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On a profité des Jeux paralympiques pour « tester » l’un des nouveaux quartiers hyper accessibles mis en place dans la capitale. Rendez-vous à la sortie du métro Saint-Fargeau (20e) avec la légende japonaise de tennis-fauteuil, Shingo Kunieda.
Se promener avec un fauteuil roulant dans des rues parisiennes
au dénivelé impressionnant, c’est vraiment possible ? Accéder aux services
municipaux quand on est une personne en situation de handicap, est-ce réellement
faisable ? C’est en tout cas le défi relevé par les 17 quartiers hyper
accessibles de la capitale, des zones d’exemplarité permettant à toute personne, quelle que
soit sa situation, de se déplacer sans difficulté.
Tous ces aménagements, en cours
depuis plusieurs années dans l’ensemble des arrondissements, se sont accélérés avec l’organisation des Jeux de Paris 2024. Et ils font d’ailleurs partie de l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques : les transformations et expérimentations générées profiteront aux Parisiens et aux Parisiennes sur le long terme.
Franchir un passage piéton : merci les feux sonores !
Dans le quartier Saint-Fargeau
(20e), les derniers travaux se sont achevés en juillet
dernier. Légende du tennis-fauteuil, Shingo Kunieda a voulu tester le parcours pendant
son séjour dans la Ville Lumière. À 39 ans, l’athlète japonais multimédaillé est
désormais retraité des compétitions, mais a été dépêché à Paris en tant que consultant de la chaîne publique japonaise
NHK pour les Jeux paralympiques.
Son itinéraire commence en haut de l’avenue Gambetta (20e), à 108 mètres d’altitude.
Rendre accessibles des rues à forte déclivité est un défi supplémentaire, qui a mobilisé les services de la municipalité ! Le premier passage piéton est-il franchissable sans encombre ? Oui ! Toutes les bandes blanches podotactiles ont été rénovées pour assurer
la sécurité des déficients visuels, et la Ville distribue gratuitement des télécommandes universelles qui déclenchent des modules sonores.
Si le feu piéton est vert, une ritournelle se déclenche, s’il est rouge, une voix annonce : « Rouge piéton, avenue Gambetta ». Sur les 22 000 traversées piétonnes de Paris, plus de la moitié sont équipées de ces modules sonores, dont plus de 1 200 sont installés dans les quartiers hyper accessibles. Pour les Jeux de Paris 2024, 1 000 télécommandes supplémentaires ont été distribuées aux visiteurs et des versions anglaises ont également été développées.
Prendre le bus : mission réussie
Direction l’arrêt de bus 61/64/96. Il fait partie des 1 750 arrêts rendus accessibles. Le trottoir a été surélevé pour que
les autobus puissent déployer leur rampe. À l’arrêt Saint-Fargeau, un quai déporté
a été aménagé, la piste cyclable surélevée et un dispositif de guidage à
cannelures posé au sol pour les déficients visuels. Le 20e est pour
le moment le seul arrondissement à expérimenter ce dispositif.
Autre travail important accompli sur l’avenue : son désencombrement. Autant que possible, on a fait disparaître de
l’espace public tous les objets obsolètes et les obstacles qui l’occupaient. Dans le cas contraire, toute anomalie peut être signalée en quelques clics grâce à l’application DansMaRue.
Cheminer sur les trottoirs ? Ça passe large !
Shingo Kunieda
emprunte ensuite la rue Haxo (20e). Longue d’un kilomètre, celle-ci a bénéficié, en
quatre mois de travaux, de réajustements qui permettent un meilleur cheminement
des personnes à mobilité réduite. Auparavant, il aurait été bien difficile pour le
para-athlète de circuler sur le trottoir tant il était étroit.
Non seulement celui-ci a été agrandi sur toute la longueur de la rue, mais les services de la Ville ont aussi travaillé sur la pente pour rendre ce trottoir plus droit et plus agréable à pratiquer. Résultat : plus de 1 000 mètres carrés supplémentaires au bénéfice des piétons !
