Le Sacré-Cœur de Montmartre, qui fête ses 150 ans, n’a pas pris une ride

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 27/03/2025

Vue en contre plongée sur la façade de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.
La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre serait le monument le plus photographié de Paris. C’est aussi un haut lieu de pèlerinage, de prière et d’accueil. Découvrez 12 anecdotes sur cet édifice dont le premier coup de pioche date d’il y a exactement… cent cinquante ans !

C’est le monument parisien le plus instagrammé

Située au sommet de la butte Montmartre (18e), à 130 mètres d’altitude, la basilique surplombe Paris. Un funiculaire a même été construit dès 1891 pour la desservir. Sinon, il faut grimper 222 marches ! Est-ce parce qu’on peut l’admirer de tout Paris que le Sacré-Cœur est le monument le plus photographié de la capitale, selon une étude de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) basée sur les hashtags postés sur Instagram ?

Un projet inspiré des basiliques Sainte-Sophie (Constantinople) et Saint-Marc (Venise)

Colline sacrée depuis les temps les plus anciens, lieu du martyre de Saint-Denis, le site sélectionné pour bâtir ce monument est chargé d’histoire et de spiritualité. Y construire un édifice religieux en 1875 est un chantier herculéen. Aux manettes de ce défi, l’architecte Paul Abadie, disciple de Viollet-le-Duc, dont le projet est choisi parmi 78 propositions soumises à un jury.
Sa proposition est osée : une église de style romano-byzantin, inspirée des basiliques Sainte-Sophie de Constantinople et Saint-Marc de Venise. Le 16 juin 1875, la première pierre est posée. Les fondations à elles seules nécessitent deux ans de travail : 83 puits de fondation de 33 mètres de profondeur sont creusés pour assurer la stabilité de l’édifice.

Construite grâce aux dons de 10 millions de fidèles

Le financement participatif dure tout au long des quarante années de chantier. Dix millions de personnes – cela représente à l’époque près d’un tiers de la population française ! – permettent de réunir la somme de 46 millions de francs. Chaque donateur peut, selon ses moyens, offrir une pierre ou une colonne. Partout dans la basilique et dans la crypte, des noms de famille gravés sur les pierres rappellent cet élan de générosité.
Des corporations et des congrégations se sont même offert des chapelles : la chapelle Notre-Dame-de-la-Mer est souscrite par un comité de marins – ouvrez l’œil pour dénicher ici une ancre, là une coque de navire –, la chapelle Saint-Louis par des avocats et des magistrats, la chapelle Saint-Luc par l’Ordre des médecins.
L’église est ouverte au culte depuis 1891, et c’est le 16 octobre 1919 qu’elle est officiellement consacrée.

Sa pierre blanchit au contact de l’eau !

Pour les parties extérieures du monument, Paul Abadie a choisi un calcaire très dur au grain fin, extrait des carrières de Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne). Cette pierre blanchit au contact de l’eau de pluie. Chaque averse est donc l’occasion pour la basilique de garder son éclat ! La façade du Sacré-Cœur présente tout de même des zones où la pierre a noirci : ce sont les endroits où les gouttes ne ruissellent pas…
Difficile à travailler, ce matériau a été peu utilisé à Paris, à l’exception de l’Arc de Triomphe et de la statue de Sainte-Geneviève, réalisée par Paul Landowski sur le pont de la Tournelle.

19,6 tonnes, c’est le poids de « la Savoyarde »

Gros plan sur la cloche de la basilique
C’est à Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie) qu’a été coulée la plus grosse cloche de France, acheminée à Paris en 1895. « La Savoyarde », de son vrai nom Françoise-Marguerite du Sacré-Cœur de Jésus, sonne dans une tonalité de contre-ut grave. Elle est installée dans le campanile en 1907, à 34 mètres du sol. À l’époque, il faut la force de huit hommes pour appuyer sur les pédales et tirer sur les cordes afin de la mettre en branle. En 2025, les grandes roues de la cloche sont restaurées.

La surface de sa gigantesque mosaïque est de 475 mètres carrés

L’œuvre qui décore le chœur, signée Luc-Olivier Morson, Henri-Marcel Magne et Marcel Imbs, s’inspire des mosaïques byzantines. Le Christ en gloire est composé de 25 000 tesselles émaillées. Elle serait la plus grande mosaïque du monde, avec une surface de 475 mètres carrés. En son centre, le Christ vêtu de blanc, bras ouverts, offre son cœur d’or. Elle illustre donc le nom donné à cet édifice.
Vue sur la mosaïque du sacré cœur de Jésus.
Pourquoi avoir choisi cette technique picturale plutôt que la peinture à l’huile ou la fresque ? Parce qu’elle présente l’avantage de résister à la forte humidité présente sur le site. Et c’est l’ensemble du monument qui est décoré de mosaïques, du sol au plafond, des bas-côtés au déambulatoire, en passant par les chapelles, totalement dépourvues de tableaux ou de peintures murales.

