L’église de la Madeleine n’a ni croix ni clocher
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 25/03/2024
Sommaire
Elle domine le faubourg Saint-Honoré, donne son nom à un quartier du 8e arrondissement et sort tout juste d’une cure de jouvence. Ses travaux de rénovation enfin achevés, elle est inaugurée en ce 3 avril. Perçons quelques-uns des secrets de cette paroisse pas comme les autres !
Sa construction a duré près de… quatre-vingts ans !
Si Louis XV pose la première pierre de l’église de la Madeleine en 1764 – le projet est alors de bâtir une église classique en forme de croix latine surmontée d’un dôme modeste –, la Révolution interrompt sa construction. On envisage d’en faire une bibliothèque, un opéra, un marché pour les artisans… Napoléon en décide autrement : il souhaite que l’édifice soit dédié à sa Grande Armée. Les travaux reprennent donc en 1806 sous la direction de l’architecte Pierre Vignon, qui donnera à ce « temple de la Gloire » la forme d’un temple antique corinthien avec des proportions majestueuses.
Mais les difficultés financières, dues aux coûteuses campagnes militaires, retardent les opérations… Napoléon se demande si cet ouvrage ne devrait pas redevenir une église ! De fait, la restauration, sans changer l’architecture générale, lui redonne sa vocation initiale. Le chantier se poursuit et la Madeleine est enfin consacrée en 1842, quatre-vingts ans après la pose de la première pierre !
Au cours de son inauguration, le roi Louis Philippe Ier cède l’église à la Ville de Paris.
Elle n’est pas tournée vers l’est comme les autres églises
Elle est étonnante : son style architectural néoclassique ressemble fort à celui des temples grecs puisque la Madeleine est quasiment, pour ce qui est de l’aspect extérieur, une restitution de l’Olympiéion à Athènes. À ce titre, on n’y trouve ni croix ni clocher. À l’intérieur, elle n’a ni transept ni bas-côtés.
De plus, alors que toutes les églises ont leur nef orientée vers l’est, et Jérusalem, l’église de la Madeleine, elle, est orientée nord-sud.
Néanmoins, comme rappel à la religion, sur la façade principale se trouve un large fronton en haut-relief représentant le Jugement dernier.
Sous celui-ci, l’inscription latine D.O.M. SVB. INVOCAT S. MAR. MAGDALENÆ signifie « Au Dieu tout puissant et très grand, sous l’invocation de sainte Marie-Madeleine ».
Quelques chiffres de cet édifice monumental :
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52 colonnes corinthiennes de 20 mètres de haut
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Longueur : 108 mètres
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Largeur : 43 mètres
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Hauteur : 30 mètres
Elle a accueilli les funérailles de nombreux artistes
On se souvient de la cérémonie grandiose en hommage à Johnny Hallyday, le 9 décembre 2017, qui a regroupé un million de fans devant la Madeleine. Mais il n’est pas le seul grand artiste à avoir été honoré dans ce lieu, qui est d’ailleurs l’église paroissiale de l’Élysée. À commencer par Frédéric Chopin, décédé des suites d’une tuberculose en 1849. Sa propre Marche funèbre est alors jouée sur l’orgue.
Le 24 décembre 1921, le compositeur Camille Saint-Saëns est lui aussi honoré par ses proches et ses pairs dans l’église.
Son élève Gabriel Fauré, organiste et maître de chapelle à la Madeleine, a également reçu un bel hommage lors de son décès trois ans plus tard.
En 1963, Édith Piaf y a reçu une bénédiction de l’aumônier du théâtre et de la musique à la Madeleine. Après un hommage national et les honneurs militaires pour ses faits d’armes durant la Seconde Guerre mondiale, on y a célébré une grande messe en avril 1975 pour Joséphine Baker.
D’autres funérailles, comme celles de Charles Trenet en 2001, d’Henri Salvador en 2008 ou de Patrick Saint-Éloi du groupe Kassav' en 2010, ont aussi réuni les foules sur les marches.
Ses toilettes sont un bijou d’Art nouveau
Acajou verni, vitraux, céramiques décorées, mosaïque… Les W.-C. publics situés sous la place de la Madeleine s’inspirent des lavatories apparus dans les rues londoniennes au cours du XIXe siècle.
Le lavatory Madeleine a été construit en 1905 par les établissements Porcher. Les lieux accueillaient alors les hommes et les femmes. On y trouvait même une loge pour un gardien et un cireur de chaussures. Chaque cabine de toilette disposait d’un miroir et d’un lavabo individuels.
En 2011, le lavatory est classé au titre des monuments historiques. Il est alors fermé après plus d’un siècle d’activité afin d’être entièrement rénové… et de faire son grand retour en 2023.
