On a suivi une patrouille de soirée de la police municipale parisienne

Reportage

Mise à jour le 13/01/2025

Police municipale, patrouille
La division d’appui « soirée » de la police municipale parisienne prend ses quartiers chaque jour entre 16 heures et minuit. À la tombée de la nuit, nous avons accompagné l’un de ses équipages. Son rôle ? Assurer des missions de sensibilisation, de prévention et de sécurisation de l’espace public.
20 heures, caserne Napoléon (Paris Centre). Nous embarquons dans un véhicule de la police municipale avec la patrouille 50 025, composée de Mao, de Lam et de leur cheffe d’équipe, Élodie. Des agents expérimentés qui ont fait le choix de travailler en soirée pour des raisons personnelles, mais aussi professionnelles. Chaque fois que le soleil se couche sur la capitale, une nouvelle aventure commence pour eux, toujours avec ce même objectif : faire de Paris une ville où chacun se sent respecté, protégé et écouté.

Sensibiliser plutôt que sanctionner

Police municipale
La radio d’Élodie grésille. À l’oreille, la salle de commandement lui fixe les priorités de la soirée. Direction les 10e et 18e arrondissements. Les missions de la division d’appui sont similaires à celles de leurs collègues de jour : gestion des nuisances publiques, prévention des tapages, sécurisation de sites sensibles, verbalisation des infractions au code de la route.

Parfois, il suffit de montrer notre présence, et la situation se résout d’elle-même !

Mao
policier municipal
Pourtant, comme le souligne Lam, la différence réside souvent dans l’atmosphère et la population rencontrée : « Le soir, il y a une sorte de relâchement. Les gens sont plus détendus, mais parfois aussi plus nerveux. C’est là que l’on doit faire preuve de discernement. »
De la gestion de petits conflits à la prévention de la vente à la sauvette, les interventions sont variées, comme l’illustre un premier arrêt boulevard Magenta (10e), où un groupe de vendeurs ramasse vite ses produits et se disperse à l’arrivée des policiers. « Parfois, il suffit de montrer notre présence, et la situation se résout d’elle-même », remarque Mao.
Le soir, les policiers municipaux sont fréquemment sollicités pour des nuisances sonores, signalées par les Parisiens au 3975. « Les gens sont parfois un peu trop enthousiastes après un verre ou deux, poursuit Mao. Notre rôle n’est pas simplement de sanctionner, c’est aussi de sensibiliser et de rappeler les règles de civisme. »
Le travail de la brigade, comme celui de l’ensemble de la police municipale, s’exerce dans une volonté de proximité. Elle ne se contente pas de remplir une mission de sécurité, mais cherche à comprendre et à accompagner les Parisiens, à rendre la ville plus sûre et plus agréable.
Quelles amendes ?
Les policiers municipaux ont des compétences de sanctions pénales et administratives : ils peuvent dresser des contraventions de la 1re à la 5e classe (1500 € maximum d’amende pénale), mais aussi engager des procédures administratives avec des amendes pouvant aller jusqu’à 15 000 € et entraîner des enlèvements d’offices de mobiliers ou déchets présents sur la voie publique. Par exemple, le dépôt / gros embarras, ou l’épanchement d‘urine, ou une nuisance sonore, est puni d’une amende forfaitaire de 4e classe (135€).

Les yeux et les oreilles de la ville

Police municipale, patrouille
« Je peux me garer sur cette place le temps de monter mes bagages ? » demande un Parisien stationné sur une place de livraison. « Désolé, mais on ne peut pas vous autoriser à commettre une infraction », répond Élodie.
La brigade veille à faire respecter la circulation et repère des infractions, comme les stationnements sur les places pour personnes handicapées ou les couloirs de bus et les deux-roues qui circulent sur les trottoirs. Des PV sont dressés, des demandes d’enlèvement effectuées, et toujours dans le dialogue et la compréhension.

L’amende pour épanchement d’urine s’élève à 35 euros.

