« Paris est la capitale mondiale du livre »

Rencontre

Mise à jour le 31/03/2025

femme en doudoune blanche qui choisit un livre
« Paris est la grande salle de lecture d’une bibliothèque que traverse la Seine », écrivait Walter Benjamin. Et c’est le sentiment qui nous parcourt en feuilletant l’ouvrage « Paris est un livre », la déclaration d’amour à la capitale et aux livres d’Alexis Margowski. Le journaliste répond à nos questions à l’occasion du Festival du livre de Paris, du 11 au 13 avril.
Festival du livre de Paris
Le festival s’installe au Grand Palais (8e) pour sa 4e édition, du 11 au 13 avril. Un événement à ne pas rater pour ceux et celles qui aiment la littérature. Cette année, le Maroc est à l’honneur.
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Rencontre avec Alexis Margowski, l’auteur de Paris est un livre, une balade en images et en textes – entre écrivains contemporains et auteurs patrimoniaux – qui révèle le rapport fusionnel entre la capitale et le monde du livre.

Vous parlez dans votre ouvrage de « l’extravagante bibliodiversité » parisienne. Pour vous, Paris est-elle réellement la capitale mondiale du livre ?

Très certainement ! Non seulement c’est la ville qui compte le plus de librairies « en dur » – il y en a 626 et elles sont toutes répertoriées dans l’ouvrage ! –, mais à celles-ci s’ajoutent les bouquinistes des quais de la Seine ou ceux du parc Georges-Brassens (15e), les bibliothèques, les statues d’écrivains, les plaques mémorielles, les maisons d’écrivains, les cafés littéraires, les clubs de poésie, les boîtes à livres, les maisons d’édition, les prix littéraires, les salons…
On y trouve toutes sortes de livres : du neuf, de l’ancien ou du précieux, dans toutes les langues, sous toutes les formes et dans tous les styles. C’est aussi la ville où l’on croise le plus de lecteurs, dans les rues, dans les jardins, le long d’un canal, à la table d’un restaurant, dans le métro ou en marchant sur le chemin du travail.
J’ai enquêté pendant plusieurs années, j’ai arpenté chaque rue de Paris pour partir à la rencontre de tous les acteurs du livre et proposer une aventure de l’esprit – avec des citations, un recueil littéraire de textes sur Paris, des contributions d’historiens, d’écrivains et d’éditeurs –, mais aussi de l’œil, avec le travail de Martin Bruno qui a photographié des vitrines, des œuvres d’art, des amoureux du livre et l’objet livre.

Face à la surexposition aux écrans et au développement du commerce en ligne, comment le livre préserve-t-il sa place ?

Ne nous leurrons pas : comme partout ailleurs, le nombre de librairies a baissé. Il a été divisé par deux à Paris depuis l’an 2000. Mais ce déclin semble s’être enrayé dans la capitale. Et on peut se réjouir de compter encore 27 maisons centenaires toujours en activité, dont quatorze sont ouvertes depuis plus de cent cinquante ans et trois depuis deux cents ans !
Il y a encore une vitalité – ou une résistance ! – dans ce secteur : on continue à former des libraires et des jeunes se lancent dans des ouvertures de boutiques avec passion et parfois de nouveaux concepts. Pourtant, être libraire est un métier exigeant, chronophage et peu lucratif.
La passion française pour le livre de papier et la littérature est indéfectible. Au fil du temps, une législation s’est mise en place pour protéger le prix unique du livre et défendre ses acteurs. Ainsi, le livre reste le premier marché de biens culturels en France. Selon le syndicat national de l’édition, il s’y vend 440 millions d’exemplaires par an pour un chiffre d’affaires proche des 3 milliards d’euros. Quarante mille titres nouveaux paraissent chaque année et 90 % des Français lisent au moins un livre par an.

Quels sont les lieux qui vous ont le plus marqué à travers cette déambulation dans ce livre-monde ?

Tous les lieux sont magnifiques et je suis fasciné par toutes les librairies ! Mais s’il faut en choisir, je pense à la toute petite librairie Anima, au 3, rue Ravignan (18e), dans le quartier des Abbesses. Elle a un charme extraordinaire et propose beaucoup de poésie. Et la plus ancienne librairie de Paris, Delamain, au 155, rue Saint-Honoré (Paris Centre), qui date d’avant le musée du Louvre !
Dans les cimetières, je reste marqué par la tombe de Zola au cimetière Montmartre (18e) et par le buste de Pierre Larousse dans le cimetière du Montparnasse (14e). Et n’oublions pas que les marcheurs attentifs peuvent lire en entier Le Bateau ivre, d’Arthur Rimbaud, peint sur un mur de la rue Férou (6e), tandis que les promeneurs du jardin du Luxembourg (6e) y croiseront les statues de George Sand, Paul Verlaine, Théodore de Banville et Marguerite d’Angoulême (reine de Navarre, poétesse et protectrice des écrivains).
Visuel montrant la couverture du livre PARIS EST UN LIVRE - Auteur Alexis Margowski et photographie Martin Bruno au Edition Keribus
Où trouver l’ouvrage Paris est un livre, d’Alexis Margowski (photographies de Martin Bruno et préface de Jacques Attali), éditions Keribus, 2024
Alexis Margowski invite à une lecture performative conçue par la compagnie du Théâtre d’Ailes Ardentes, samedi 5 avril à 19 h 30, au théâtre La Guillotine de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

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