Les femmes aux Jeux olympiques, une longue course semée d’obstacles
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 17/01/2024
Sommaire
Disciplines réservées, records de médailles, parité aux Jeux de 2024… À l’occasion de la Journée internationale du sport féminin, organisée le 24 janvier, retour sur la place des femmes dans l’histoire de l’olympisme. On vous raconte !
Alice Milliat a organisé la première édition des « Jeux olympiques féminins »
Figure méconnue du sport féminin et du féminisme au XXe siècle, Alice Milliat (1884-1957) a organisé les premiers « Jeux olympiques féminins » à Paris en 1922, une appellation non reconnue par le Comité international olympique (CIO).
Née en 1884, fille de commerçants nantais, Alice épouse Joseph Milliat en 1904 à Londres. Leur union ne dure que quatre ans, jusqu’à la mort de Joseph. C’est en Angleterre, où elle vécut jusqu'en 1908, qu’elle aurait découvert le foot et l’aviron.
À son retour en France, elle parle anglais et décide de quitter son emploi d’institutrice. Elle pratique alors l’aviron, la nage et le hockey. Regrettant que les femmes ne puissent participer aux compétitions sportives internationales, elle lutte pour que leurs exploits sportifs soient reconnus au même titre que ceux des hommes. L’entreprise est difficile, le CIO, présidé par le baron Pierre de Coubertin, s'opposant à leur participation aux Jeux olympiques.
Qu’à cela ne tienne, Alice Milliat organise la première édition des Jeux olympiques féminins à Paris en 1922, dans le stade Pershing (12e). Sous la pression du président de la Fédération internationale d'athlétisme, elle renonce toutefois au qualificatif « olympique » et rebaptise l'événement « Jeux mondiaux féminins ».
La Française la plus médaillée aux Jeux olympiques est une escrimeuse
Elle a marqué l’histoire de l’escrime : en 2004,
Laura Flessel décroche deux médailles à l’épée (argent et bronze) aux Jeux
d’Athènes. Les derniers trophées d’un parcours olympique inégalé pour une membre
de l’équipe de France. La Française avait déjà remporté deux médailles d’or en
1996 à Atlanta, et une en bronze à Sidney en 2000. Au total, la « guêpe » a raflé cinq médailles olympiques, un record pour
le sport féminin tricolore !
Si l'on compte seulement les médailles d'or, c'est Marie-José Pérec qui arrive en tête. Elle est la seule athlète française à être triple championne olympique : sur 400 mètres aux Jeux de Barcelone en 1992, puis sur 400 et 200 mètres aux Jeux d'Atlanta en 1996.
Revivez le premier titre olympique de Laura Flessel à Atlanta
Vidéo Youtube
La natation artistique et la gymnastique rythmique restent réservées aux femmes
Aux Jeux olympiques, deux disciplines restent encore des
bastions féminins : la natation artistique (anciennement appelée natation
synchronisée) et la gymnastique rythmique (ou GRS), toutes deux entrées au programme olympique
lors des Jeux de Los Angeles en 1984.
Et pour les hommes ? La lutte gréco-romaine est exclusivement masculine. C’est l’un des plus anciens sports olympiques, présent
dès les premiers Jeux de l’ère moderne en 1896 à Athènes, et pratiqué aux Jeux
olympiques depuis 708 avant J.-C. ! Seule la lutte libre est ouverte aux
femmes lors des Jeux olympiques. Les Françaises ont d'ailleurs de très bonnes chances de médailles en 2024.
En lutte gréco-romaine, il n’est permis d’attaquer qu’en
utilisant les bras et la partie supérieure du corps. En lutte libre, les
possibilités d’attaque sont plus variées : on peut utiliser les jambes et
ceinturer le haut comme le bas du corps.
Enriqueta Basilio a été la première à allumer la vasque olympique
Si ce geste symbolique a été historiquement réservé aux hommes, l'année 1968 voit souffler un vent révolutionnaire un peu partout dans le monde. Aux Jeux d'été de Mexico, l’athlète Enriqueta Basilio devient la première femme à être le dernier relais de la torche.
Engagée dans le 400 mètres, le relais 4x100 mètres et le 80 mètres haies, la jeune sprinteuse de 20 ans est considérée comme le futur de l'athlétisme mexicain. « Queta » devient alors une icône du sport féminin mondial.
