Réhabilitation de logements sociaux : trois chantiers pour un même objectif climatique
Reportage
Mise à jour le 16/02/2024
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Concilier enjeux environnementaux, amélioration du cadre de vie et respect du patrimoine, c’est possible ! Reportage au cœur de trois résidences de logements sociaux situées dans les 12e, 13e et 20e arrondissements.
« Chez moi, il fait désormais bien meilleur. Et dehors, ça ressemble vraiment à une résidence : c’est vert, il y a de l’espace et de la clarté. Avant, ce n’était pas franchement accueillant », explique un locataire de la résidence Frédérick Lemaître Rigoles (20e), qui vit ici avec son père. Leur logement social, comme les 735 autres qui composent cet ensemble, a été récemment réhabilité et rénové énergétiquement dans le cadre du Plan Climat : une feuille de route environnementale qui prévoit notamment la rénovation de 5 000 logements sociaux chaque année.
Un objectif financé par la Ville (70 millions sur un total de 350 millions d’euros en 2023) et les bailleurs sociaux, en premier lieu desquels Paris Habitat, qui gère plus de 125 000 logements.
Végétaliser : rendre plus agréable et plus écologique
Dans cette première résidence, au cœur de Belleville (20e), les bâtiments ont bénéficié d’une isolation par l’extérieur et les portes palières, fenêtres et moteurs VMC ont été remplacés, tout comme les anciens radiateurs. De quoi permettre au lieu de passer d’un diagnostic de performance énergétique (DPE) D à un DPE B.
En résultent des baisses de la consommation énergétique, des émissions de gaz à effet de serre et de la facture. « Ces réhabilitations sont des enjeux environnementaux, économiques, de santé publique et d’amélioration du cadre de vie des locataires », glisse Cécile Belard du Plantys, la directrice générale de Paris Habitat.
Autour d’elle, au pied de ces bâtiments construits en 1970 et qui percent le ciel, les espaces végétaux attendent le printemps pour verdir à nouveau. Mais la revégétalisation a déjà transformé cet espace commun, autrefois traversé sans qu’on s’y attarde, en un lieu de vie avec des jardins partagés.
Plus haut, les 2 000 mètres carrés de toits-terrasses accueillent de l’agriculture urbaine. Toutes ces mesures permettent de lutter contre l’effet « îlot de chaleur » : une zone, très minéralisée, où les températures nocturnes et diurnes sont plus élevées que la moyenne.
Jusqu’à 15 °C de différence au dernier étage
La visite continue avec un premier retour dans le temps : la résidence Montera Gabon (12e) et ses 106 logements ont été construits en 1957. Pour adapter les bâtiments aux usages d’aujourd’hui et de demain, les architectes ont repensé les lieux : tous les logements ont bénéficié d’une isolation thermique, deux ascenseurs ont vu le jour et 38 balcons de 4 mètres carrés ont été appliqués aux façades pour agrandir les séjours et les chambres.
Un chantier lourd, mené tandis que les locataires continuaient d’habiter leur logement. Dans son trois-pièces aux étagères parsemées de souvenirs, une résidente du 1er étage se remémore : « Au début des travaux, je me plaignais, car une partie de mon appartement était inaccessible. Mais, après les deux mois de rénovation, j’étais bien contente et j’ai oublié les contrariétés ! »
Parmi les changements notoires : la baisse des charges liées au chauffage de 20 % à 25 % depuis la fin des travaux en mars 2022. Une amélioration qui se ressent également en plein été. Si la rigueur de l’hiver rend difficile la projection dans une période caniculaire, il suffit de demander au locataire du 10e et dernier étage de s’en souvenir pour nous.
Assis à quelques pas de sa large baie vitrée, au bout de laquelle pointent les tours Eiffel et Montparnasse, il a longtemps souffert de la chaleur : « Avant les travaux, pendant l’été, c’était insupportable si je n’allumais pas la climatisation. Depuis la rénovation, je ne l’ai même pas branchée. » Et pour cause : dans un logement du dernier étage, une bonne isolation thermique fait baisser le thermostat de 10 °C à 15 °C en plein été.
Le réemploi des matériaux au cœur du projet
La dernière halte parmi ces logements sociaux récemment réhabilités par Paris Habitat et la Ville nous plonge un siècle en arrière. À quelques pas d’Olympiades, dans le 13e arrondissement, la résidence Sthrau fait partie des premières Habitations Bon Marché (HBM), construites à partir de 1921.
« Ce type de logement renvoyait une image presque carcérale, avec une organisation en panoptique, pose Xavier Brunnquell, l’architecte du projet. Il s’agit de petits habitats traversants (entre 27 et 30 mètres carrés) et donnant sur une cour ouverte, à la différence des immeubles haussmanniens. »
Ici, nous allons mener un travail pour optimiser l’espace, améliorer l’isolation et augmenter la luminosité
Architecte
Outre l’amélioration thermique des 115 logements de la résidence, le chantier, engagé depuis février 2023, va permettre de rénover totalement les appartements et d’en modifier l’agencement. « Il faut constamment adapter les logements aux nouveaux usages. Par exemple, dans les années 1920, il n’y avait pas de salle de bain et les sanitaires se trouvaient sur le palier et se partageaient. Ici, nous allons mener un travail pour optimiser l’espace, améliorer l’isolation et augmenter la luminosité », énumère l’architecte depuis l’appartement témoin de l’opération.
Dans ce deux-pièces comme neuf, les anciennes portes sont devenues des placards et des étagères tandis que les vieilles fenêtres, pas assez isolantes, ont permis de créer une verrière entre le séjour et la chambre. À l’extérieur, les briques et pavés serviront à bâtir les cheminements.
« Chaque logement a sa propre histoire »
Comme ailleurs, cette réhabilitation a été précédée d’une période de concertation avec les habitants : un moment indispensable pour cerner leurs besoins. « Chaque logement a sa propre histoire. Chaque résidence est différente. Rénover des logements sociaux, ce n’est pas du gros d’œuvre. C’est plutôt de la dentelle », sourit la directrice générale de Paris Habitat.
La concertation est aussi un moyen de rassurer les habitants. « Ce genre de projet, dans un premier temps, ça fait peur. Lorsqu’on a appris qu’il y aurait des travaux, il y a d’abord eu des bruits de couloirs entre locataires. Certains disaient qu’on devrait déménager, d’autres que les loyers allaient devenir très élevés. Globalement, on craignait de se faire avoir. Puis on a compris qu’on avait tout à y gagner : un logement rénové et un loyer toujours bas », se rappelle un habitant, adossé au mur de l’appartement témoin.
Loin des peurs initiales, le projet de rénovation porté par Paris Habitat a finalement été adopté par 89 % des locataires. Il devrait se terminer au début de l’année 2026.
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