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Après six années de préparation, c’est au tour du village où seront logés les athlètes en Seine-Saint-Denis d’entrer en piste. Plongez dans les coulisses de ce lieu emblématique des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
« En 2018, on avait dit : livraison au 29 février 2024. On a respecté les délais ! » Pour Henri Specht, directeur du Village des athlètes à la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), le regard est désormais tourné vers l’été. À seulement neuf kilomètres au nord du centre de Paris, « les grues et les échafaudages ont disparu du paysage », ajoute-t-il en montrant les immeubles de la future rue Agnès-Varda.
« C’est un projet d’envergure que l’on s’apprête à recevoir, ajoute Laurent Michaud, directeur du Village des athlètes au Cojop (Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques). Nous nous trouvons sur le plus grand chantier urbain français. » À cheval sur trois communes de la Seine-Saint-Denis – Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine et L’Île-Saint-Denis –, il occupe 52 hectares, « l’équivalent de 70 terrains de foot ». Connecté aux autoroutes A1 et A86, le village se trouve non loin du Stade de France et du centre aquatique, deux sites majeurs des Jeux.
Un chantier de cette ampleur prend entre quinze et vingt ans pour sortir de terre.
directeur du projet à la solideo
Durant la phase olympique, le site accueillera 14 250 athlètes et accompagnateurs officiels. En six ans, une trentaine d’immeubles – pouvant accueillir 45 000 lits – ont été construits. Une véritable prouesse, selon Henri Specht : « En temps normal, un chantier de cette ampleur prend entre quinze et vingt ans pour sortir de terre. » Une livraison « express » qui réjouit Laurent Michaud : « C’est primordial d’offrir un lieu de vie confortable et fraternel à toutes les délégations. » Au total, sur les deux quinzaines olympiques et paralympiques, près de 200 nationalités seront représentées.
Un chantier à la hauteur de l’événement
Sur place, tout n’a pas été bâti pour l’occasion. « La volonté de Paris 2024 était de construire autour de l’existant, détaille Laurent Michaud lors de la présentation de la maquette du projet. Pour preuve, la Cité du cinéma est l’épicentre du site. » Cette ancienne usine électrique – devenue un haut lieu de production du 7e art français – sera le réfectoire géant et pourra servir jusqu’à 40 000 repas quotidiens. En lisière du village, derrière le collège Dora-Maar, une gare routière de 3 hectares – spécialement conçue pour les Jeux – est toujours en phase d’aménagement et verra passer 140 bus par heure.
Au milieu des ouvriers qui parachèvent l’installation du mobilier urbain, trottoirs et pistes cyclables prennent forme. Depuis la rue, on pourrait croire que les immeubles semblent prêts à recevoir du public. Laurent Michaud l’assure : « Dès la réception des clés, il ne restera que la phase d’aménagement des intérieurs. » Tout le long de la promenade Cesária-Évora, les jardiniers s’activent à la plantation. Cette voie se termine sur les bords de Seine avec une terrasse qui offre une vue panoramique sur L’Île-Saint-Denis.
Une passerelle a été construite pour « permettre aux athlètes basés sur le “continent” d’être à un jet de pierre de l’écoquartier fluvial îlodionysien », d’après Henri Specht. « C’est le cordon ombilical du site », image Laurent Michaud. L’ouvrage complet bénéficie d’une grande diversité architecturale. L’harmonie de tons clairs se veut « être un ensemble élégant et sobre pour que les occupants des lieux s’y attachent ».
Le projet répond à un programme environnemental en phase avec les enjeux inhérents : atteindre la neutralité carbone, des bâtiments bas carbone à base géothermale et un maintien de la biodiversité. Pour sa réalisation, 25 % des marchés ont été réservés aux TPE, PME et structures de l’économie sociale et solidaire (ESS). Plus de 10 % des heures travaillées sur le chantier ont été réalisées par des travailleurs éloignés de l’emploi.
6 000 habitants supplémentaires dès 2025
Pour cette 33e édition des Jeux olympiques d’été, ce Village des athlètes a été pensé de manière inédite. « Chaque espace conçu est voué à être réversible et reconverti après l’événement, raconte Henri Specht depuis une future chambre d’athlètes. L’héritage des Jeux était dans nos esprits dès la phase de conception. » Toutes les constructions peuvent accueillir des visiteurs en situation de handicap : « L’événement paralympique stimule la question de l’accessibilité, mais on a surtout pensé à l’après-Jeux. »
Dès l’automne 2025, 6 000 habitants et le même nombre de salariés feront vivre ce nouveau quartier. Les logements d’athlètes laisseront place à plus de 2 800 logements, dont 25 % d’habitat social. Ils voisineront avec 10 000 mètres carrés de bâtiments industriels reconvertis en bureaux. En rez-de-chaussée, les quartiers généraux des délégations seront remplacés par des commerces.
À l’image du gymnase Pablo-Neruda (Saint-Ouen), les équipements publics feront peau neuve. Pour répondre aux besoins de cette mutation, deux nouveaux groupes scolaires seront construits à Saint-Denis et Saint-Ouen. « Avec la présence d’écoles supérieures et l’arrivée de ces établissements, il sera possible de suivre un cursus scolaire complet ici ! », raconte Henri Specht.
La quinzaine d’œuvres d’art « qui constituent le parcours artistique » du village resteront également. « Elles sont intégrées à l’espace public, explique-t-il. Elles font partie du mobilier urbain. » En Seine-Saint-Denis, comme à Paris, les Jeux quitteront les lieux sous une haie d’honneur.
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