Le ticket de métro rejoint le poinçonneur des Lilas…
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 01/09/2023
Sommaire
Dès le 21 septembre, il ne sera plus possible d'acheter des carnets de tickets t+ en carton aux automates et guichets du réseau RATP. Avant de dire progressivement adieu au « ticket choc », retour sur son histoire… et condoléances aux ésitériophiles !
La disparition progressive du ticket de métro en carton a été lancée en 2021. Pourquoi ? Parce que chaque année, près de 5 millions de tickets sont démagnétisés du fait de leur proximité avec des clés ou des pièces de monnaie, parce que, d'après la RATP, sur un carnet, 1 ticket sur 10 en moyenne n’est pas utilisé car perdu, abîmé ou oublié, et parce qu'un ticket jeté au sol met près de deux ans à se décomposer. Surtout, le passage au support sans contact permet de gagner en rapidité et en sécurité sanitaire.
D'ici 2025, ce petit morceau de carton de 6,5 par 3 centimètres - qui coûte 2,10 euros à l'unité - disparaîtra totalement.
Il est né en 1900
Le premier ticket du métro parisien a été émis le 19 juillet 1900 à l’inauguration de la Ligne 1, qui reliait la porte Maillot à la porte de Vincennes en 30 minutes.
Ce jour-là, 30 000 billets (au format 5,7 par 3 cm) ont été vendus.
Chaque tarif bénéficie alors d’une couleur distincte : rose pour les premières classes, à 25 centimes (anciens francs) l'aller-retour et crème pour les deuxièmes classes, à 20 centimes.
Les voyageurs doivent faire poinçonner leurs tickets par un surveillant de contrôle à l'entrée du quai. Un second agent, posté dans les wagons de première classe, contrôle les billets à l'aide d'une pince dont l'empreinte est spécifique à chaque ligne.
Sa forte diffusion donne l'idée aux publicitaires de l'époque de faire du ticket de métro un support de « réclames ».
Un alphabet tarifaire
Après la Première Guerre mondiale, le ticket de métro augmente et, à partir de 1925, un principe « d’alphabet tarifaire » est instauré : chaque changement du système tarifaire est matérialisé par une lettre : A, B, C, D, etc. C'est aussi à ce moment-là qu'est proposé l'ancêtre de la carte Navigo, la « carte hebdomadaire de travail », un ticket valable pour douze voyages au prix de 10 francs.
Sous la pression des associations d’anciens combattants de la Grande Guerre, la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris, ancêtre de la RATP, crée une tarification spéciale « Mutilé de guerre » à l’occasion du passage au tarif D, en 1930.
Il faudra attendre 1948 pour que les familles nombreuses bénéficient, elles aussi, d'un tarif réduit.
1937 : le seuil de 1 franc est atteint
Le seuil symbolique de 1 franc (ancien !) pour le ticket de deuxième classe est atteint en 1937, lors du passage au tarif F, et année de l’Exposition universelle. En 1939, le prix d’un ticket donnait alors accès à un réseau comptant 14 lignes et représentant 160 kilomètres de voies. Les restrictions imposées pendant l’Occupation allemande s’appliquent également au ticket de métro. Afin de réduire les volumes de papier nécessaire à sa fabrication, on fait disparaître les carnets de dix tickets au profit de carnets de cinq, chacun « valable pour deux voyages ».
En 1951, on passe à la lettre S (sans passer par la lettre Q, jugée peu politiquement correct, et la lettre R, trop similaire au P et incitant à la fraude), et les tarifs augmentent. Un ticket de métro en seconde classe est désormais vendu 20 francs et un ticket en première classe 30 francs.
En 1958, le tarif V fait son apparition avec deux nouvelles couleurs : havane pour la seconde classe et vert pour la première.
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Et la bande magnétique apparaît !
En octobre 1973, après plusieurs années d'expérimentation, la bande magnétique à l'arrière des tickets (désormais jaune citron) est généralisée. Des portiques automatiques et des tourniquets sont installés dans toutes les stations pour permettre aux voyageurs de composter eux-mêmes leurs tickets.
La même année, le principe d'alphabet tarifaire disparaît. Les publicités aussi, qui ne peuvent se retrouver « barrées » par la bande magnétique.
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Deux ans plus tard, c'est l'apparition de la carte orange - abonnement mensuel avec accès illimité aux transports en commun parisiens - qui révolutionne les déplacements dans la capitale. Dès 1976, 11 millions de coupons sont vendus. Face au succès, elle se décline progressivement en version annuelle, hebdomadaire puis quotidienne.
Pour les fêtes du Bicentenaire de la Révolution française, l'artiste Jean-Michel Folon est invité à décorer les tickets de métro d'oiseaux, allégorie de la devise républicaine.
La tarification de première classe est supprimée le 30 juillet 1991 pour le métro - il faudra attendre 1999 pour le RER.
Lors d'un changement de l'identité visuelle, le ticket devient vert.
Vers la dématérialisation
La dernière étape de la transformation du ticket de métro est entamée en 2001 avec l'arrivée progressive du pass Navigo.
