Les orchidées sauvages sont de plus en plus nombreuses à Paris

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 29/07/2022

Orchidée phrys abeille
Oui, des orchidées sauvages poussent spontanément en plein Paris. Dans les bois, les jardins ou les cimetières, les curieux peuvent admirer une dizaine de variétés différentes. Les effectifs augmentent même d'année en année, notamment depuis l'arrêt des produits phytosanitaires. On vous raconte.
On les imagine poussant à l’abri des regards indiscrets, dans une prairie d’alpage isolée ou sur un promontoire inaccessible. Pourtant, on trouve des orchidées sauvages en plein Paris et pas uniquement dans les boutiques de plantes tropicales…
Une dizaine d’espèces, sous-espèces et variétés sont connues et observables. On constate même une augmentation croissante des effectifs, une augmentation même spectaculaire les « années à orchidées ».

Des orchidées de moins en moins sauvages

Orchidées sauvages
D’avril à juillet, des orchidées sauvages poussent spontanément dans certains jardins, dans les bois et même sur des pelouses qui bordent des immeubles d’habitation.
Mais c’est dans les grands cimetières extra muros que leur présence est principalement remarquée. En juin dernier, l’un d’eux offrait même aux observateurs avisés le spectacle d’une prairie parsemée d’orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis).

Des facteurs favorables

Orchidée sauvage dont le pétale inférieur imite l'aspect d'une abeille
Depuis 2007, plus aucun pesticide n’est utilisé pour l’entretien des espaces verts à Paris. Dans les cimetières, c’est le cas depuis 2015. La démarche « zéro phyto » a été progressive afin de trouver le bon équilibre entre usages et enjeux environnementaux. Un changement de paradigme qui transforme peu à peu les cimetières en espaces de nature, favorisant la végétation spontanée.
Le désherbage se fait désormais de façon mécanique. Les espaces peu fréquentés par le public sont moins désherbés. Les trottoirs et certains chemins sont engazonnés ou enherbés de façon volontaire. Cette gestion écologique des espaces a permis le développement de plantes sauvages dont les orchidées.
Un phénomène qui amène les cimetières à des pratiques encore plus précises afin de les favoriser. Ainsi, la gestion différenciée des surfaces herbacées (hauteurs de coupe variées) encourage leur apparition. à une diversité d’habitats correspond une diversité… d’habitants ! Car il y a des orchidées de pelouse (les petites), de prairie (les grandes), de lisières voire de sous-bois (Epipactis…).
Enfin, si beaucoup d’espèces d’orchidées sont thermophiles (elles aiment la chaleur, le soleil), il est vraisemblable que le réchauffement climatique favorise leur diversification et l’augmentation des effectifs.

Des propriétés remarquables

Parmi la dizaine d’espèces d’orchidées connues à Paris, certaines présentent des propriétés singulières.

L’Ophrys abeille (Ophrys apifera), une véritable stratège

Les orchidées ont besoin des insectes pour se reproduire. Mais, contrairement à la plupart des plantes à fleurs qui fabriquent du nectar pour attirer leurs pollinisateurs, l’Ophrys abeille (Ophrys apifera) a opté pour une stratégie plus économe en énergie. Elle utilise un leurre sexuel qui fonctionne par mimétisme visuel et olfactif. Son pétale inférieur (labelle) mime l’apparence d’un insecte, en l’occurrence une abeille sauvage solitaire femelle. À cela, se superpose le plagiat olfactif. L’orchidée répand jusqu’à 15 mètres à la ronde un parfum analogue à celui de l’abeille femelle. S’en est trop pour le pollinisateur mâle. Dupé par l’enivrant parfum puis par la ressemblance physique avec sa belle, le mâle tente de copuler avec la fleur. Lorsqu’il prend acte de la supercherie, il repart, emportant avec lui le précieux pollen qu’il déposera dans une autre fleur.
Cette stratégie de pseudocopulation est très répandue chez les orchidées dont certaines ont des pollinisateurs spécifiques. Des abeilles, guêpes, ou bourdons ont donc co-évolué avec les orchidées au cours du temps : démonstration du lien et de l’importance qui unit la diversité des plantes et celle des animaux.