Le break fait décoller la confiance en soi des collégiens

Reportage

Mise à jour le 12/07/2024

Un groupe de breakeurs sur la scène
Discipline olympique, le breakdance est à la fois un moyen d’expression artistique, d’affirmation personnelle et d’intégration. La preuve avec les collégiens participant au projet « Émancipation par le break », auteurs d’une incroyable performance dansée.
Chaude ambiance en cette soirée de juin au Centre Paris Anim' Louis Lumière (20e). Deux animateurs électrisent le public de la salle de spectacle, des parents venus en masse pour applaudir leurs enfants, des collégiens issus de onze établissements parisiens participant au projet « Émancipation par le break ».
Sur scène, au rythme de la musique, ils exécutent des figures impressionnantes à base de rotations, de sauts, de contorsions et s’affrontent en battles (défis individuels ou en équipe). Ils enchaînent les jeux de jambes fluides et maîtrisent les figures au sol pour créer des chorégraphies aussi acrobatiques qu’artistiques.
À la croisée de l’art et du sport, le breakdance, aussi appelé break ou breaking, est né dans la rue aux États-Unis. « Le breakdance est une forme physique de hip-hop, caractérisée par des figures au sol », explique Kanay, danseur du collectif Move and Art et chorégraphe pour « Émancipation par le break ».
Promue discipline olympique aux Jeux de 2024, cette forme d’expression artistique à travers le langage du corps et devant un public est aussi une véritable école de confiance en soi. « S’émanciper c’est avant tout se libérer du regard des autres. C’est s’affranchir de leur jugement, dépasser ses limites et persévérer dans sa pratique ! »

Gagner en assurance

Pour encourager les jeunes danseurs, Kanay sait trouver les mots. Il leur explique que la danse lui a permis d’exister et de gagner de l’assurance, dans sa scolarité comme dans la vie. « Il faut accepter de ne pas être parfait, d’ailleurs personne ne l’est. L’important c’est d’aller jusqu’au bout de son projet, avec ses faiblesses et ses forces ».
Un discours efficace auprès d’Haymann, élève de 5e : « Le breakdance permet à des personnes timides de se libérer et de montrer ce qu’elles savent faire. Pour faire de belles figures, il faut muscler son mental et beaucoup s’entraîner ».
Comme le mentionne Pacifique, élève de 5e, les jeunes danseurs constatent leurs progrès grâce à leur persévérance au fil des entraînements. : « Au début, je n’étais pas très forte en break mais j’ai continué les cours et grâce aux professeurs de danse, j’ai évolué. Maintenant, une fois que je suis lancée et que je réussis une figure, je suis fière du résultat ! »

Mixité, égalité, parité

Issu du dispositif Action collégien « Émancipation par le break », propose aux jeunes de s’initier gratuitement au break tout au long de l’année scolaire. Destiné notamment à lutter contre le décrochage scolaire, le programme permet, à travers la pratique et les valeurs de la danse, d’aborder des thèmes tels que la citoyenneté, le travail d’équipe, la discipline, le goût de l’effort et le dépassement de soi.
Le break véhicule des valeurs fortes autour du sport, de la culture, de la solidarité, de la cohésion sociale, de la coopération, et de l’esprit d’équipe. Il permet de surmonter les obstacles liés au genre, au handicap et aux préjugés tout en favorisant le bien-être et l’apprentissage, des thématiques au cœur du Projet éducatif de territoire (PEDT) parisien.
« La base du hip-hop, c’est le rassemblement. Peu importe l’origine, l’âge ou les capacités, cette danse est ouverte à tous. Elle est un brassage de cultures différentes », signale Kanay.
Un avis que partage Abdelwahid Kotbi, coordinateur du projet « Émancipation par le break » à la direction des affaires scolaires (Dasco) de la Ville de Paris : « Lorsque nous avons mis en place ce parcours il y a un peu plus de deux ans, nous avons constaté que malgré l’image souvent masculine associée à la culture urbaine, les filles et les garçons des collèges voulaient pratiquer le break. »

Depuis que je fais du break, je me fiche du regard des autres. Le break m’a libérée.

Helin

Fenêtre sur les métiers artistiques

Le projet « Émancipation par le break » s’est révélé être également un outil de communication et de sensibilisation à des thématiques telles que la santé, le bien-être et l’alimentation souligne aussi Abdelwahid Kotbi. Le programme met également en lumière la diversité des carrières artistiques et sportives, soulignant que de nombreuses opportunités d’emploi existent dans ces domaines, même sans être soi-même artiste ou sportif.
« Nous avons commencé avec des élèves de trois collèges et nous en avons rassemblé onze cette année. C’est une belle évolution ! », se félicite Abdelwahid Kotbi. Des jeunes talents tous réunis sur scène pour un « grand final » et chaleureusement acclamés sous un tonnerre d’applaudissements.
Tout au long de l’année scolaire, les collégiens participant au programme « Émancipation par le break » ont bénéficié de 30 heures de danse et d’activités culturelles centrées sur le hip-hop, dispensées par des collectifs de danseurs.