Un travail a
également été mené sur la circulation pour apaiser la rue. Un aménagement
cyclable sépare mieux les flux « piétons-vélos-véhicules » et sécurise la voie pour chaque type de mobilité. Un projet mené main dans la main avec
des associations spécialistes du handicap.
Enfin, devant chaque passage piéton, des potelets plus hauts que les autres et munis d’une boule blanche contrastante permettent de bien limiter les traversées. Une cinquantaine de bandes d’éveil à la vigilance ont été posées.
Stationner, se repérer, se déplacer… grâce à l’application StreetNav
Piétonnisée
et végétalisée, la rue Henri-Dubouillon (20e) a elle aussi changé de visage ces derniers
mois. Il a été possible d’y créer une place de stationnement adaptée aux personnes à mobilité réduite. Une
gageure dans certaines rues étroites de la capitale. C’est en l’empruntant que l’application
StreetNav est présentée au tennisman.
Portée par l’entreprise N-Vibe (qui est accompagnée par la Résidence de l’Accessibilité du 20e),
cette appli collaborative est un « Google Maps des personnes
handicapées » : elle leur permet d’adapter de façon autonome leurs itinéraires en temps
réel, en fonction des obstacles. Elle est expérimentée dans une vingtaine
de villes en France et dans sept quartiers hyper accessibles à Paris.
Existe-t-il
des rues aux enfants au Japon ? À Paris, on en compte déjà 218, parmi lesquelles la rue des
Tourelles (20e). À proximité de l’école primaire,
celle-ci est piétonnisée afin de sécuriser le chemin maison-école pour les enfants, tout en luttant
contre la pollution. Des aménagements qui bénéficient par la même occasion aux personnes à mobilité réduite.
Accéder aux équipements publics : oui, c’est possible !
Au sein de chaque quartier hyper accessible est déterminé un parcours prioritaire permettant un cheminement entre différents équipements recevant du public (ERP), tous accessibles. Sur chacun de ces parcours se trouvent a minima huit ERP couvrant huit catégories de services (des équipements sportifs, de santé, culturels, de la petite enfance, scolaires et de loisirs, des bibliothèques et des espaces verts).
Cette balade est l’occasion de s’arrêter devant la crèche collective Tourelles Gambetta. Elle est dotée d’un ascenseur, de toilettes accessibles aux personnes à mobilité réduite et de tous les dispositifs permettant l’accueil de familles en situation de handicap. Des sensibilisations à toutes ces thématiques ont été proposées à l’ensemble du personnel des équipements municipaux des quartiers hyper accessibles, avec des mises en situation, notamment via un casque de réalité virtuelle.
Comme une envie de terminer ce parcours par une baignade dans l’eau claire de la piscine Georges-Vallerey (20e) ? Le bâtiment de l’avenue Gambetta impressionne la délégation japonaise. Qui aurait cru que l’on pourrait rendre accessible un établissement construit pour les Jeux olympiques de 1924 ?! Et pourtant, après deux ans de travaux, la piscine était fin prête pour accueillir les athlètes lors des entraînements de natation, de natation marathon et de triathlon à l’occasion des Jeux de Paris 2024.
Parmi les innovations au cœur de sa métamorphose : le renforcement de l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite avec un cheminement accessible de l’entrée jusqu’au bassin. La banque d’accueil est adaptée et, autre nouveauté, la création d’un local pour chiens d’aveugle à l’entrée de la piscine, une première pour un site sportif dans la capitale !
Si notre test s’avère concluant dans ce quartier hyper accessible grâce aux aménagements mis en place et grâce aux Jeux de Paris 2024, qui ont permis d’en accélérer la politique, le succès doit rester modeste, car beaucoup reste à faire pour que les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite puissent profiter d’un espace public totalement adapté. Un challenge qui reste difficile dans une ville au bâti ancien, mais la voie est ouverte et ces premiers aménagements sont porteurs d’espoir.
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