Un restaurant associatif se cache dans ses entrailles
Au début du Second Empire, l’impératrice Eugénie se lance avec le concours de la paroisse dans une action d’aide aux indigents : ouvroirs, distributions de vêtements et collations, distributions de repas à domicile… C’est ainsi que la paroisse accueille aux heures de repas, dans les salles du rez-de-chaussée de l’église, les jeunes femmes qui travaillent dans les ateliers de haute couture du quartier.
À l’aube de la Première Guerre mondiale, l’abbé Turgis crée l’œuvre des midinettes (la dînette de midi) pour accueillir ces travailleuses et leur permettre de faire réchauffer leur gamelle sur les poêles à charbon.
Jusqu’en 1968, la paroisse met ses salles à la disposition d’œuvres de charité pour accueillir des personnes isolées et leur servir une collation.
Depuis 1969, l’association Foyer de la Madeleine a repris le projet : 80 bénévoles et trois salariés servent jusqu’à 300 convives à table, du lundi au vendredi. Un déjeuner pour un prix modique (13,50 € + adhésion pour entrée, plat et dessert) dans un lieu magique et hors du temps !
« Le restaurant est ouvert à tous. Des notaires du quartier et des personnes en difficulté (deux associations caritatives ont des places réservées pour des repas à 1 €) peuvent être assis à une même table et faire connaissance. C’est notre ADN : l’accueil, le partage, la mixité sociale », explique Patrick Cruciata, président de l’association, qui espère accueillir de nombreux sportifs, touristes et volontaires lors des Jeux olympiques et paralympiques.
« En effet, le restaurant, d’ordinaire fermé l’été, restera exceptionnellement ouvert en juillet et août 2024, et devrait proposer des tables en terrasse sur le parvis de l’église. Et peut-être même un foodtruck ! »
Des Bahianaises lavent ses marches tous les ans
Les
Brésiliens de Paris lavent les marches de la Madeleine chaque année au mois de septembre. Et cette coutume dure depuis 2002 ! Un rituel qui prend racine dans les lavages d’églises réalisés dans la région brésilienne de Bahia depuis deux siècles. Ce lavagem constitue un élément syncrétique car deux des communautés religieuses de Bahia – catholique et candomblé – y participent.
À Paris, le lavage prend la forme plus large d’un festival de la culture brésilienne – il réunit chaque année près de 30 000 participants autour de la culture, du tourisme et de la gastronomie du Brésil – tout en conservant la partie plus traditionnelle et rituelle : le nettoyage des marches de l’église de la Madeleine. Des femmes vêtues de costumes traditionnels bahianais, blancs, jettent de l’eau parfumée et des fleurs, puis balaient les marches après la prière du prêtre catholique de la Madeleine et d’un babalorixá (prêtre suprême du candomblé).
Ce rituel coïncide avec la fin d’un long cortège qui part en général de la place de la République avant de traverser les Grands Boulevards et de rejoindre la place de la Madeleine.
Elle sera un lieu de recueillement pour les athlètes des Jeux de Paris 2024
Le 9 septembre 2023, des supporters, anciens sportifs de haut niveau et dirigeants de clubs se sont rassemblés dans l’église de la Madeleine. La raison ? La bénédiction d’une chapelle désignée chef-lieu de la chrétienté pour la Coupe du monde de rugby et jusqu’à la fin des Jeux olympiques et paralympiques.
Notre-Dame des sportifs, située sur le côté gauche de l’édifice, est destinée à accueillir les athlètes, journalistes sportifs et anonymes qui souhaitent prendre soin de leur âme. On y trouve notamment un écran avec des phrases sur le sport et la foi, énoncées par le pape et ses prédécesseurs. Les visiteurs pourront déposer via des écrans tactiles des intentions de prière et auront également la possibilité de faire bénir des accessoires de sport : ballons, casques, tee-shirts, raquettes de tennis… et même vélos !
« L’idée est de créer un lien entre l’Église et les sportifs, un espace où profiter d’un temps d’écoute, de prière et de recueillement », soulignait Janvier Hongla, responsable communication des Holy Games, le programme de mobilisation de l’Église catholique pour les Jeux olympiques et paralympiques, dans les pages du Parisien. L’église de la Madeleine a par ailleurs été désignée chef-lieu de la chrétienté pendant la compétition olympique.
En savoir plus
Adresse : 1, place de la Madeleine (8e)
Heures d’ouverture : du lundi au dimanche de 9 h 30 à 19 h
Messes dominicales : messe à 18 h le samedi, messes à 10 h 30 et 18 h le dimanche
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