Place de la Concorde réaménagée : l'architecte lauréat imagine une « place-jardin »
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Mise à jour le 27/03/2025

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L'équipe de Philippe Prost et Bruel Delmar a été désignée pour le réaménagement de la place de la Concorde (8e), jeudi 27 mars 2025. L'objectif est à la fois de sublimer le site tout en l'adaptant aux enjeux du réchauffement climatique. Découvrez à quoi ressemblera la plus vaste place de la capitale, où les visiteurs profiteront de 2,8 hectares d'espaces verts.
Le jury a rendu son verdict : c'est l'équipe de l'architecte Philippe Prost et du paysagiste Bruel Delmar qui a été retenue comme lauréate pour le réaménagement de la place de la Concorde (8e). Adaptation au changement climatique, végétalisation, mise en valeur du patrimoine… C’est sur ces questions, et bien d’autres encore, que l'équipe lauréate s'est penchée pour définir son projet.
« Notre projet a à la fois de l'ambition et de l'humilité, pour réaménager la plus grande place parisienne, a réagi Phillipe Prost, à l'annonce du vote du jury. Nous faisons converger les objectifs de restauration de la place et son réaménagement autour des enjeux climatiques, des mobilités et de la diversité des usages. »
Dessiner une place-jardin
Vue de la place de la Concorde après rénovation
Credit
Philippe Prost, architecte/AAPP © Jeudi Wang © adagp,2025
Le projet lauréat innove avec des plantations de pelouses sur la place et la plantation de 131 arbres. Objectif : faire de Concorde une « place-jardin ». Les fossés de la place seront également végétalisés, et l'anneau central piéton sera élargi. « Notre objectif est de créer une place où l'on aura plaisir à rester », détaille Philippe Prost.
Deux tiers de la place seront dédiés aux piétons, et 2,8 hectares, sur les 8 hectares, seront aménagés en espaces verts. Les fossés, à l'ouest et à l'est de la place, seront également restitués et végétalisés, avec également des plantations d'arbres. Ces fossés serviront de trait d’union avec la Seine et les jardins des Champs-Élysées. Ils permettront la collecte des eaux de pluie, jusqu’à 5 jours de pluie intense.
Autre innovation : 50 % de la place sera rendue perméable, ce qui permettra un rafraîchissement de 8 degrés au sol. Budget total du réaménagement : entre 36 et 38 millions d'euros.
Le projet dans le détail
Un patrimoine mis en valeur
Des balustrades rénovées, retravail des groupes sculptés, restauration des guérites : ce projet fait la part belle à la
préservation de l'identité historique de la Concorde. Pour redonner son éclat à la place, ce travail a déjà
entamé par la Ville de Paris avec la restauration des fontaines dorées en
amont des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
Végétalisation renforcée
Les anciens fossés sont restitués, végétalisés, et pensés comme des oasis de fraîcheur. Les parterres sont entièrement végétalisés, transformés en larges pelouses accessibles en référence aux anciens boulingrins visibles sur les gravures du XVIIIe forment un ensemble de 2,8 hectares d'espaces verts en plein Paris.
Adaptation au changement climatique
Cette présence accrue d'espaces verts et de nature en plein cœur d'une place qui forment un des îlots de chaleurs urbains les plus importants de la capitale, permet de rafraîchir la Concorde et ses alentours. Le projet lauréat permet de réduire la température au sol de 8,5 degrés par rapport à aujourd'hui.
Les piétons à la fête
Le projet permet de retrouver la place promenade historique en l'apaisant et en redonnant la priorité aux piétons avec plus de 66 % de la surface leur étant dédiée. La place reste tout de même traversable pour les véhicules motorisés, sur un seul côté.
Le retour à la Seine
Suivant les préconisations de la Commission Concorde, le projet repense la circulation automobile côté Seine et permet de redonner un accès piéton au fleuve via un escalier.
Les 12 propositions de la commission Concorde
Avant la désignation du lauréat, la commission Concorde s’était réunie les 3 et 23 avril, les 14 et 22 mai et le 11 juin 2024 pour penser collectivement l’avenir de cette place.
Voici la synthèse de ses préconisations :
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Conserver la composition symétrique de la place de la Concorde et les grandes perspectives
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Préserver et valoriser les éléments architecturaux et décors historiques existants qui donnent l’échelle de la place
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Retrouver la place-promenade historique avec ses fossés plantés
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Désimperméabiliser les parterres
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Adapter les essences végétales aux enjeux climatiques
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Retrouver la continuité entre les jardins Champs-Élysées et la place de la Concorde en effaçant la trémie existante
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Renforcer le lien avec la Seine en effaçant les trémies de la voie Georges Pompidou
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Réduire l’emprise de la circulation automobile pour redonner la priorité aux piétons et à la végétalisation
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Améliorer le confort de la place en faveur des piétons et de la promenade
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Assurer la coexistence des usages avec une séparation des flux
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Conserver le statut d’espace de rassemblement populaire : un lieu de mémoire, de culture et d’histoire
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Réaliser une charte pour harmoniser les évènements de courte durée
Avant cela, il fallait recueillir l'avis favorable de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA). C'est chose faite depuis le 26 septembre 2024. La CNPA a souligné le sérieux et la pertinence du programme proposé par la Ville de Paris pour la transformation de la place de la Concorde. C'est toute la méthode employée par la Ville qui est saluée, notamment le travail fourni par la Commission Concorde.
Les ambitions du projet
Le projet doit permettre à la plus vaste place de Paris de retrouver son attrait en rétablissant le lien entre l’avenue des Champs-Élysées et le jardin des Tuileries par une réduction de la place dédiée à la circulation motorisée au profit des piétons, mais aussi en intégrant de la végétalisation pour faire face à des étés à 50 °C.