Mao
policier municipal
Direction le parvis de la gare de l’Est (10e), très fréquenté en soirée. L’équipage poursuit sa patrouille à pied. Élodie se rapproche d’une jeune femme entourée d’un groupe d’hommes, simplement pour lui demander si tout se passe bien. Pas de problème. Au loin, Mao repère des individus en train d’uriner. « L’amende pour épanchement d’urine s’élève à 35 euros », précise-t-il.
Un bonjour à un commerçant, un échange avec les bénévoles d’une association qui distribue des repas aux personnes sans abri, des discussions avec des jeunes… C’est à une ribambelle de publics différents que les policiers municipaux ont affaire. « Sur le terrain, nous sommes en quelque sorte les yeux et les oreilles de la Ville de Paris et de tout ce qui se passe vraiment sur la voie publique », analyse Lam.

Être à l’écoute

Police municipale, patrouille
En route pour le quartier du Moulin-Rouge (18e). Autre ambiance. La nuit, c’est parfois aussi le moment où habitants et commerçants se permettent de faire des dépôts illégaux, comme laisser des poubelles dehors, jeter des encombrants, poser des chevalets publicitaires et autres obstacles qui gênent l’accès aux piétons sur la chaussée, notamment pour les personnes à mobilité réduite.

Notre travail, c’est aussi d’être à l’écoute. On n’est pas là juste pour réprimer.

Élodie
policière municipale
Rue Véron (18e), l’équipage repère justement un chevalet positionné à plusieurs mètres d’un restaurant. En se rapprochant du commerce, Élodie, Lam et Mao se rendent compte que des tables sont installées sur le trottoir sans autorisation. Une discussion s’engage avec le gérant, sans protestation. « Ils ont repris le restaurant récemment et pensaient avoir une autorisation pour la terrasse. On leur a expliqué que c’était une occupation illégale de la voie publique et ils vont faire en sorte de rentrer dans les clous », relate Élodie.
Pour cette première mise au point, pas utile de verbaliser. « Mais si l’on repasse et que ce n’est toujours pas fait, on sanctionnera. Notre travail, c’est aussi d’être à l’écoute. On n’est pas là juste pour réprimer. »

« Notre mission prend tout son sens quand on parvient à aider quelqu’un »

Police municipale
« Bonsoir ! Ça va ? Vous n’avez pas trop froid ? » Deux personnes sans domicile fixe ont installé leur matelas rue Lepic (18e). Leur présence ne gêne pas le passage, Élodie s’assure qu’ils n’ont pas besoin d’aide. « Si l’on arrive à entamer le dialogue, on leur demande s’ils savent comment faire pour demander un logement, trouver un bain-douche… Ici, les personnes ne présentent pas de troubles à l’ordre public, on les laisse dormir. »
« On voit de tout la nuit, observe Lam. Mais là où notre mission prend tout son sens, c’est quand on parvient à aider quelqu’un. Et quand les Parisiens nous disent qu’ils se sentent en sécurité grâce à nous, ça fait chaud au cœur. »

Des patrouilles ponctuées d’imprévus

Toutes les soirées ne sont pas aussi calmes. Les policiers municipaux de la division d’appui interviennent également pour des événements imprévus tels que des altercations lors des fermetures des parcs ou des médiathèques, des incendies, des déclenchements d’alarme dans les bâtiments publics ou des accidents de la route. « Récemment, nous avons été appelés en urgence dans le 17e sur un incendie domestique. Notre rôle était d’abord de sécuriser les lieux, de rassurer les habitants et de faciliter l’intervention des pompiers », explique Lam.
Minuit. L’équipe d’Élodie retourne à sa caserne afin de passer le flambeau à l’unité d’appui « nuit », qui œuvrera jusqu’au petit matin pour apaiser et prévenir les tensions sur l’espace public.
Quels effectifs ?
En janvier 2025, les effectifs de la police municipale parisienne s'élèvent à 2 400 agents. 33 % des policiers sont des femmes. On compte 27 % de femmes encadrantes intermédiaires et 9 femmes cheffes d’entités sur les 17 divisions territoriales.
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