Le 19e teste à son tour le tri des biodéchets

Reportage

Mise à jour le 17/10/2019

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Collecte des biodéchets dans le 19e
Jusqu’à la fin du mois de novembre, près de 70 ambassadeurs mis à disposition par le Syctom, missionné par la Ville de Paris, font du porte-à-porte pour distribuer quelque 84 000 kits de tri aux habitants. C'est le troisième arrondissement après le 2e et le 12e à se lancer dans l'expérimentation.
Face au visage empreint de curiosité de cet habitant du 19e, Lauriane déroule inlassablement son discours, réglé comme du papier à musique. « Nous faisons du porte-à-porte chez tous les habitants de l’arrondissement pour leur distribuer des kits de collecte des déchets alimentaires et nous les sensibilisons également sur l’importance de trier ses biodéchets, qui sont par la suite transformer en biogaz ou en compost », détaille la jeune éco-animatrice missionnée par le Syctom, l’agence métropolitaine des déchets ménagers.

3000 poubelles marron déployées

Depuis le 1er octobre et pendant près de deux mois, 70 ambassadeurs de la Ville de Paris, dont 40 éco-animateurs, des services civiques et des éboueurs volontaires, sillonnent l’arrondissement pour distribuer aux quelque 185000 habitants des kits comprenant un « bio-seau » et un rouleau de sacs biodégradables de 7 litres. L’objectif : atteindre les 84000 kits distribués. Cette opération suit de quelques semaines la mise en place d’une nouvelle poubelle dans les cours d’immeubles qui n’en possédaient pas (comptez trois semaines après l’arrivée du conteneur dans votre immeuble pour recevoir votre kit). De couleur marron, elle est destinée à recueillir les sacs de biodéchets des habitants. En tout, 3000 de ses conteneurs vont être déployés dans le 19e.
L’enjeu est de taille pour une ville comme Paris, tant les chiffres du gaspillage alimentaire donnent la nausée : selon l’Ademe, un Français jette en moyenne 30 kilos de nourriture chaque année… L’impact environnemental qui en découle est lui aussi vertigineux : le gaspillage alimentaire engendrerait 15,5 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an, soit 3% de l'émission de gaz à effet de serre de la France.
Mon immeuble sera-t-il doté d'un bac marron ? Découvrez les immeubles participant à cette collecte sélective sur la carte interactive ci-dessous :

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Une population réceptive

Des problématiques qui interpellent la population, de plus en plus concernée par ces questions à la fois environnementales et sociétales : « Les gens nous attendent, ils sont intéressés et sont contents de savoir que leurs déchets vont être valorisés », se réjouit Maëlle, une autre éco-animatrice du Syctom. « Globalement, les habitants sont très réceptifs », constate la jeune fille, qui travaille également chez Terravox, une entreprise spécialiste de la sensibilisation à la prévention des déchets.
Et pour cause : « Nous avons fait un travail en amont auprès des bailleurs sociaux [l’arrondissement compte 30% de logements sociaux, ndlr] et mis en place une vraie campagne de communication, avec le collage d’affiche dans les immeubles annonçant l’opération en amont », détaille Eric Poisson, chargé du déploiement de la collecte pour la Direction de la propreté et de l’eau de la Ville de Paris. Seuls 4 à 5% des personnes démarchées refusent malgré tout le kit, se disant « pas intéressé ».
D’autres habitants se réjouissent, voire s’impatientent du passage des équipes du Syctom, à l’image de cette riveraine de la rue des Solitaires (19e) qui interpelle une des éco-animatrices au coin de la rue : « J’habite à 200 mètres, vous passez bientôt chez moi ? C’est une super initiative, on se réjouit de commencer ! »

Conseils et astuces

Un peu plus loin, Charlotte, une autre habitante de la rue, accoste toute sourire l’équipe qu’elle a reconnue : « Ça fait deux semaines que vous êtes passés chez moi, je suis super contente de pouvoir enfin trier mes déchets alimentaires ! » Enthousiaste, la jeune femme note tout de même un petit bémol : « Le liquide dans les poubelles, parfois ça coule et ça peut engendrer de mauvaises odeurs… »

Pour éviter les odeurs, il faut vider sa poubelle tous les deux jours ou placer dans le fond du papier absorbant en fibres de cellulose.

Un éco-animateur à une habitante du 19e
Remarque à laquelle l’un des éco-animateurs s’empresse de répondre, une infographie à la main pour illustrer son propos : « En effet, les légumes sont composés à 70 % d’eau. Il faut donc soit vider sa poubelle tous les deux jours – c’est l’idéal –, soit placer du papier absorbant en fibres de cellulose, car biodégradable, au fond de la poubelle », type papier essuie-tout.
Autre recommandation pour éviter les mauvaises odeurs : « En période de fortes chaleurs, il faut éviter pendant quelques jours de trier viandes et poissons ! Quitte à reprendre ce tri une fois les températures retombées. »

Le tri alimentaire en hausse dans les 2e et 12e

Les questions des habitants sollicités peuvent affluer, les éco-animateurs étant dès lors amenés à pousser plus loin leur argumentaire, voire à faire un peu plus de pédagogie et élargir le sujet. Avec, bien souvent, le résultat escompté : « On va faire un cours aux enfants ce soir, tout sera transmis, expliqué et détaillé ! », assure une mère de famille, visiblement ravie par cette initiative.
L’expérimentation a d’ailleurs d’ores et déjà fait ses preuves dans les 2e et 12e arrondissements, où elle a été mise en place en 2017 : en moyenne, sur l’année 2018, 13,6 kilos par habitant ont été collectés. Un chiffre passé à 15 kilos en 2019… Quoi qu’il en soit, les Parisiennes et Parisiens, ainsi que l’ensemble de la population française, n’auront bientôt plus le choix : la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte va généraliser le tri des biodéchets à l’horizon 2025, obligeant chaque commune à mettre en place des solutions pérennes. Autant s’y mettre tout de suite, non ?
Quels déchets trier ?
• Préparation de repas : épluchures de légumes, de fruits, coquilles d’œuf, découpes de viande et de poisson…
• Fin de repas : les sachets de thé, les filtres à café et les serviettes de table en papier…
• Restes de repas : tous les restes de légumes, de fruits, les salades, avec ou sans sauce, les pommes de terre, pâtes, riz, tous les restes de viande, de charcuterie, de poisson y compris coquillages et crustacés (coquilles d’huîtres, de moules…), les restes de fromage, de pain, de pâtisserie…
• Produits alimentaires périmés : débarrassés de leurs emballages.