du CEFC. Nous utilisons les
vertus de ce sport pour valoriser les jeunes et leur apprendre des compétences
qui vont leur servir dans leur vie scolaire ». Tous les élèves
accompagnés ne sont pas forcément en grande difficulté scolaire, « mais
certains sont très réservés et ont de grosses inhibitions », précise Frédéric
Medeiros.
Concentration et gestion du stress
Travail sur la concentration et la discipline, savoir
affronter l’autre sans agressivité ou encore mieux gérer son stress sont autant d’apprentissages utiles aux élèves dans leur scolarité ou
dans leur vie quotidienne. « L’escrime peut aider ceux qui ont une
personnalité introvertie et peut servir à canaliser les plus turbulents », estime Thomas Fioretti. Un quart des séances sont d’ailleurs consacrées à du coaching
mental : un moyen d’apprendre aux enfants à mieux maîtriser leur stress.
Mais comment initier des débutants à un sport réputé très
technique, au vocabulaire ancestral, souvent obscur pour les néophytes ? « Pour casser le côté répétitif de
l’escrime, on passe par des moments de jeux », décrypte Thomas Fioretti.
Les élèves de Colette Besson débutent donc la séance de manière
ludique : le moment d’échauffement reprend la forme du jeu « Jacques
a dit… » qui devient pour l’occasion « Maître a dit… ». Puis,
ils enchaînent les duels, sabre à la main.
La discipline séduit Mayline, élève de 5e :
« J’aime l’escrime, car c’est un sport de combat, et cela m’apprend la
rigueur : on n’a pas le droit d’être en retard au cours ! ». Même enthousiasme chez Idaba, élève de 6e, elle aussi amatrice de sports de combat : « Je pratiquais déjà le judo avant de découvrir cette discipline, témoigne la jeune fille. J'adore la posture de ce sport ! ».
L'arbitrage, un apprentissage du fair-play
Pendant les séances, les pratiquants sont aussi incités à
se mettre dans la peau d’un arbitre. Une pratique courante chez les escrimeurs dès
le plus jeune âge : « C’est un moyen de leur enseigner le fair-play
dès les premières années, et de leur apprendre que celui qui rend la décision
doit toujours être respecté », explique Thomas Fioretti.
Ce projet au long cours est mené en lien étroit avec
l’équipe pédagogique du collège. « Ce type d’atelier permet d’apporter de
la rigueur et de la persévérance : ce sont des qualités que les élèves
pourront facilement transposer dans leur scolarité », précise Laura
Taboulot, conseillère principale d’éducation au collège Colette Besson.
C’est aussi l’occasion de mieux faire connaître un sport encore méconnu du grand public, notamment des plus jeunes, malgré pléthore de médailles tricolores aux Jeux olympiques. « L’escrime a
rapporté près de 120 médailles à la France depuis la création du mouvement
olympique », rappelle Thomas Fioretti.
Mais, au-delà de la performance, il faut démocratiser la
pratique. « C’est l’héritage que nous souhaitons laisser au-delà des Jeux de
2024. Nous sommes convaincus que tout le monde peut pratiquer ce sport, quel que soit son milieu social : c’est ce message que nous voulons faire
passer en milieu scolaire ».
L'escrime aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024
Les épreuves d’escrime et d'escrime fauteuil seront organisées en 2024 dans la nef du Grand Palais, fraîchement rénové. >>En savoir plus
Où pratiquer l'escrime à Paris ?
Outre le CEFC, différents clubs de la capitale vous proposent la découverte des différentes disciplines de l'escrime : épée, fleuret, sabre, para-escrime et même… du sabre laser !
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