Latifa Ibn Ziaten : une mère-courage connectée à la jeunesse

Actualité

Mise à jour le 07/01/2020

Après l'assassinat de son fils en 2012, à Toulouse, Latifa Ibn Ziaten crée l'association Imad pour aller à la rencontre des jeunes. Alors que l'on commémore aujourd'hui le 5e anniversaire des attentats de Charlie, la maman d'Imad s'exprime sur 7 années d'engagement contre l'intolérance et le fanatisme. Interview.
A la tête de son association, Latifa Ibn Ziaten ne cesse de rencontrer les jeunes depuis 7 ans pour les protéger de l'intolérance et du fanatisme. Maman victime du terrorisme (elle a perdu son fils en 2012), elle se rend dans de nombreux établissements scolaires pour partager son expérience, comprendre et sensibiliser.

Cinq ans après l'attaque contre Charlie Hebdo, où en est-on aujourd'hui ?

Tout d'abord, je tiens à dire que ça me touche toujours énormément ce qui s'est passé à Charlie et je suis de tout cœur avec eux à l'occasion de cet anniversaire.
Depuis la mort d'Imad et la création de l'association, je me rends dans des établissements scolaires 2 à 3 fois par semaine pour dialoguer avec les jeunes. Et je vois combien cette génération a besoin d'amour, d'écoute. Beaucoup se sentent abandonnés par la République, réellement. Ça m'a choqué au début.
C'est vrai que lorsque je demande aux jeunes s'ils sont Charlie, certains peuvent me répondre qu'ils ne le sont pas car ils croient que les dessins étaient contre l'Islam. Mais quand démarre le dialogue, je leur explique que l'on ne peut pas tuer pour un dessin, que c'est un droit de faire de la satire. Lorsque l'on entame ce dialogue, que l'on dénoue leurs réponses, la réflexion commence et ils se mettent à pleurer, demandent pardon pour leur propos, me prennent dans leurs bras…

Peut-on dire que vous êtes quasiment devenue une sorte d'assistante sociale au service de la République ?

J'entends beaucoup d'appels au secours. Cette jeunesse, qui est l'avenir de la France, est très fragile, davantage que les précédentes. Elle demande aussi plus de dialogue, plus d'explications de la part des adultes. C'est pourquoi je dis aux parents, lors de soirées-rencontres, qu'il faut absolument prendre du temps pour leur parler, et avec bienveillance, car un enfant se souvient de tout. L'apprentissage de la tolérance, ça débute aussi à la maison, par le partage notamment.

Cette jeunesse, qui est l'avenir de la France, est très fragile, davantage que les précédentes. Elle demande aussi plus de dialogue, plus d'explications de la part des adultes.

Latifa Ibn Zianten
Fondatrice de IMAD : association pour la jeunesse et la paix
Je vais vous dire : j'ai emmené des enfants au Maroc et ces gosses étaient bouleversés par le sens du partage qui existe dans ces familles, même très pauvres. " C'est beau ça, Madame, merci, vous m'avez fait grandir ", c'est le genre de retours que je reçois après mes interventions.
Je dialogue avec eux simplement et je touche leur souffrance, c'est sûrement pour cela que le courant passe bien. Un jour, un cercueil passait dans la rue et je me suis arrêtée par respect devant le convoi. Un jeune m'a alors demandé : " Mais pourquoi vous faites cela alors que vous ne connaissez pas la personne ? " Je lui ai dit que justement il fallait s'arrêter parce qu'un jour quelqu'un s'arrêtera aussi pour nous. Voilà, c'est comme ça que débute la tolérance.

Comment lutter contre l'obscurantisme et le fanatisme ?

On doit mieux s'occuper des enfants, notamment des quartiers populaires. Ils ne sortent jamais de leur habitat, ne rencontrent pas des jeunes d'autre milieu et sont fragilisés. Ils deviennent alors des proies faciles pour les intégristes. L'éducation est vraiment la clé. Leur donner de l'amour, de l'attention… mais aussi de la présence, car ce n'est pas le matériel qui les rendra heureux !
Bilan 2019 de l'association Imad
- 6 546 jeunes sensibilisés dans 42 établissements scolaires
- 7 030 adultes sensibilisés lors des conférences grand public dans 23 villes en France
- 503 jeunes et adultes sensibilisés en milieu carcéral dans 8 établissements (maisons d’arrêt, centres pénitentiaire, PJJ).

Site internet Imad

Imad Ibn Ziaten fut le premier militaire tué par Mohamed Merah le 11 mars 2012. Depuis, Latifa a créé une association au nom de son fils et se rend dans les écoles et les prisons. Elle mène aussi des projets éducatifs en France et à l'étranger, du Maroc à la Chine en passant par Israël.
Depuis 7 ans, l'association œuvre également au dialogue inter-religieux.

Vous pouvez soutenir l'association en devenant
bénévole
membre actif
ou en faisant un don sur https://association-imad.fr

Coordonnées de l'association Imad

Imad : Association pour la Jeunesse et la Paix
B.P. 20100
763030 Sotteville-lès-Rouen CEDEX
Téléphone : 09 83 31 33 73

email : [ contact@association-imad.fr après le signe @]pbagnpg@nffbpvngvba-vznq.se[contact puis association-imad.fr après le signe @]

Projet éducatif et solidaire " Ensemble avec Imad "

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