C’est sous les acclamations de plus de 80 000 spectateurs et de l’ensemble des athlètes présents qu’elle franchit les portes de l'Estadio Olímpico Universitario avec le flambeau en main, avant de gravir les escaliers menant au sommet du stade pour se retrouver face à la vasque.
En 2021, à Tokyo, c'est Naomi Osaka, joueuse de tennis japonaise, qui allume le chaudron olympique.
En images : Enriqueta Basilio allume le feu olympique en 1968
Vidéo Youtube
Le golf et le tennis sont les premières disciplines 100 % féminines en 1900
Les premières disciplines ouvertes aux femmes sont proposées lors de la deuxième édition des Jeux de l’ère moderne en 1900, à Paris. Seules deux épreuves étaient strictement féminines, le golf et le tennis. Une dizaine de participantes ont pris part à des épreuves mixtes en voile, en croquet et en équitation. La Britannique Charlotte Cooper, gagnante du tournoi de tennis, est la première championne olympique dans une épreuve individuelle.
Progressivement, la participation des femmes s’est accrue, notamment depuis 1991. « Tout nouveau sport souhaitant être inclus au programme olympique doit obligatoirement comporter des épreuves féminines », précise cette année-là le Comité international olympique (CIO).
Lors des derniers Jeux de Tokyo 2020, les athlètes féminines ont pu concourir aux dernières épreuves individuelles du programme : le basketball 3x3 et le BMX freestyle, qui viennent s'ajouter à l'escalade sportive et au skateboard.
L'équitation est la seule discipline réellement mixte
Toutes les disciplines équestres sont les seules épreuves entièrement mixtes des Jeux olympiques, c'est-à-dire que les hommes et des femmes peuvent s’affronter en individuel et par équipes.
À partir de 1952, lors des Jeux d’Helsinki, les femmes sont autorisées à prendre part à l’épreuve de dressage. Il faut attendre 1964 pour les voir participer à toutes les épreuves équestres. L’équitation est aujourd’hui l’un des sports les plus féminisés en France.
La voile présente aussi des épreuves mixtes, mais certaines restent genrées, en fonction des embarcations utilisées. Et selon les éditions des Jeux, l’épreuve mixte peut varier, voire être totalement absente, comme en 2012 à Londres.
Le 110 mètres haies est amputé de 10 mètres pour les dames
En athlétisme, les hommes et les femmes concourent en général sur les mêmes distances. Sauf pour les courses de haies : les hommes courent 110 mètres et les dames 100 mètres.
La discipline a vu le jour en Angleterre. Au milieu du XIXe siècle, les universitaires britanniques courraient 120 yards, soit exactement 109,72 mètres. Les Français ajoutèrent les 27,2 centimètres manquant pour arriver à un chiffre plus pratique.
Les premières courses de haies féminines datent de 1926. La distance était de 80 mètres avec des obstacles à 76 centimètres de hauteur. Lorsqu'ils passèrent à 84 centimètres aux Jeux de Munich en 1972, la distance fut augmentée à 100 mètres.
Cent mètres, et pas 110, car le nombre de haies (dix) doit rester identique. Or la foulée d'une femme n'est pas celle d'un homme. La distance entre les haies est donc inférieure à celle des hommes : 8,5 mètres pour les femmes contre 9,14 mètres.
Les Jeux seront (enfin) paritaires en 2024
Pour les Jeux de Paris 2024, la parité sera atteinte avec autant d’hommes que de femmes parmi les 10 500 athlètes qui participeront aux 329 épreuves (28 sports et 4 sports additionnels).
La route a été longue pour en arriver là : aux Jeux olympiques de 1900, à Paris, les femmes n’étaient que 22, sur un total de 997 athlètes. Les athlètes féminines
sont restées longtemps moins présentes que les athlètes masculins : elles ne
représentaient, par exemple, que 13 % des participants aux Jeux à Tokyo en 1964,
et 23 % aux Jeux de Los Angeles en 1984.
Une expo virtuelle et une plaque en mémoire des premiers Jeux féminins
En 1922, Paris accueillait les premiers "Jeux olympiques féminins", initiés par Alice Milliat. Les compétitions organisées au stade Pershing (12e), au cœur du bois de Vincennes, attiraient déjà 20 000 spectateurs.
Une expo numérique rappelle cette histoire méconnue ! Une plaque a été apposée sur place en mémoire de ces Jeux le 7 décembre 2022.
Une expo numérique rappelle cette histoire méconnue ! Une plaque a été apposée sur place en mémoire de ces Jeux le 7 décembre 2022.
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