Les principaux objectifs poursuivis :
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pacifier et apaiser la plus grande place parisienne, en facilitant sa traversée et privilégiant les mobilités actives ;
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lutter contre l’îlot de chaleur, rafraîchir la place et favoriser les continuités écologiques ;
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renouer avec le patrimoine végétal, l’histoire de la place et ses perspectives emblématiques ;
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préserver la vocation d’espace de rassemblement de la Concorde ;
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offrir une nouvelle expérience et de nouveaux usages.
Le périmètre de l’opération s’étend sur une surface de 7 hectares, comprenant l’ensemble de la place de la Concorde, de la Seine, l’Hôtel de la Marine ainsi que les jardins des Champs-Élysées et les Tuileries.
Le réaménagement de la place de la Concorde constituera un nouveau marqueur de la rénovation et de la mise en valeur de la séquence porte Maillot/place Charles-de-Gaulle Étoile/avenue des Champs-Élysées, d’ores et déjà initiées par les importants travaux réalisés porte Maillot, et les investissements réalisés par la Ville de Paris en 2023 sur l’avenue des Champs-Élysées, dans ses jardins, ainsi que sur la place de l’Étoile.
L’avenir de la place de la Concorde se construira en outre en s’appuyant sur les premières mises en valeur patrimoniales déjà engagées avec la rénovation des fontaines et de deux guérites.
Qui sont les experts ?
Plusieurs personnalités, nommées par la maire de Paris le 3 avril, seront chargées de réfléchir à ces questions au cours des prochaines semaines. Ils sont réunis dans une commission d’experts présidée par Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture entre 2002 et 2004.
Ann-José Arlot, architecte, inspectrice générale des affaires culturelles et directrice de l’architecture honoraire du ministère de la Culture, membre de l’Académie d’architecture et membre de la Commission du Vieux Paris en est la vice-présidente.
Les autres membres sont : Lazare Eloundou Assomo, directeur du patrimoine mondial de l’Unesco, Isabelle Backouche, directrice d’études à l’EHESS-CRH, Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand parc de Versailles, Stéphane Bern, journaliste et écrivain, Jean-Marc Blanchecotte, architecte urbaniste en chef de l’État honoraire, ancien chef de l’unité départementale de l’architecture et du patrimoine de Paris, Patrick Boucheron, historien, professeur au Collège de France, Jeanne Bruge, directrice adjointe du Collectif Vélo Île-de-France, Alexandre Gady, historien de Paris et du patrimoine, François Gemenne, chercheur, enseignant sur les politiques du climat et les migrations internationales, président du conseil scientifique de la Fondation Nature et l’Homme, co-auteur du 6e rapport du GIEC, Julia Hidalgo, chercheuse au CNRS - climatologie et météorologie urbaines, impact et adaptation des villes au changement climatique, Jean Jouzel, paléoclimatologue, ancien vice-président du GIEC, Alexandre Labasse, architecte, directeur général de l’Atelier parisien d’Urbanisme, membre de l’Académie d’architecture et de la commission du Vieux Paris, président de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris Versailles, Jean-François Lagneau, architecte en chef des Monuments historiques, Jean-François Legaret, président de la Commission du Vieux Paris, et Marion Waller, directrice générale du Pavillon de l’Arsenal.
À ces experts s’ajoute un collège de grands voisins regroupant les acteurs culturels politiques et économiques de la place de la Concorde (Comité des Champs-Élysées, musée du Louvre, Hôtel Crillon…).
L’objectif de la commission est de fixer les règles du jeu des possibles sur la place : prescriptions sur les vues, la mise en valeur du patrimoine, la place du végétal, etc.
Nourrir la réflexion grâce aux Parisiens
La Coupe du Monde de Rugby, avec son village occupant la moitié de la place puis les Jeux olympiques qui l'ont transformé en parc urbain et enfin la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques l’ont bien montré : les Parisiens et les visiteurs sont prêts à se saisir de cet espace libéré pour profiter pleinement de ce patrimoine historique et de cet espace public disponible.
En parallèle une concertation publique a invité les Parisiens, Grands-Parisiens et usagers de la place à s'exprimer sur ce réaménagement et ces évolutions.
La concertation, lancée du 2 avril au 29 mai 2024, avait vocation à les associer afin de nourrir la réflexion, notamment du point de vue des usages attendus. Elle a recueilli 953 contributions.
Retrouvez la consultation publique sur Décider pour Paris.
La place de la Concorde, un joyau de l’histoire de Paris
La place de la Concorde a rayonné en 2024 dans le monde entier en accueillant les épreuves de breaking, de BMX freestyle, des skateboard et de basketball 3 x3 des Jeux olympiques.
Rappelons que ce site, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, est une place royale, classée Monument Historique, située entre le jardin des Tuileries et celui des Champs-Élysées et jalon de l’axe historique. Une place qui a été façonnée par les grands noms de l’histoire urbaine et architecturale : Ange-Jacques Gabriel, Jacques-Ignace Hittorff et le baron Haussmann. Une « place monument » qui accueille en son sein de multiples trésors comme l’Obélisque de Louxor, des colonnes rostrales, des fontaines ou encore des statues représentant les grandes villes de France.
C’est aussi une place citoyenne, marquée par l’exécution de Louis XVI, qui accueille le défilé du 14 juillet, par laquelle passe le Tour de France, où se tiennent des manifestations ou des meetings politiques, parfois des défilés de mode.
N’oublions pas, enfin, que le nom qu’elle porte aujourd’hui, Concorde, a été choisi après la Terreur pour marquer la réconciliation entre les Français.
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