L’esport à Paris : pourquoi et comment la Ville s’engage

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Mise à jour le 28/10/2019

Attention, cet article n'a pas été mis à jour depuis le 28/10/2019, il est possible que son contenu soit obsolète.
Paris Esport
Paris a affirmé sa volonté de s’imposer comme capitale incontournable de l’esport.

Quelles sont les motivations de la Ville ?

Elles sont multiples. D’abord, le jeu vidéo au sens large est un élément incontournable de notre paysage culturel. C’est d’ailleurs un produit culturel assez unique car il touche toutes les professions, les âges, les sexes, sans aucune démarcation sociale ni barrière économique.
La majorité des Parisiens dispose d’un écran pour jouer et ne s’en prive pas ! La Ville de Paris s’est en outre déjà engagée dans le développement et l’agrégation des acteurs du jeu vidéo depuis les années 2000.

En quoi l'esport est-il un moteur de croissance ?

L’esport, soit la pratique compétitive du jeu vidéo, est un moteur de croissance stratégique, transversal à de nombreux secteurs (sport, art, culture, innovation, éducation, etc.). À la fois loisir et pratique du quotidien, secteur économique en pleine croissance et pourvoyeur d’emplois mais aussi facteur d’attractivité du territoire, Paris devait appréhender l’esport avec le plus grand sérieux et proposer des actions pour accompagner cet essor dans la capitale.
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Sur quelles thématiques Paris se concentre-t-elle ?

La Ville a choisi de se focaliser sur trois aspects. En premier lieu, attirer de grands événements sur le territoire, à l’instar de la finale des Worlds de League of Legends en novembre 2019. En second lieu, développer une offre attrayante pour les startups : dans la continuité de l’incubateur sportif « Le Tremplin » de Paris&Co, a été créé le « Level256 », véritable cluster, à la fois lieu de pratique et lieu d’innovation pour l’esport. Et enfin, travailler avec l’écosystème compétitif amateur, pour l’aider à se structurer et se pérenniser.

Quels moyens sont mis à disposition de ces pratiques ? Des équipements spécifiques sont-ils envisagés?

Avant tout, des ressources humaines : il s’agit d’un nouveau domaine pour une collectivité locale, et il est important de s’organiser et de s’entourer d’experts du milieu. Ensuite, et grâce au budget participatif de la Ville, un montant d’un million d’euros a été voté par les Parisiens en septembre dernier. Cette somme a été en partie allouée à la création d’une salle dédiée à la pratique amateur ainsi qu’une petite arena qui verront le jour à l’automne 2019.
Des réflexions sont également en cours sur l’opportunité d’acquérir un parc informatique nomade (PC, écrans, consoles, tablettes, etc.) qui pourrait servir aux associations locales, et sur le meilleur modèle pour accompagner les activités des associations avec des subventions de fonctionnement.
À travers le soutien et l’accompagnement d’acteurs stratégiques établis, comme Paris&Co, nous souhaitons investir intelligemment et être accompagnés de partenaires solides et fiables sur ces enjeux. La question des nouveaux équipements est au cœur de l’actualité 2019, tout comme celle de « l'adaptabilité » des équipements sportifs existants pour des événements esportifs.

On parle beaucoup d'esport à l'échelle nationale et internationale : que peut-on imaginer à l'échelle de la ville et du territoire?

Pas besoin de l’imaginer, elle existe déjà ! L’esport est aujourd’hui très fragmenté. Il y a tout d’abord une minorité d’athlètes, extrêmement médiatisée et soutenue par les ayants droit des jeux, à côté desquels on retrouve quelques animateurs spécialistes de la diffusion de parties en streaming.
De l’autre côté du spectre, les jeux compétitifs sont aussi extrêmement pratiqués par des amateurs, sans réelle compétition organisée ni cadre, comme un loisir classique.
En région parisienne, près de 330 000 joueurs de ce type sont concernés selon le baromètre de France Esports et Médiamétrie. Au-delà de la sempiternelle question sémantique « est-ce qu’il s’agit de sport, ou est-ce juste virtuel ? », nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une pratique réelle, concrète, et qu’elle mérite du soutien, un cadre et un accompagnement.

Quelle place pour l'esport amateur ?

L’échelon intermédiaire entre la minorité de professionnels et l’immense communauté des esportifs de loisir, c’est l’esport amateur. À l’échelle de la ville et du territoire, on parle ici de passionnés de certains jeux, qui tentent de rassembler leurs communautés autour de clubs et/ou d’événements. Faute de moyens, de matériel et de locaux, les porteurs de ces projets se tournent régulièrement vers des solutions « online ».
Cet échelon amateur nous intéresse tout particulièrement car il croît d’année en année. Nous pensons que c’est l’échelon sur lequel nous pouvons agir, pour l’ancrer dans une pratique locale (qui complétera la pratique online) et permettra de développer une offre saine et équilibrée : avec des espaces, des animateurs, des programmes pédagogiques, des tournois juniors, etc.

Que faire sur le long terme ?

Notre vision de long terme est d’offrir une alternative à la pratique sédentaire du jeu vidéo compétitif pour avoir, dans son arrondissement, un panel d’activités, de lieux et de petits tournois accessibles à toutes et tous, afin de retrouver la communauté des joueurs et pratiquer dans le meilleur cadre possible.
Paris considère ainsi que le développement de cette pratique répondra d’un côté aux problématiques de santé publique et de socialisation des jeunes – problématiques qui existent, ne le nions pas. La pratique esportive dans un cadre adapté permet de maximiser les vertus du jeu vidéo (« soft » skills, « hard » skills, sociabilisation, expérience de bénévolat, etc.) pour permettre aux jeunes de se développer, et de limiter les risques (surinvestissement, non-respect des limites d’âges, toxicité du milieu online, etc.).
De plus, un esport amateur bien développé soutiendra, comme les fondations d’une pyramide, le tissu professionnel qui commence à s’installer sur notre territoire.

Est-ce que l’esport amateur est prêt pour un développement qui serait calqué sur le modèle sportif ?

Beaucoup d’éléments de l'action mise en place par la Ville sont empruntés aux sports amateurs : mais nous n’oublions pas toutes les spécificités propres à l’esport, notamment les enjeux avec les ayants droit. Nous observons à ce titre les modèles de développement dans les autres villes et autres pays et pourrons adapter notre stratégie.
Cette vision de l'esport amateur est nouvelle et la mise en œuvre cohérente de l’ensemble des actions développées plus haut ne se fera pas du jour au lendemain et ne se fera pas forcément sans heurt. C’est la raison pour laquelle nous discutons ainsi quotidiennement avec les acteurs associatifs de l’esport, pour construire ensemble des projets qui répondent aux enjeux, aux missions sociales et de santé publique de la Ville.
Encourager le tissu amateur à se tourner vers des solutions locales et ouvertes à tous est donc un défi du quotidien : activité extra-scolaires, tournois amateurs, animations dans les quartiers, etc. La Ville souhaite également soutenir les acteurs à se « fédérer » à travers une association d’organisations locales, Paris Esports, pour synchroniser les différents projets et calendriers, permettre de faire remonter les enjeux communs à la collectivité, faire le lien avec France Esports, et créer l’équivalent d’un « comité régional». À terme, nous espérons également fédérer les acteurs en travaillant avec eux pour monter un événement phare à l’Hôtel de Ville !

Qui contacter pour parler d'esport avec la Ville de Paris ?

Au sein de la Direction de la jeunesse et des sports, la Ville dispose d'une cellule esportive. Il est possible de leur écrire à cette adresse : qwf-rfcbegf@cnevf.se[djs-esports puis paris.fr après le signe @].