Le ticket t fait son apparition en janvier 2003. De couleur mauve, il est désormais utilisable sur les réseaux de bus de banlieue gérés par l'un des 80 transporteurs privés regroupés dans l'organisme OPTILE. Cette couleur ne fera pas long feu car elle se mélange avec celle de la maculation lors du compostage et provoque des litiges lors des contrôles.
En 2006, la région Île-de-France valide la mise en place du titre de transport multimodal valable pendant une heure et demie dans tous les transports (métro, RER, bus, trains de banlieue…). C'est le ticket t+.
Condoléances aux ésitériophiles
C'est en 2019 que le ticket de métro arrive à son terminus avec la mise en service d'un ticket blanc, relooké, qui s'annonce comme le dernier avant la fin des tickets en carton. À cette date, 550 millions de tickets sont vendus chaque année.
Les ésitériophiles, les personnes qui collectionnent les titres de transport., vont devoir peu à peu raccrocher leur passion. Dans quelques années, les plus jeunes ne sauront plus ce qu'est un « ticket de métro », qui deviendra un sujet d'archives, comme les poinçonneurs en leur temps…
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Quelles sont les alternatives ?
La RATP a listé les différentes solutions, que l'on soit un utilisateur régulier ou occasionnel du réseau de bus et trains.
Préservons ensemble la mémoire du ticket !
Les Archives de Paris lancent une collecte de tickets de métro de 1900 à nos jours, afin de préserver la mémoire de cet objet du quotidien parisien. Si vous souhaitez faire don de tickets usagés ou vierges, anciens ou récents.
Contacter Florian Husson, archiviste en charge de cette collecte : [florian.husson puis paris.fr après le signe @]sybevna.uhffba@cnevf.se[florian.husson puis paris.fr après le signe @]
Contacter Florian Husson, archiviste en charge de cette collecte : [florian.husson puis paris.fr après le signe @]sybevna.uhffba@cnevf.se[florian.husson puis paris.fr après le signe @]
Trois questions à Grégoire Thonnat, auteur de « Petite histoire du ticket de métro parisien »
Grégoire Thonnat voue un grand attachement au ticket de métro, au point de proposer un ouvrage plein d'images et d'anecdotes à ce petit rectangle de carton dont chaque exemplaire est unique au monde…
En quoi l’histoire du ticket de métro parisien diffère-t-elle de celle des autres métros ?
G. T. : D’abord parce que c’est Paris ! Au cours de ses 123 années d’existence, le ticket de métro est devenu une icône de l’imagerie
parisienne au même titre que la baguette ou les bateaux-mouches. Pour
beaucoup de Français et d’étrangers, c’est une madeleine de Proust, un objet
que l’on va retrouver comme marque-page dans nos vieux livres… On sait ainsi que
Bill Clinton a toujours gardé les tickets qu’il a utilisés lors de son passage à
Paris. Le ticket de métro joue un rôle important dans des œuvres littéraires ou
des films comme Le salaire de la peur d’Henri-Georges Clouzot.
Au moment de la succession Picasso, on a retrouvé des cartons
complets de tickets de métro usagés… Était-il ésitériophile, on ne le saura
jamais ! Je connais même un grand patron qui les collectionne au point d’avoir
une salle dédiée chez lui.
Enfin, pour chacun d’entre nous, c’est un objet qui a une valeur
mémorielle forte : ce titre de transport est un sésame pour la liberté !
C’est pour cela que vous lui avez consacré un livre ?
Oui, il y a 1 000 histoires à raconter ! J’ai
grandi à Paris et quand je suis rentré en 6e, mon père m’a acheté ma
première carte orange avec le coupon du mois de septembre, que j’ai toujours
gardée et qui a été exposée à Metro ticket Expo au musée des Arts et Métiers en 2011 !
Écrire ce livre m’a permis de faire des rencontres
extraordinaires, comme quand j'ai interviewé Michèle Morgan, qui a témoigné de son amour du métro, ou
les époux Klarsfeld, tombés amoureux à la station Porte de
Saint-Cloud.
Quand mon ouvrage est sorti en 2011, j’ai constaté la fascination du grand public pour cet objet. Les éditions Télémaque ont fait trois rééditions comprenant des mises à
jour. La presse internationale me sollicite régulièrement pour parler du ticket de métro et je
prépare un documentaire pour la télévision britannique. Le sujet est inépuisable !
Mais aujourd’hui, on se prépare à sa disparition…
C’était inéluctable, même si on a annoncé sa disparition à
maintes reprises. Ce n’est pas facile car les usagers des transports en commun
y sont attachés. Il a fallu plusieurs campagnes de communication pour passer du
coupon de carte orange au pass Navigo….
Des villes comme Pékin ou Lille sont passées à la
dématérialisation depuis bien longtemps. Paris va suivre, c’est dans l’ordre
des choses.
Mais, comme les Français ont gardé des billets et pièces en francs lors du passage à l’euro, je ne doute pas qu’ils garderont précieusement
ce petit bout de papier qui a si longtemps fait partie de leur quotidien. Même
s’il a une durée de vie d’une heure trente, il ne disparaîtra donc jamais totalement.
En savoir plus
Pour tout savoir sur le patrimoine parisien…
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