Rencontre avec le patron de la future police municipale
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Mise à jour le 31/01/2019
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Ancien commissaire divisionnaire, ex-patron de la police des transports, Michel Felkay est arrivé depuis peu à la tête de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP) de la Ville de Paris. Il évoque la future police municipale qui sera créée en 2020. Interview.
Quelles vont être vos premières décisions en tant que patron de la future police municipale ?
Je veux d’abord créer une cellule de réponses aux usagers pour que chaque remontée d’incivilités, qu’elles soient par mail, par écrit, par le 3975 ou via l’application "Dans ma rue" trouvent une réponse adaptée. Les médiateurs de rue rencontreront les usagers et préciseront la demande. S’il s’agit d’un problème du ressort de la Préfecture de police – type trafics, agressions, etc. –, nous leur ferons remonter ; s’il s’agit d’un problème de propreté, nous transmettrons au service compétent. S’il s’agit d’un problème de circulation ou d’incivilités, nous interviendrons rapidement.
Nous avons une multitude d’agents sur le terrain, agents de surveillance ou inspecteurs de sécurité de voie publique (ASP et ISVP), agents des points écoles, agents qui accompagnent les personnes âgées, brigade cynophile, motards, tous chargés eux aussi de faire remonter les problèmes liés à l’utilisation de l’espace public qu’ils rencontrent au quotidien. Ceux qui sont en charge de la protection routière ou en charge de la lutte contre les incivilités ne sont pas là uniquement pour verbaliser, mais également pour tranquilliser l’espace public.
Toutes les incivilités sont ma priorité
Responsable de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection à la Mairie de Paris
Quelles sont vos grandes priorités ?
Toutes les incivilités sont ma priorité. Il y a beaucoup de comportements inciviques, jets de papiers, déjections canines, dépôts d’ordure, épanchement d’urine, stationnement gênant, etc. Je sais que les Parisiens sont très demandeurs dans ce domaine. D’ailleurs, plus d’un million de PV ont été établis en 2018, c’est énorme. Nous allons renforcer nos actions, notamment sur les dépôts sauvages, les stationnements anarchiques, voire dangereux, et la sécurisation des piétons et des cyclistes. Nous allons également monter en compétence sur les problèmes de nuisances sonores de voisinage dans l’espace public.
Mais il y a aussi au sein de ma direction toute une unité qui travaille pour mettre à l’abri les sans domicile, pour trouver des foyers pour les migrants et protéger les mineurs non accompagnés dans le cadre de missions de protection judiciaire en lien avec le Parquet. Il y a tout un travail à faire pour protéger cette population fragilisée.
Je n’oublie pas également la prévention des rixes. Il faut absolument que l’on arrive à agir préventivement sur cette question. Cette connaissance des groupes, des bandes organisées est essentielle, et ça, c’est un travail que nous allons réaliser avec nos médiateurs en renforçant leurs effectifs dès à présent, avant même la création de la police municipale qui interviendra d’ici 2020.
J’ai travaillé à Berlin en tant qu’attaché de sécurité intérieure. Là-bas, ils appliquent le concept de désescalade : lorsqu’il y a un conflit, on fait en sorte d’écouter, mais aussi de rappeler les règles, les principes de civilité ; c’est ce que je veux appliquer à la Ville de Paris.
Cela signifie une présence renforcée dans l’espace public ?
Oui, tout à fait. Nous allons faire en sorte que nos agents soient présents dans les quartiers où ils sont le plus utiles et aux horaires les plus tendus. Nous allons organiser des opérations d’occupation de la voie publique par un certain nombre d’effectifs, comme nous avons déjà commencé dans le 18e et dans le 19e. Ces opérations nous permettent de rassurer, d’être au contact, et de verbaliser au besoin, tout en restant dans notre champ de compétences.
Ce sont des stratégies que nous avons déjà expérimentées et la population va rapidement se rendre compte de ces changements. Cette police municipale permettra un travail plus ciblé, mais aussi une organisation plus cohérente. Tous les agents sont là pour créer du lien social. Je pense que la réalité est là : Pour bien répondre aux besoins des Parisiens, il faut être présent et sentir ce qui se passe réellement afin de bien adapter nos réponses.
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