Nuit Blanche 2021 : « Le corps est au centre de notre démarche »

Rencontre

Mise à jour le 20/09/2021

Mourad Merzouki à gauche et Sandrina Martins à droite sont les deux directeurs artistiques de Nuit Blanche.
Sandrina Martins et Mourad Merzouki ont été nommés cette année à la direction artistique de Nuit Blanche. Ensemble, ils expliquent quelle couleur sera donnée à cet événement culturel pour son 19e anniversaire. Durant la nuit du 2 octobre, les spectateurs et spectatrices seront des participants actifs. Et pour cause, le thème de cette année vise à mettre les corps en mouvement en rapprochant l'art et le sport.
Sandrina Martins est la directrice du Carreau du Temple (3e), un lieu culturel et sportif de la Ville de Paris. Mourad Merzouki, chorégraphe, est directeur du Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne.

En tant que directrice et directeur artistique, quel est votre rôle pour cette 19e édition de Nuit Blanche ?

Cette année, du fait de la crise sanitaire, le contexte est très particulier. Notre nomination a été plus tardive qu’à l’accoutumée, mais cela ne nous a pas empêchés de proposer un projet à notre image et dont le corps en mouvement est le fil directeur. Avec nos parcours, ce choix était naturel. Nous œuvrons à croiser les disciplines - danse, numérique, cirque, sport… -, tout ce qui converge à rendre l’art vivant, accessible, rassembleur.
Nous avons donc sélectionné les artistes et les projets en fonction de ce thème. Puis nous avons défini des parcours cohérents et proposé de nouveaux lieux d’accueil pour les artistes et leurs œuvres.

« Corps, mouvement, sport » : pourquoi ce triptyque ?

Nuit Blanche s’inscrit dans l’Olympiade culturelle des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, l’intégration du sport à cet événement artistique était donc évidente, d’autant que nous avons tous deux une sensibilité à créer ce type de lien.

Avec ces parcours, nous voulons que le public ne soit pas simple spectateur. Au contraire, nous souhaitons qu’il réinvestisse son corps, se déplace, expérimente, interagisse, danse.

Sandrina Martins et Mourad Merzouki
Direction artistique de Nuit blanche
Ensuite, nous avons souhaité porter une programmation pluridisciplinaire en plaçant le spectacle vivant au cœur de ce rendez-vous, pour que les corps réoccupent l’espace public et pour célébrer le fait d’être ensemble. Ce sont des retrouvailles attendues entre la culture et le public.
Avec ces parcours, nous voulons que le public ne soit pas simple spectateur. Au contraire, nous souhaitons qu’il réinvestisse son corps, se déplace, expérimente, interagisse, danse.
C’est aussi l’art de la marche que nous voulons mettre en avant. La marche qui permet d’explorer de nouveaux territoires, de découvrir des lieux peu fréquentés et d’éprouver la distance. D’où l’idée de faire emprunter le sentier GR75 au public et de s’étendre au-delà du périphérique.

Quel message souhaitez-vous faire passer à travers votre programmation ?

En tant qu'artistes et membres du secteur culturel, cette programmation est aussi un acte de résistance. La crise sanitaire nous a parfois obligés à nous arrêter et elle a été source d'incertitude pour l'avenir. Mais ce qui nous encourage et nous réconforte, c'est que les choses se remettent progressivement en place. C'est très réjouissant de savoir que la Nuit Blanche va pouvoir se tenir et que la culture va de nouveau investir les rues et les espaces.
Cette renaissance nous donne envie de dépasser les frontières. Après le repli sur soi vient le temps de l'ouverture vers l'autre.
Il faut continuer de décloisonner les territoires et les esthétiques. Nous souhaitons faire dialoguer les formes artistiques, les disciplines, les générations. Avec quarante projets dans et en dehors de Paris et une soixantaine de projets associés, nous avons voulu nous appuyer sur la grande force qu’est Nuit Blanche. Cet événement culturel d’ampleur touche tous les publics, ouvre les portes d’institutions majeures et fait le pari de la mixité.
Cette année, nous voulons aller vers un public toujours plus large. En proposant des projets dans des lieux inédits, comme une piscine ou une église, pour montrer que l'art ne se cantonne pas au musée ou au théâtre. Et que les frontières symboliques de la culture n'ont pas leur place durant Nuit Blanche.