Le temps du midi cultive l’appétit d’autonomie des enfants

Qu’on l’appelle pause méridienne ou interclasse, le temps du midi entre 11 h 30 et 13 h 30 concerne 85 % des enfants scolarisés dans les écoles publiques maternelles et élémentaires parisiennes. C’est le temps périscolaire le plus fréquenté.

Ce temps réunit l’ensemble des professionnels de l’éducation autour des enfants : responsables éducatifs de la Ville (REV), animateurs, agents spécialisés des écoles maternelles (ASEM), agents des caisses des écoles, agents techniques des écoles ainsi que les directeurs d’école, équipe enseignante, professeurs de la Ville de Paris.

C’est dans ce cadre que la charte du temps du midi a été signée entre la Ville et l’Académie de Paris, en décembre 2023, en partenariat avec la Caisse d’allocations familiales. « Cet engagement témoigne de la volonté de réaffirmer nos ambitions éducatives partagées avec l’ensemble des professionnels de la communauté éducative intervenant auprès des enfants dans les écoles », explique Maud Phelizot, sous-directrice de la politique éducative à la direction des affaires scolaires de la Ville de Paris. « Ensemble, les professionnels coopèrent dans un but commun : assurer le bien-être et le développement de l’enfant et chacun, chacune, à un rôle à jouer et une part à y prendre. »

Les initiatives mises en place autour de la charte témoignent de la mobilisation de tous les acteurs impliqués. Ces projets, qui se déploient sur l’ensemble du territoire parisien depuis l’année dernière, explorent une variété de thèmes autour de trois axes majeurs pendant le temps du midi et un fil rouge de développement des compétences psychosociales des enfants : promouvoir l’usage des espaces sensitifs, « bulles zen », concevoir et mettre en œuvre de grands jeux et des ludothèques, encourager l’autonomie et la participation des enfants, notamment en abordant les enjeux de développement durable, l’un des axes forts du projet éducatif du territoire parisien (PEDT) 2021-2026.

Dans le 19^e, le projet « CASPE croute » encourage l’autonomie des enfants en rendant convivial le moment du déjeuner à travers des événements thématiques et festifs (Jeux olympiques…), costumés ou dansants. « Nos équipes d’animation développent des indicateurs pour évaluer la pertinence et le succès des activités auprès des enfants », souligne Mathilde Lang, cheffe du pôle des métiers de l’animation à la Ville de Paris. « Dès qu’une table de tri alimentaire est mise en place, en seulement trois jours, 98 % des enfants savent trier leurs déchets », se réjouit Arnaud Forir Reffo, coordonnateur territorial de l’action éducative (CTAE) de la circonscription des affaires scolaires et de la petite enfance (CASPE) du 20^e arrondissement.

Virginie Trémois, REV de l’école élémentaire rue Marsoulan (12^e), a organisé deux ateliers ludiques.

Le premier, axé sur le jardinage, offre aux enfants l’opportunité de mieux identifier les fruits et légumes. « Nous avons voulu sensibiliser les enfants à l’environnement et leur apprendre à reconnaître les aliments qu’ils consomment, tout en leur offrant le plaisir de déguster ce qu’ils ont cultivé », explique-t-elle.

Son second atelier, centré sur l’activité physique, offre l’opportunité aux élèves de pratiquer le step, la corde à sauter, le hula-hop et même la zumba pendant deux heures par semaine, dans le but de prévenir la sédentarité. « Les enfants sont enthousiastes et créent leurs propres chorégraphies, cela favorise leur autonomie », se félicite-t-elle.

Stéphanie Garetto, CTAE, propose des kits de grands jeux comprenant des puzzles géants, des jeux de construction ou encore des livres et espaces de repos, pour aménager une partie des cours de récréation des écoles de sa circonscription (7^e et 15 ^e arrondissements) pendant le temps du midi.

« Nous avons constaté que tous les enfants n’ont pas nécessairement le même désir ou besoin de se dépenser et de faire du bruit pendant la pause déjeuner. Les grands jeux canalisent leur énergie et réduisent considérablement le nombre d’accidents dans la cour », remarque-t-elle.

En offrant aux enfants la possibilité de se ressourcer, ces jeux inclusifs prennent également en considération les besoins spécifiques des enfants porteurs de troubles, par exemple du spectre autistique.

L’inclusion est également l’une des priorités d’Elise Matthey de l’Étang, CTAE de la CASPE des 8^e, 9^e et 10^e arrondissements. « Nous avons équipé toutes les écoles de notre circonscription d’un kit d’espace sensoriel accessible pendant le temps du midi », observe-t-elle. Le mobilier et les objets de détente tels que la tente d’apaisement, les colonnes à bulles, les balles et les tableaux lumineux ou les coussins favorisent le calme et créent un environnement relaxant. « L’espace sensoriel est adapté aux enfants à besoin éducatif particulier, mais il encourage aussi la socialisation des enfants les plus timides », note Elise Matthey de l’Etang. Pour Lucie Vallée, REV à l’école élémentaire de la rue Saint Maur (10^e), cet espace est un refuge paisible : « Les enfants trouvent que cela leur fait beaucoup de bien, leurs retours sont exceptionnels ! »

« Nous avons initié 18 projets portant sur des thèmes allant du jardinage à l’aménagement d’espaces sensoriels ou de ludothèques », indique Tom Rasamiarisoa, CTAE de la CASPE des 16^e et 17 ^e arrondissements. À l’instar de ces initiatives, depuis la signature de la charte du temps du midi, 73 actions sont déployées sur l’ensemble du territoire parisien. Ces actions pourront être poursuivies et inspirer d’autres écoles l’année prochaine, grâce à la reconduction d’un soutien financier spécifique, à allouer par les circonscriptions des affaires et de la petite enfance afin de susciter et encourager ces initiatives.