Sur les traces du Paris médiéval
Focus
Mise à jour le 27/05/2020
Sommaire
Balade dans la mémoire du Paris médiéval en compagnie de Sophie Astic-Heisserer, auteure d'un guide sur le sujet. Des lieux connus ou insolites… à (re)découvrir !
Le Paris du Moyen Âge se parcourt à pied. En 1492, lorsque s’achève la période médiévale, la ville n’a pas les dimensions actuelles. «Le Paris d’alors est bien plus réduit que l’actuel et se traverse à pied», rappelle l'auteure Sophie Astic-Heisserer. C’est l’un des attraits de Paris médiéval, le guide qu’elle a écrit : proposer des balades à faire à pied ou en bus.
Les Innocents, un cimetière au cœur de Paris
Direction la rue Saint-Denis (1er). Cette voie, qu’on jugerait peu large au XXIe siècle, est pourtant l’une des grandes artères de l’époque médiévale. «Les jours de fête, la rue était pavoisée par les commerçants. C’est la rue des Triomphes, sur la route de la basilique de Saint-Denis, où sont enterrés les rois de France». En 1328, Paris compte 200 000 habitants, ce qui en fait la cité la plus peuplée du monde occidental !
Non loin, faisons une halte à la fontaine des Innocents. Au Moyen Âge, les Innocents désigne un vaste cimetière, créé sous les Mérovingiens. En 1187, Philippe Auguste fait bâtir un mur, pour marquer la séparation avec les halles voisines, où il a fait construire deux pavillons pour le marché. Mais les Innocents et ses innombrables fosses communes sont finalement fermés en 1780 pour des raisons sanitaires. Deux millions de Parisiens y ont été enterrés. Les ossements sont ensuite transportés dans d’anciennes carrières transformées en catacombes situées sous le lieu-dit de la Tombe-Issoire (14e).
Vous aimez les sujets « Patrimoine et Histoire » ?
Default Confirmation Text
Settings Text Html
Settings Text Html
L’enceinte de Philippe Auguste
«Au Moyen Âge, c’est surtout l’aspect défensif de Paris qui est développé», explique Sophie Astic-Heisserer. Pour découvrir le principal témoignage de ces fortifications, rendez-vous dans le Marais, rue des Jardins-Saint-Paul. Philippe Auguste fit bâtir l’enceinte fortifiée de 1190 à 1209 avant de partir en croisade pour protéger la capitale, notamment du péril anglo-normand. Les restes de l’imposante enceinte (5,1 km de long, 9 mètres de haut, avec une tour tous les 60 mètres), de la tour Montgomery et de la poterne Saint-Paul sont à admirer dans le terrain de sport des Jardins-Saint-Paul.
La mémoire des maisons à colombages
Elles ont presque disparu du paysage parisien. «Les maisons à colombage, dont l'architecture est typique du nord de la France, ont été remaniées et recouvertes de plâtre à partir du XVIIe siècle pour limiter les risques d'incendie. Puis elles ont été rasées au XIXe siècle sous Haussmann», précise Sophie Astic-Heisserer. Seules subsistent quelques traces. Rue François-Miron, deux maisons anciennes s’élèvent aux numéros 11 et 13. Les plaques («à l’enseigne du Faucheur» et «à l’enseigne au mouton») rappellent les enseignes d’autrefois. Sur sa façade, des pans en bois. Les maisons ont été restaurées en 1967.
L'ambassade d'une abbaye devenue auberge de jeunesse
Le même quartier abrite également un bel exemple de maison médiévale, au numéro 12 de la rue des Barres (une référence à la palissade construite à cet emplacement) à l’angle de la rue du Grenier-sur-l’Eau. L’actuelle auberge de jeunesse était la maison de ville de l’abbaye de Maubuisson, un établissement religieux du nord de Paris (Val-d’Oise). Car le secteur était très prisé des congrégations religieuses, soucieuses d’être présentes près du pouvoir central : une douzaine d’abbayes possédaient ainsi un pied-à-terre dans le quartier.
Un cellier gothique sous la maison
Autre exemple de cet héritage abbatial au 44-46 de la rue François-Miron. Le siège de l’association Paris historique est une ancienne propriété des moines cisterciens, l’abbaye Notre-Dame d’Ourscamp, reçue en donation en 1248. La maison actuelle date de la fin du XVIe siècle. La surprise se trouve dans les sous-sols : un cellier du XIIIe siècle d’environ 200 m² a été patiemment ressuscité par l’association. Menacée de destruction –elle se trouvait dans un îlot insalubre– la maison a été confiée en 1961 par la Ville à Paris historique qui a pris à sa charge la restauration.
Vous y découvrirez de surprenantes voûtes gothiques. La maison d’Ourscamp abrite également un autre trésor : une cour à pans de bois.
Sur les traces de Jacques Cœur
Rue des Archives, une façade en briques rouges du XVe siècle attire le regard. Avant d’accueillir une école élémentaire, les numéros 38 à 42 ont accueilli une famille de haute lignée: un membre de la famille de Jacques Cœur, l’argentier du roi Charles VII, y a habité. Lui-même, originaire de Bourges, ne semble pas y avoir vécu. L’emplacement est d’ailleurs insolite, puisque la maison se situait rue de l’Homme-Armé, une voie disparue depuis l’élargissement de la rue des Archives au XIXe siècle !
En images : une sélection de lieux
Paris médiéval : suivez le guide !
Le guide Paris médiéval vous propose une promenade dans trois secteurs: le Quartier latin, l'île de la Cité et la rive droite. Chacun peut être parcouru à pied et en bus en une demi-journée environ.
Paris médiéval, Sophie Astic-Heisserer, éditions Taride, 127 pages, 9,95€
Votre avis nous intéresse !
Ces informations vous ont-elles été utiles ?
Attention : nous ne pouvons pas vous répondre par ce biais (n'incluez pas d'information personnelle).