Mouettes, goélands et cormorans : ces oiseaux marins qui survolent la capitale

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 21/01/2020

Si certaines de ces espèces installées à Paris le temps d’un hiver ont remonté les fleuves pour trouver un peu plus de chaleur, d’autres mouettes et goélands reviennent d’un long voyage débuté dans les pays scandinaves.
Depuis le début des années 1990, des goélands, mouettes et grands cormorans élisent domicile à Paris pour plusieurs mois. « Ces espèces sont, à l’origine, des oiseaux de bord de mer. Petit à petit, ils se sont installés à l’intérieur des terres, comme à Paris, en suivant les embouchures des grands fleuves comme la Seine ou la Loire pour s’abriter des grands froids hivernaux et trouver plus aisément de la nourriture », indique Xavier Japiot, expert Biodiversité à la Ville de Paris.
« L’hiver, Paris attire aussi des mouettes originaires de Lituanie, de Pologne ou même de Finlande, ajoute Frédéric Mahler, de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Elles se protègent des grandes vagues de baisse de température. Elles rejoignent la ville car il y fait moins froid et elles peuvent aussi trouver de la nourriture plus facilement. »
De juillet à la mi-mars, Paris compte jusqu’à 5000 mouettes d’après la LPO, principalement des mouettes rieuses et près d'une centaine de couples de goélands. En provenance de la mer du Nord et de Bretagne, les goélands argentés profitent des bulles de chaleur des toitures en ville, semblables à celles créées par les falaises de leur lieu maritime d’origine. S’ils se nourrissent normalement en mer, ils trouvent en ville de quoi se mettre sous le bec sans encombre.
Après un hiver plus au chaud dans la capitale, ces colonies repartent vers leur lieu de naissance, territoire plus propice à la reproduction et avec une nourriture plus riche en insectes. Certaines espèces comme le goéland argenté, le goéland leucophée et la mouette rieuse peuvent cependant passer toute l’année à Paris.

Où trouve-t-on les mouettes et les goélands à Paris ?

La journée, ces oiseaux marins sont généralement localisés sur les barges de la Seine et les canaux, ainsi que les lacs des deux bois de la Ville de Paris. Cela dit, une mouette baguée est régulièrement aperçue dans le Jardin des Tuileries !
La nuit tombée, ces oiseaux se posent dans des « dortoirs hivernaux », à l’abri des prédateurs tels que renards, fouines, chats et chiens. Sur le Point du Jour, près du pont du Garigliano, ou encore au fil de la Seine vers Ivry, elles se regroupent la nuit, en bancs, sur les barges amarrées : elles peuvent être jusqu’à 2000 ! Ces oiseaux marins apprécient aussi les nuits au boulevard Victor et Javel (15e) ainsi que le pont du Garigliano sur les barges en hauteur. Dans le 13e arrondissement, une centaine d’entre eux passent la nuit du côté du pont d’Austerlitz, en face du jardin des Grands-Moulins.
Hors de Paris, le plan d’eau de la base de loisirs de Jablines-Annet (77) et ses 75 hectares réunit, en moyenne, entre 14 000 et 20 000 oiseaux, celui de Saint-Quentin–en-Yvelines (78) 14 000 mouettes et goélands, tandis que celui de Vaires-sur-Marne (77) rassemble 7 000 animaux et le lac d’Enghien-les-Bains (95) en compte 18 000.

Quelles sont les espèces de mouettes et de goélands qui fréquentent Paris ?

Parmi les oiseaux marins ou côtiers qui vivent à l’intérieur des terres, douze espèces fréquentent le territoire parisien. Les plus communes sont le Goéland argenté (Larus argentatus), le Goéland brun (Larus fuscus), la mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus) et la sterne pierregarin (Sterna hirundo). Sept cas de goéland cendré (Larus canus), neuf de goéland pontique (Larus cachinnans), onze de mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus) ont été répertoriés entre 1987 et 2019. D’autres sont encore plus rares, comme la mouette pygmée (Hydrocoloeus minutus), la mouette tridactyle (Rissa tridactyla) ou la sterne naine (Sternula albifrons) et ne compte qu'un seul spécimen par espèce à Paris.

Comment reconnaître une mouette rieuse d’un goéland argenté ?

Ces deux espèces font partie de la même famille, celle des Laridés, des oiseaux côtiers qui vivent aussi à l’intérieur des terres. Le nom « mouette » viendrait de l’ancien français « miau » qui donnera miauler, qui évoque sans doute son cri. Celui de « goéland » viendrait du breton « gwell » ou « gwellan » signifiant « oiseau qui pleure », encore une fois une référence au cri. Les goélands argentés sont reconnaissables à leur tête blanche large, leur gros bec puissant, jaune et tacheté de rouge, leurs pattes rose chair et leur iris jaune.
Leurs cousines, les mouettes rieuses, présentent un bec fin rouge avec une pointe noire. Leur tête peut être brune (été) ou blanche (hiver), leurs pattes rouges et leur iris noir.

Que font les cormorans à Paris ?

Ce sont les grands cormorans (Phalacrocorax carbo) que l’on retrouve dans la capitale l’automne et l’hiver. Souvent perchés sur les arbres, ils disposent d’un lieu d’observation idéal sur la Seine et les canaux. Il suffit de bien lever la tête pour les trouver en haut des arbres comme les peupliers. L’île aux Cygnes, dans le 15e, abrite des grands cormorans, qui sont près d’une centaine à passer l’hiver à Paris. Très rares durant la belle saison, ces mangeurs de poissons s’en vont se reproduire sur leur site de nidification hors de la capitale.
Les oiseaux marins dévoilés en podcast
Dans le podcast Brèves de Nature Sauvage, les naturalistes de la Ville de Paris vous racontent, tous les 15 jours, les secrets de la biodiversité parisienne. Retrouvez ici l'épisode sur les oiseaux marins de la capitale !