Les batailles du siège de Paris de 1870/71 (2/5)
Série
Mise à jour le 26/10/2020
Sommaire
Du 17 septembre 1870 au 26 janvier 1871, plusieurs batailles se sont déroulées dans les « villages » aux portes de la capitale. Difficile d’imaginer aujourd’hui que de vrais combats ont eu lieu au Bourget, à Châtillon, Champigny ou encore à Buzenval…
Il y a 150
ans, durant le siège de Paris par les Prussiens, les assiégés ont tenté des
sorties pour essayer de briser l’encerclement. Toutes ont échoué, faute de
moyens, de persévérance et… en raison de profonds désaccords entre les dirigeants français.
Explications.
Déjà, l’armée française encerclée dans Paris est très hétéroclite. Sur les 400 000 hommes en armes présents, moins d’un quart d’entre eux ont une réelle formation militaire. Les effectifs de la Garde nationale (environ 300 0000 hommes) sont très
variés. Certains, par leur âge, leurs aptitudes physiques ou leurs habitudes professionnelles ont bien du mal à se plier aux exercices militaires.
Certains veulent combattre, d'autres négocier
Un autre facteur a joué
pour expliquer le peu de réussite des Français : si beaucoup veulent en
découdre jusqu’au bout avec les Allemands, d’autres sont partisans « d’en finir » au plus vite.
Ainsi Adolphe Thiers, futur premier président (non élu) de la IIIe
République écrira dans ses « Souvenirs » : « Quand je fus
chargé des affaires, j’eus immédiatement cette double préoccupation de conclure
la paix et de soumettre Paris »… Les germes de la Commune sont là. Le
général Louis Jules Trochu, tout juste nommé début septembre 1870 chef du
gouvernement de la Défense nationale, fut également très critiqué - notamment
par Victor Hugo - pour ses « ambiguïtés » face aux Prussiens. Il donne l’impression de davantage vouloir contrôler l’agitation parisienne plutôt que
de résister à l’ennemi…
Face aux Parisiens, deux
armées allemandes, fortes d’environ 180 000 hommes - ils seront 400 000 à la
fin du siège - se sont rapidement
rapprochées de Paris après la défaite de Sedan le 1er septembre. Craignant
de grosses pertes en cas d’attaque frontale de la capitale, leur chef, le
général Molkte leur avait ordonné de fortifier plusieurs villages dans un rayon de dix kilomètres autour de
Paris, créant ainsi des redoutes permettant d’attendre
des renforts à chaque attaque des assiégés… d’autant plus que le télégraphe
militaire est immédiatement installé pour faciliter les communications.
Un scénario récurrent : percée française, contre-attaque prussienne
Première erreur des
Parisiens, ils abandonnent le plateau de Châtillon, où les fortifications ne
sont pas terminées. Or c’est là que les Prussiens installeront leur grosse
artillerie qui fera d'importants dégâts sur la quinzaine de forts défensifs ceinturant Paris.
A compter du 17 septembre,
les contacts entre les armées prussienne et française vont se multiplier. Le
18, l’état-major prussien prend possession du château de Versailles. Le 19
septembre, les troupes françaises tentent une première percée pour tenter de
conserver les fortifications de Clamart et Châtillon. 45 000 hommes se déploient.
C’est un échec. La retraite est sonnée, les hommes se replient vers Paris dans
la panique générale. Ces événements seront dénommés « la première bataille
de Châtillon ».
Entre le 22 septembre et
le 13 octobre, ce scénario va sans cesse se répéter. Des combats sont livrés un
peu partout : Pontoise, Thiais,
Villejuif, Drancy, Bagneux, etc. Il s’agit soit d’éviter que les Prussiens
approchent, soit de tentatives de percer. Mais, à chaque fois que les
Français progressent, ils sont stoppés par les
Allemands, plus mobiles. Ce sera une nouvelle fois le
cas le 21 octobre, du côté de la Malmaison (Rueil), où la contre-attaque
prussienne fait reculer les assiégés. L’histoire se répète encore au Bourget le
28 octobre. Mais là, c’est pire, faute d’envoi de renforts que Trochu a refusés. Les Français sont écrasés et laissent 1200 morts sur le champ de bataille. Une
partie des Parisiens accusent le gouvernement de cette défaite. Ce sera le prélude
à la journée révolutionnaire du 31 octobre et la tentative avortée d’instituer
une Commune.
Le 30 novembre, c’est « La
Grande Sortie » avec la bataille de Champigny qui mobilise 80 000 Français.
L’objectif est de percer vers Fontainebleau et de faire jonction avec l’armée
de la Loire qui remonte par le Loiret.
Paris sous les bombes prussiennes
En réalité, cette armée de la
Loire, après des succès initiaux, a été
battue à Beaune-la-Rolande (Loiret) le 29 novembre et se replie vers Orléans. Du
côté des Parisiens, les troupes bousculent les Allemands et occupent les
villages de Bry-sur-Marne et Champigny. Mais elles ne parviennent pas à pousser
leur avantage. Et après une trêve pour enterrer les morts des deux camps, la
situation se fige… et les Français, transis de froid (il fait jusqu’à – 14°)
décident de stopper l’attaque… puis de rentrer à Paris, laissant 9000 morts sur
le champ de bataille.
Une nouvelle tentative
aura lieu quelques jours plus tard vers le Bourget… nouvel échec. Pire, à
compter du 27 décembre, les grosses pièces d’artillerie prussiennes commencent
à bombarder Paris. De nombreux forts sont touchés (notamment ceux de Bondy,
Montreuil, Issy, etc.). Puis les bombes tombent sur Paris intra-muros : quartiers de
Grenelle, du Luxembourg, viaduc d’Auteuil… et même l’Hôpital de la Salpêtrière.
Le 19 janvier 1871 a lieu
l’ultime tentative de percer. Les Parisiens tentent une sortie avec 80 000
hommes du côté de Rueil et Montretout. Une fois de plus, la contre-attaque prussienne
brisera l’élan.
Fin du siège, prémices de la Commune
C’est la fin. Un
soulèvement populaire le 22 janvier visant à empêcher le gouvernement de
capituler échoue.
Paris aura été autant
victime de la ténacité des troupes allemandes que des divisions en son sein sur
les choix politiques et militaires. Victor Hugo aura ce mot célèbre et incisif à l'égard du
général Trochu : « Trochu, participe passé du verbe trop choir ».
De fait, discrètement, cela
faisait des semaines que le gouvernement de la Défense nationale avait engagé
des pourparlers avec Bismarck. Un armistice est signé avec l’Allemagne le 26
janvier et un cessez-le feu intervient. Les troupes allemandes obtiendront de
Thiers – qui a accédé au pouvoir – le droit d’occuper symboliquement les
Champs-Elysées du 1er au 3 mars.
L’Assemblée nationale s’installe
à Versailles face à la pression de la Garde mobile parisienne en ébullition
devant ces événements. Le 18 mars, la Commune de Paris est instaurée. Mais ça, c’est une autre histoire…
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