Nage, course, vélo… Cap sur 2024 pour le para-triathlète Thibaut Rigaudeau !
Rencontre
Mise à jour le 14/06/2022
Sommaire
Le champion de para-triathlon, malvoyant, vise la médaille d’or aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Nous l’avons rencontré en pleine préparation. Gros plan sur cet athlète de haut-niveau soutenu par Paris.
Dans son petit appartement,
Thibaut Rigaudeau a accroché un drapeau aux couleurs du Japon au-dessus de son
tapis roulant de course : un souvenir de sa première aventure paralympique
aux Jeux de Tokyo en 2021. « Tous les athlètes de l’équipe de France l’ont
signé », sourit le champion de para-triathlon, champion de France en 2020
et vice-champion d’Europe en 2021.
À Tokyo, il a frôlé la médaille de quelques secondes, et décroché
une 4e place dans la catégorie des déficients visuels :
« Participer aux Jeux, c’est un premier rêve qui s’est réalisé, c’est la
consécration du travail accompli. La seconde consécration aurait été une
médaille… ».
Pas le temps de souffler, en
route pour les prochains Jeux paralympiques ! À 31 ans, Thibaut ne pense
plus qu’à une échéance : les Jeux de Paris 2024. « J’ai hâte de
connaître le parcours de l’épreuve dans Paris, on sait seulement que le départ
sera donné depuis le pont Alexandre III ». Depuis ses débuts en
para-triathlon en 2018, Paris 2024 est même devenu son principal objectif :
« Dès que j’ai démarré le triathlon, j’ai eu l’intention de participer aux Jeux
de 2024. Je regardais les temps des meilleurs mondiaux, en me disant que je
pourrais atteindre le niveau des 8 meilleurs en 6 ans ».
Monter sur les podiums avant Paris 2024
D’ici les Jeux, il espère « monter sur tous les podiums »,
puis « décrocher une médaille d’or en 2024 ». Licencié au RMA Paris
Triathlon, il est l’un des 54 athlètes soutenus par la Ville de Paris dans leur
préparation pour les Jeux de 2024.
Fin 2021, il remportait une étape
de la coupe du monde au Portugal. Championnats d’Europe en mai 2022 en
Pologne, championnats du monde à Abou Dabi à la fin de l’année 2022… les compétitions
internationales vont s’enchaîner.
750 mètres de natation, 20 km à vélo et 5 km
de course à pied : le para-triathlon est un sport hyper exigeant. « La
pratique du triathlon est très chronophage, je m’entraîne 7 jours sur 7, et caler
des entraînements dans les trois disciplines toute la semaine est parfois assez
complexe », confie le champion qui nage à la piscine Keller (15e),
court sur la piste d’athlétisme de l’hippodrome de Longchamp et pédale au
quotidien sur son « home-trainer », un vélo connecté installé dans
son salon. Pour se donner toutes les chances de réussir, Thibaut a même mis
entre parenthèses son métier de kinésithérapeute et se consacre à 100% à son
sport.
Du cécifoot au para-triathlon
Adolescent, il se rêvait footballeur. Il grandit en Vendée, où il débute
le football, puis le cécifoot à l’âge de 19 ans. Thibaut joue même en équipe de
France de cécifoot de 2011 à 2014, avant qu’une vilaine blessure ne l’éloigne
définitivement des terrains. Puis, il cherche un nouveau sport, plus adapté à
ses articulations, tente l’athlétisme, et découvre enfin le para-triathlon par
hasard « en regardant un reportage sur la chaine l’Equipe ». Sa
progression est fulgurante : dès 2019, un an après ses débuts en para-triathlon, il décroche sa première sélection
en équipe de France pour les championnats d’Europe à Valence.
Une vie rythmée par les
entraînements et les compétitions, un peu monotone. Les petits plaisirs
culinaires sont souvent proscrits, même s'il s'accorde (rarement) quelques écarts, en dévorant un burger
ou une boite de cookies au chocolat…
Thibaut et son guide, un tandem au service de la performance
Pour les compétitions, il peut
compter sur un poids lourd de la discipline : Cyril Viennot,
son guide, ancien champion du monde de triathlon longue distance. Pour la
natation et la course, les deux athlètes sont reliés par une cordelette, et les
épreuves de vélo se jouent en tandem. Le rôle du guide est essentiel,
surtout pour la course à vélo : « Plus le guide est fort,
plus l’handi-athlète va aller vite sur le tandem ».
Le guide est aussi primordial pour indiquer les obstacles à Thibaut, qui
est atteint d’une rétinite pigmentaire (une dégénérescence de la rétine),
diagnostiquée à l’âge de 8 ans. « Au-delà de 3 à 5 mètres je vois flou.
Quand la situation est statique, je peux me débrouiller, mais en mode dynamique
c’est beaucoup plus compliqué ».
Au fil des années, l’acuité visuelle du jeune homme diminue, l’obligeant
« à s’adapter et à se réadapter en permanence » dans sa vie quotidienne.
« J’ai une loupe électronique pour lire mon courrier et j’utilise la
lecture vocale pour mon ordinateur et mon téléphone ».
Au quotidien, il
peut compter sur le soutien de sa compagne, Héloïse Courvoisier, elle-même
malvoyante…et triathlète ! La jeune femme vient d’intégrer le groupe de la
relève de l’équipe de France de para-triathlon et espère également être en
piste pour les Jeux de Paris. Un couple qualifié pour les Jeux ? Thibaut
sourit : « Cela serait une belle histoire, non ? ».
Votre avis nous intéresse !
Ces informations vous ont-elles été utiles ?
Attention : nous ne pouvons pas vous répondre par ce biais (n'incluez pas d'information personnelle).