Revivez une Nuit Blanche 2022 pas comme les autres !
Reportage
Mise à jour le 02/10/2022
Sommaire
Dans la nuit de samedi à dimanche, Paris a célébré en grand l'art contemporain pour la vingtième édition de Nuit Blanche. Récit d'une nuit entre surprises, émotions, rires, réflexions. Une façon de redécouvrir Paris sous un autre œil !
Déjà deux décennies que la capitale s'offre une nuit un peu particulière ! Et pour son anniversaire, Nuit Blanche a vu les choses en grand. Nous
commençons notre parcours par le Centre Pompidou. Sur le parvis bondé, un
phénomène étrange se produit : de la mousse colorée sort des grosses
bouches d’aération. Jaune, orange, rose, violette, bleue… Les couleurs se
succèdent les unes après les autres. Une bourrasque fait s’envoler la
mousse colorée, le public s'extasie.
Lauren et John, deux New-Yorkais de passage dans la capitale,
sont ravis par cette animation improvisée, gratuite et accessible à tous. À côté, Valéria, Parisienne
d’adoption, contemple ce spectacle inédit. « Je m’attendais à une performance, quelque chose de plus
immersif. Mais ça reste sympa, surtout avec le vent ! »
Mickaël, Wendy et Anaïs, trois trentenaires franciliens, se
sont retrouvés par hasard au milieu du parvis. Ils tentent de comprendre d’où
vient la mousse et la foule. « Nuit
Blanche ? On connaît pas, on va regarder le programme ! »
Méditative
Direction la Samaritaine, où une
sphère composée de 850 tiges métalliques est installée sur la placette devant
le grand magasin. L’atmosphère est plus intimiste, on en oublierait presque la
circulation à proximité.
Au bout de quelques minutes, l’œuvre est « activée ». Les tiges métalliques sont rassemblées ensemble avant d’être
relâchées d’un seul coup. Se produit alors un jeu musical visuel et sonore qui
donne lieu à plusieurs interprétations. Etienne, 5 ans, y voit un diamant.
Alberto, 76 ans, évoque un « cœur qui bat », un autre parle d’une méduse. Alice, la trentaine, est plus prosaïque :
la structure qui soutient l’œuvre lui rappelle son pommeau de douche ! C'est un peu ça, l'art contemporain : à chacun sa façon de voir, d'interpréter.
Festive
Notre déambulation se poursuit sur le parvis de l’Hôtel de
Ville. Un gigantesque cube lumineux est posé au centre, à Paris, la ville lumière. Plongé dans le noir, le parvis est
subitement illuminé par des flashs. Jie, 27 ans, a l’impression
d’être transportée dans une autre réalité. Quant à Marcos, 27 ans, il savoure l’atmosphère
de fête créée par l’installation.
Effrontée
Du côté de la place du Châtelet, une file
gigantesque s’étire tout le long du théâtre éponyme. De tous les âges et
toutes les origines, les groupes d’amis patientent parfois depuis plusieurs
heures. Lorsque les portes du théâtre s’ouvrent enfin, l’excitation est à son
comble. C’est à qui trouvera la meilleure place pour lui et ses amis. Une fois
assis, chacun repose un peu ses jambes et profite du décor : un théâtre
classique, tout en rondeur et en dorure avec ses rangées de fauteuils rouges. Le
spectacle peut commencer.
Place au burlesque ! À l’effeuillage, à l’impertinence, à l’humour… Un peu surpris, le public se laisse séduire et encourage les
artistes par des applaudissements. Yoana, 31 ans, a rejoint sa mère Svetlana
directement après le travail pour profiter de ce spectacle. « C’était génial, je suis contente d’y
avoir assisté après avoir passé toute la semaine à travailler. » Svetlana,
d’origine bulgare, n’a jamais voyagé aux États-Unis, mais elle a le sentiment d’avoir
quitté la France le temps d’un spectacle.
À la sortie, un groupe d’une dizaine d’étudiants ne tarit pas d’éloges sur le spectacle, et ne regrette pas d’avoir
patienté une heure et demie pour y assister.
Dansante
Notre voyage continue vers la Canopée des Halles. Ambiance
survoltée pour les performeurs et performeuses de waacking, une danse née aux États-Unis
dans la communauté noire et LGBT+. Lily, 34 ans, est venue assister au défilé
de mode suivi de la performance de waacking. Avec son amie Léo, elle a même
pris part au Soul train : chacun
est invité à se mettre en ligne puis à improviser des mouvements de danse, sous
les encouragements des spectateurs. Enfants, adultes, chacun y passe et se
déhanche en rythme.
Gourmande
Car Nuit Blanche est bien à la fête cette année. Et les deux
performances situées au sein de l’Hôtel de Ville sont là pour nous le rappeler.
Un gigantesque gâteau composé de centaines de macarons trône au milieu du salon
des Fêtes. Sous les éclairages chauds, le jardin des macarons imaginé par le
pâtissier Pierre Hermé en fait saliver plus d’un. Heureusement, des hôtesses ne
tardent pas à distribuer des pâtisseries ici et là, accompagnées par la voix de
la chanteuse Chrystabell.
Kamel et Nadir n’en croient pas leurs yeux sous les voûtes
dorées du salon des Fêtes. Pour leur première Nuit Blanche, ils ne sont pas déçus.
Kamel, architecte de formation, savoure chaque détail du bâtiment. Il en
oublierait presque le concert qui démarre. Gérard, 65 ans, partage leur plaisir
de découvrir enfin l’Hôtel de Ville, même s’il regrette d’être arrivé trop tard
pour la distribution de macarons. Celui qui fréquente les Nuits Blanches depuis
plusieurs années apprécie l’organisation qui se fluidifie d’année en année.
Humide
Notre nuit se termine place Baudoyer, au sein de l’Académie
du Climat. Faisant mentir les prévisions météo, la pluie tombe à flots dans la
cour de l’ancienne mairie du 4e. Avec une petite particularité :
elle est violette. Heureusement, chaque participant s’est vu remettre un
parapluie à l’entrée. Il peut alors savourer les notes du fameux « Purple
rain » de Prince sous cette pluie qui ne tombe qu’à intervalles réguliers.
Anaïs, 19 ans, est ressortie enchantée de l’animation,
pressée d’enchaîner avec la suite. Di Angelo, 21 ans, est quant à lui un peu
dubitatif sur l’usage de l’eau pour cette performance artistique : « C’était original, mais avec le contexte
actuel, je ne sais pas si c’est une très bonne idée d’utiliser de l’eau comme
ça. »
Si Kitty Hartl, la directrice artistique de Nuit Blanche, l’entendait,
nul doute qu’elle serait ravie. Comme elle nous le disait il y a quelques
semaines : « On a le droit de
détester ! Ce n’est pas grave. L’important, c’est de réfléchir et d’affûter
l’intelligence. »
À charge de revanche pour la prochaine Nuit Blanche qui arrivera plus vite qu'on ne le croit : rendez-vous est fixé pour juin 2023.
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