Un crocodile sur son toit ?

Une statue érigée sur la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.
Il n’est visible que d’un angle très précis, rue du Chevalier-de-La-Barre, en levant la tête vers le dôme. Au sommet du chevet de la basilique, une statue de bronze a pris des teintes vertes. Réalisée par François Sicard, elle a été installée en 1908 et représente Saint-Michel terrassant le démon, ici représenté sous la forme d’un dragon aux allures de crocodile !

En 1944, les vitraux de la basilique ont explosé

Vue à l'intérieur sur les vitraux de la basilique du Sacré-Cœur.
Saviez-vous que le 21 avril 1944, treize bombes envoyées par les alliés tombent sur la rue adjacente au Sacré-Cœur, soufflant la totalité des vitraux posés entre 1093 et 1920 ? L’édifice, lui, ne chancelle pas. Les rosaces, verrières et autres vitraux aujourd’hui visibles dans la basilique sont donc des œuvres contemporaines et présentent des couleurs chatoyantes.

On ne s’y marie pas

Aucun mariage, aucun enterrement, aucun baptême n’y sont célébrés, car le Sacré-Cœur n’est pas une paroisse, mais un sanctuaire de pèlerinage. La vie religieuse y est intense : quatre messes par jour – et même cinq le vendredi – et quatre offices chantés par les sœurs tout au long de la journée. Pour les habitants du quartier qui souhaitent organiser des célébrations, direction Saint-Pierre de Montmartre.
Le Sacré-Cœur est ouvert gratuitement. Seuls les accès au dôme est payant.

On peut passer la nuit au Sacré-Cœur

Certes, une cinquantaine de chambres en dortoirs permettent de loger 170 personnes, mais cette opportunité est réservée aux pèlerins et aux « adorateurs », notamment ceux qui se relaient en continu depuis le 1er août 1885 – il y a cent quarante ans ! – pour assurer la prière devant le Saint-Sacrement exposé dans la basilique.
L’hôtellerie est tenue par une communauté de bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre qui compte aujourd’hui dix sœurs, aidées d’une équipe de laïcs, salariés de la basilique.

Certains la surnomment « la Meringue »…

Que l’on aime ou pas ce monument, il ne laisse personne indifférent. À peine le projet de Paul Abadie choisi, le lauréat se heurte à des oppositions : ses détracteurs estiment que le style néo-roman n’est « pas assez français », contrairement au gothique, à la mode en cette fin de XIXe siècle.
Et puis, le projet même de sa conception a été, dès son origine, contesté : pour les uns, il a été conçu en décembre 1870 pour « sauver Paris et la France » après la défaite de 1870 contre la Prusse – le « vœu national » visant à édifier un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur de Jésus est annoncé à Notre-Dame au printemps 1872. Mais entre décembre 1870 et l’été 1872, s’est déroulée la Commune de Paris et son écrasement. Il apparaît donc indissociable de ces événements et le bâtiment est même dénoncé par ses détracteurs comme délibérément « anticommunard ».
Les débats sont très vifs à la Chambre des députés lorsqu’est votée en juillet 1873 la loi d’utilité publique dédiant les terrains du sommet de la butte à la construction de la basilique. Aujourd’hui encore, certains contestataires souhaiteraient que l’église soit rasée ! Mais elle a aussi ses fervents défenseurs et le monde entier continue de s’y presser : on dénombre environ 15 000 visiteurs par jour.

Classée aux monuments historiques… depuis très peu de temps

La basilique est classée aux monuments historiques depuis… le 13 octobre 2022 seulement ! Reconnaissant sa « remarquable qualité architecturale », la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) s’est prononcée en faveur du classement en totalité de la basilique du Sacré-Cœur, des façades et toitures des deux annexes et de la galerie sud, du pont-galerie nord, de la sacristie et du hall d’entrée situés dans la première annexe ainsi que du square Louise-Michel avec tous ses aménagements.
Basilique du Sacré-Coeur
Place du Parvis du Sacré-Coeur
75018 PARIS
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Le Triomphe du Sacré-Cœur de Jésus, s’in