Plus de fontaines à eau, plus d'ordinateurs à l'école… les idées des petits citoyens pour « Bien grandir à Paris »

« On compte pas pour du beurre, nous ! », s’exclame Aruna. Avec dix de ses copains du centre de loisirs Poissonniers (18^e), petits citoyens de demain, le jeune garçon a pu exprimer ses besoins et ses envies pour bien grandir à Paris. Un atelier était organisé par la Ville de Paris et Make.org pendant les vacances de la Toussaint, dans le cadre de la grande consultation ouverte à tous jusqu’au 26 octobre, les Dialogues parisiens. Et les enfants ne manquent pas d’idées !

Les propositions tournent d’abord autour de leur quotidien : « Il faut agrandir l’école », lance Carole, « Et mettre des ordinateurs dans chaque classe », ajoute Fatima. Pour Gessi, l’important c’est plutôt de pouvoir manger « des tacos à la cantine ». Amelia, gourmande, mais raisonnable, suggère « un distributeur de boissons et de bonbons… mais qu’on ne peut pas utiliser plus d’une fois par semaine ! »

Parfois, les propositions suscitent des débats : Amazaia et Adema voudraient « un terrain de foot réservé aux CP et aux CE1 »… Ce qui vexe Baïdji, qui demande que ce terrain soit aussi ouvert aux CE2 ! L’idée d’un versement hebdomadaire d’argent de poche - 5 euros pour tous les enfants parisiens -, ne reçoit quant à elle que des approbations de la part de ce joyeux petit groupe de citoyens…

S’ils sont libres de s‘exprimer sur tous les sujets qui les préoccupent, Henriette Bouchez, animatrice de lecture à l'école Poissonniers et médiatrice des débats pour l'occasion, leur propose de voir plus loin, à l’échelle du quartier, de la ville. Une seule consigne, commencer sa phrase par « Il faut ». Les mains se lèvent aussitôt avec enthousiasme. « Il faut plus de centres médicaux et de magasins autour de l’école », « Il faut plus de passages piétons rue des Poissonniers », « Il faut plus de fontaines à eau à Paris ». Les transports en commun sont aussi au centre de leurs préoccupations : ils veulent des métros plus propres, avec plus de places assises et équipés de toilettes.

Concernant la vie culturelle, Amelia et ses camarades souhaitent plus d’activités gratuites : des places pour les matchs au Parc des Princes, des sorties au Trampoline Park ou à Disneyland… Kevan propose aussi de pouvoir assister à des épreuves des Jeux olympiques à l’Arena de la porte de la Chapelle… Un équipement que ces petits résidents du 18^e âgés de 6 à 11 ans ont vu se dresser peu à peu dans leur quartier ces dernières années.

Le débat - une trentaine de minutes pour une bonne cinquantaine de propositions - se termine sur l'idée la plus originale, celle de Lemisse, d'organiser une sortie sur la lune !

« Les enfants du centre de loisirs avaient déjà participé à ce type d'ateliers l’an dernier sur la question du bien vivre à Paris. Un petit groupe d’entre eux avait pu rencontrer la maire pour présenter leurs propositions. Ils savent que leur parole compte », se réjouit Henriette Bouchez.

L’objectif des Dialogues parisiens « saison 2 » est d’améliorer le cadre de vie des enfants dans la capitale. Toutes les bonnes idées sont donc attendues par la Ville – plus de 5 600 idées ont déjà été déposées par les citoyens, et près de 734 000 votes recueillis sur la plateforme. « Souvent, les démarches citoyennes peuvent laisser de côté les enfants. Étant donné que la question de cette année les concerne directement et que ce sont eux qui bénéficieront à terme des décisions prises, on a décidé de venir à eux pour les interroger, décrit Rémi Bolomey, responsable des projets “démarches participatives” chez Make.org. Grâce à la cinquantaine d'ateliers que nous avons organisés dans les écoles, les centres de loisirs et les bibliothèques, les enfants ont pu contribuer directement à cette consultation en donnant plus de 500 idées ! »

C'est bel et bien une parole brute des enfants qui est recherchée. « On ne les bride pas, on récupère leurs propositions avec leurs mots. » Une équipe de sociologues et de data scientists analyse ensuite ces données afin de dégager les idées les plus consensuelles et les plus controversées afin de les mettre au vote sur la plateforme.

Rémi Bolomey se dit parfois surpris par les préoccupations des jeunes parisiens, qu'on n’imagine pas de leur âge. « Dans un autre atelier, des enfants ont demandé plus de places de stationnement ou la création de centres alimentaires pour l'aide aux personnes démunies, par exemple ».

L'annonce des résultats sera faite lors des vœux de la maire en janvier 2024.

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