La flamme à Paris ce 15 juillet : « Un spectacle qu’on observe qu’une fois dans sa vie »

Pour bien débuter la semaine, quoi de mieux que d'aller observer la flamme olympique ? Réponse : la voir dans l'un des plus beaux cadres de la capitale : Montmartre et son Sacré-Cœur ! 40 minutes avant l'heure de passage, quelques dizaines de personnes attendent déjà au pied des escaliers du parvis, parés d'une fresque olympique. L'ambiance est calme, entre quelques étirements et des discussions pour se raconter son week-end.

Théa, 4 ans, est assise aux pieds de ses parents. Dans ses petites mains, elle tient fermement une flamme olympique fabriquée à l'aide de feuilles de papier rouge et blanc. « Toute l'année, ils ont parlé des Jeux olympiques à l'école. Notre séjour en famille à Paris coïncidait avec le passage de la flamme alors on en a profité pour venir ici ! Sur notre droite on voit tout Paris et sur notre gauche le Sacré-Cœur, difficile de faire mieux pour attendre la flamme », sourit sa mère, venue de l'est de la France.

De son côté, Lison, en tenue de running entièrement noire, a profité de son habituelle course à pied matinale entre le 17^e arrondissement et Montmartre pour venir observer le relais de la flamme. « Il est possible que je sois un peu en retard au travail mais j'ai une bonne excuse : je suis allée voir un spectacle qu'on n'observe qu'une fois dans sa vie ! », glisse la trentenaire.

Ici, comme dans tous les autres lieux emblématiques du passage de la flamme, le spectacle ne vient pas uniquement du relais. Les 30 danseurs de la compagnie Murmuration sont prêts à investir les marches pour réaliser, assis, une chorégraphie imaginée par Sadeck Berrabah. Une clameur monte et la relayeuse fait son apparition sur le parvis. Il s'agit de la comédienne Claudia Tagbo dont la torche est éteinte : elle attend, comme tout le public, l'arrivée du précédent relayeur.

Celui-ci est accompagné d'applaudissements toujours plus nourris à mesure que le feu sacré olympique se rapproche de Claudia Tagbo. Voilà les relayeurs face à face, leurs torches se touchent et s'embrasent, l'actrice française descend alors les marches au milieu des danseurs. Le temps de prendre la pose puis d'haranguer la foule et la voilà qui passe désormais entre les deux rangées de spectateurs debout derrière les barrières. Son grand sourire aux lèvres, elle fait coucou de la main avant de disparaître au loin. Bientôt, on ne voit plus que la flamme.

« C’est qui qui porte la flamme, tu le reconnais ? ». Dans la foule massée face à l’Arc de Triomphe (8^e), certains identifient rapidement le porteur de la torche olympique : c’est le chanteur Amir, qui avait terminé 6^e à l’Eurovision en 2016 ! L’artiste, accompagné de Nina Métayer, élue meilleure pâtissière du monde, parcourt ensuite 200 mètres sur les Champs-Élysées. Puis, d’autres porteurs de flamme se succèdent pour cette mini parade sur la célèbre avenue.

Une bonne surprise pour Camille, venue avec ses deux fils et son mari du Mexique. « On se sent un peu privilégiés d’être là, confie la jeune femme. Le timing est parfait, on ne reste que deux jours à Paris. C’est notre seule occasion de participer aux JO, sinon tout se passera à la télévision pour nous ». Hier, elle appréciait le feu d’artifice, et aujourd’hui la torche olympique : « On a l’impression de revivre un mini 14-Juillet grâce à la flamme. C’est impressionnant de voir toute cette logistique autour de l’événement ».

Non loin, Christiane, venue de province, apprécie le moment : « C’est magnifique. Hier, on était près de la Tour Eiffel, et aujourd’hui on découvre la flamme. J’espère que nos athlètes français auront bientôt le mérite de nous rapporter des médailles ! ». 11h20 : le cortège de la flamme retrouve le rond-point de l’Arc de Triomphe. Direction l’ouest et le sud de Paris pour de nouvelles aventures !

Après un passage iconique sur le parvis du Trocadéro, la flamme se dirige vers la place de la Catalogne (14^e). « Wow ! Mais c'est fou, regarde ! » Ce n'est pas (encore) elle qui engendre la réaction de cet enfant mais un acrobate perché sur sa slackline à près de 20 mètres de haut. Cette pratique sportive de funambule consiste à avancer -sans balancier- sur une sangle suspendue dans le vide. La démonstration effectuée ici par l'association Parislack est pour le moins impressionnante puisque la sangle est tendue d'un bout à l'autre de la place, au-dessus des 270 arbres qui peuplent désormais cette forêt urbaine.

La foule est venue nombreuse et certains ont même prévu leur siège de camping pour patienter. D'autres, plus jeunes et pieds nus, s'initient à la slackline en restant à 30 centimètres du sol -ce qui reste un sacré défi tant la pratique nécessite de l'équilibre-.

À 15h, l'ambiance monte d'un cran. Les véhicules des partenaires des Jeux de Paris 2024 mettent l'ambiance en musique avant qu'un bus ne dépose le relayeur… Ou plutôt les relayeurs ! En effet, c'est Arthur Le Comte du Colombier, un Parisien déficient visuel et pratiquant l'athlétisme au club de la JAM (14^e) qui hérite de la torche, accompagné par sa coéquipière Gwendoline Michelet.

Pour profiter du spectacle au premier rang, Serge et ses collègues sont arrivés il y a plus d’une heure. En quittant la place, le salarié d’une entreprise voisine explique : « C’est passé vite mais toujours moins vite que le Tour de France ! Il y avait une belle animation pour patienter, c’était un moment convivial. Cela valait le court déplacement car je n’avais jamais vu la flamme et que je ne la reverrai peut-être jamais en vrai ! »

Même ambiance une petite heure plus tard sur les trottoirs de la rue de la Butte aux cailles (13^e). « C’est sympa, se réjouit Marie-Thérèse, qui habite tout près. Le passage de la flamme est un événement important pour les enfants du quartier ». Elle-même est venue avec son petit-fils, Gabin. Leurs voisins guettent l’arrivée de la flamme sur le direct télévisé depuis… leur téléphone mobile. « Elle est sur le boulevard Auguste-Blanqui, elle approche », glisse une voisine.

Une première torche, éteinte, est amenée par un relayeur en tenue blanche. On l’entoure, on multiplie les photos, on la touche, et une femme embrasse même la torche ! Et bientôt voilà la seconde, portée par une jeune femme rue de la Butte aux Cailles, sous les « bravos » et les « Merci » des badauds. Une ambiance de liesse digne du passage du Tour de France ! Les passants entourent les deux relayeurs et leurs torches dans une joyeuse cohue. Une à deux minutes passent, et voici une seule torche repartie vers d’autres quartiers de la capitale, pendant que la seconde est éteinte.

« C’était trop bien, se réjouit Gabin. Le relais, la flamme, j’ai tout aimé ! ». Même joie chez Clémence, venue en voisine admirer la flamme : « Elle est passée vite, mais c’était très émouvant, cela nous met d’un coup dans l’ambiance des Jeux olympiques ! ».

Après une dernière boucle par le Port de l’Arsenal (12^e), la place Léon Blum (11^e), la rue de Belleville (19^e) notamment, la flamme s'apprête à terminer son périple parisien place de la République pour une soirée festive en ce lundi 15 juillet. La prochaine fois qu'elle reviendra à Paris sera pour rejoindre son réceptacle du 26 juillet au 11 août.