Le pont de Sully rouvre après sa réparation : « Le faire en cinq mois, c’est très fort. »

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Mise à jour le 05/07/2024

Vue sur une partie du Pont de Sully.
Depuis qu’un bateau-mouche a endommagé le pont de Sully fin janvier, une course contre-la-montre s’est engagée pour réparer cet ouvrage avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet. Au terme d’un chantier qui a mobilisé près de 150 personnes, c’est désormais chose faite ! La navigation fluviale est revenue à la normale et la circulation automobile reprend dès ce samedi 6 juillet.
« Le chantier touche à sa fin. Cela a été une sacrée aventure, intense, mais motivée par une échéance que l’on ne connaît qu’une fois dans sa vie : celle des Jeux de Paris 2024 », sourit Ambroise Dufayet, ingénieur responsable des ouvrages d’art à la Ville de Paris. Et pour cause : le pont de Sully, endommagé par un bateau-mouche à la fin du mois de janvier, verra défiler les bateaux des différentes délégations olympiques lors de la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet prochain.
Le lendemain, ce sont les cyclistes de l’épreuve du contre-la-montre qui l’emprunteront. « Sans oublier qu’il s’agit d’un axe majeur de transports pour les Parisiens et le transport fluvial. On comprend pourquoi il fallait réaliser les travaux dans un temps record », ajoute l’ingénieur.

Le pont de Sully est situé dans une zone intense au niveau patrimonial, ça a aussi participé à une forte mobilisation des équipes.

AMBROISE DUFAYET
ingénieur responsable des ouvrages d’art à la Ville de Paris.

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« Nous avons craint que l’ouvrage s’écroule »

« Dès que le pilote du bateau-mouche a annoncé son accident, j’ai reçu une photo des dégâts dans l’après-midi et, une heure après, nous étions sur le pont en train d’observer les conséquences, se souvient Ambroise Dufayet. Nous avons craint la ruine de l’ouvrage, c’est-à-dire qu’il s’écroule. »
Il faut dire que la collision a été violente puisque deux arcs se sont cassés de façon nette. Un accident en partie dû à la fragilité du matériau d’origine du pont de Sully : la fonte. Ce pont bâti en 1876 est le seul de Paris à être construit dans cet alliage, « qui peut se casser assez facilement, au contraire de l’acier moderne qui va plutôt se déformer et sur lequel il est plus simple d’intervenir », précise M. Dufayet.
Le saviez-vous ?
Paris compte 37 ponts intra-muros, dont l’entretien est assuré par la Ville de Paris. Inauguré en 1877, le pont de Sully, d’une longueur d’environ 250 mètres, a remplacé deux anciennes passerelles. Il doit son nom au duc de Sully, ministre du roi Henri IV, dont l’hôtel particulier se situait tout près du pont.
Face à l’urgence, la fourmilière s’organise immédiatement. La phase de diagnostic, précédant les travaux, dure un mois et demi : elle permet de mieux comprendre la façon dont le pont est endommagé, puis de définir les objectifs de travaux avec les entreprises spécialisées auxquelles la Ville fait appel. Pendant trois jours seulement, la navigation fluviale est fermée. Si les plus petits bateaux sont déviés, ce n’est pas le cas des plus gros qui assurent notamment le transport des céréales ou l’approvisionnement de certaines entreprises.
« Pour permettre aux bateaux de naviguer à nouveau, il a fallu s’assurer qu’il n’y avait aucun danger d’écroulement : nous avons notamment mis en place un système de suivi des mouvements du pont 24 h/24. Puis, avec les Voies navigables de France et la préfecture de Police de Paris, nous avons ouvert des créneaux de navigation de midi à 23 heures, avant lesquelles des inspections étaient systématiquement réalisées », détaille l’ingénieur.

« Tout le monde a été très investi »

Vue sur les travaux du Pont de Sully suite à la collision du bateau "diamant bleu".
Quelques semaines plus tard, dès les diagnostics terminés, les travaux commencent. Il faut d’abord sécuriser le pont, notamment à l’aide d’une grande poutre bleue sur la partie supérieure, qui permet de retenir l’ouvrage en cas de chute. Les ouvriers se relaient tous les jours de la semaine, et souvent jour et nuit, pour tenir les délais.
Vient finalement la phase de confortement, qui consiste à réparer les arcs endommagés. Ambroise Dufayet explique : « Nous avons utilisé du béton projeté et non de la fonte afin de respecter les délais. Là, c’est une sorte de pansement structurel que nous avons fait, ce qui a permis d’enlever le système de sécurisation, dont la poutre bleue faisait partie. Réaliser tout ça en cinq mois, c’est très fort. Tout le monde a été très investi dans le chantier. »
Dans un premier temps, seuls les véhicules de moins de 3,5 tonnes pourront circuler sur le pont de Sully.