Dans les écoles, un jeu contre le racisme grâce au Budget Participatif

Reportage

Mise à jour le 20/02/2023

Jeu contre le racisme à l'école Murat 16e, fabriqué par une habitante et lauréat Budget participatif 2019
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris

Sommaire

En 2019, une habitante du 16e déposait un projet de jeu contre le racisme au Budget Participatif. Succès immédiat. Le projet lauréat est devenu un jeu de société que les enfants des écoles ont adopté avec plaisir. Rencontre dans un centre de loisirs avec des CM2 et la créatrice du jeu.
« C’est un jeu où on apprend plein de choses ! » « On fait le tour du monde. » « Moi maintenant je sais d’où vient le blues. » « Moi j’adore les cuisines du monde. » L’ambiance est ludique et pédagogique ce mercredi après-midi à l’école Murat du 16e. Sous la houlette de Corinne, leur bibliothécaire, une dizaine d’enfants jouent à « Raconte-moi d’où tu viens ».
Irchad nous en explique le principe : « Il y a un dé et des pions, on est par équipe de deux et il faut faire le tour du monde. On lance le dé, on tombe sur une case et le “maître du jeu” nous pose une question sur différents thèmes ».
« C'est super ! » le coupe Malak. Ça nous apprend des choses pour le collège. » Fansy surenchérit : « Moi j’ai appris que le continent américain est partagé en plusieurs parties ou que le pain s’appelle le naan en Inde ! »
Ce jeu qui remporte l’adhésion des enfants a aussi remporté le vote des habitants du 16e lors du Budget Participatif. Déposé en 2019 par Michèle Zivy, habitante de l'arrondissement, le projet a fini lauréat et pu être fabriqué pour les écoles.

Connaître les us et coutumes dans le monde

Entourée d'enfants, l'octogénaire est heureuse de voir la concrétisation de son projet. « Comme j’étais déléguée dans les écoles, je me suis rendue compte de la multitude de nationalités et ce n’est pas toujours simple à gérer. Par ailleurs, on ne parle pas souvent aux enfants des questions de racisme. Alors j’ai eu l’idée de le faire avec un jeu. Le racisme n’est souvent que de la méconnaissance de l’autre. Si on ne le connaît pas, on en a un peu peur, alors on devient agressif. »
En partant de ce principe, Michèle a rassemblé une multitude de questions et réponses sur les us et coutumes des cinq continents. « On s'est intéressé à ce qui est commun à tous les enfants, à ce dont ils parlent aussi, comme les habits, la nourriture, les maisons. On a complété avec les arts et les contes. »
Jeu contre le racisme à l'école Murat 16e, fabriqué par une habitante et lauréat Budget participatif 2019
Michèle Zivy joue au jeu qu'elle a créé avec les enfants
Credit Clément Dorval / Ville de Paris
Jeu contre le racisme à l'école Murat 16e, fabriqué par une habitante et lauréat Budget participatif 2019
Elle voulait que ce ne soit pas simplement un jeu pour jouer mais un jeu pour apprendre.
Credit Clément Dorval / Ville de Paris
Jeu contre le racisme à l'école Murat 16e, fabriqué par une habitante et lauréat Budget participatif 2019
Avec l'aide de sa famille ou d'amis, elle a constitué peu à peu de quoi réaliser un jeu de type "trivial poursuit"
Credit Clément Dorval / Ville de Paris
Jeu contre le racisme à l'école Murat 16e, fabriqué par une habitante et lauréat Budget participatif 2019
qui rend les enfants très curieux et attentifs.
Credit Clément Dorval / Ville de Paris
Jeu contre le racisme à l'école Murat 16e, fabriqué par une habitante et lauréat Budget participatif 2019
et fier de mener le jeu pour le "maître des questions"
Credit Clément Dorval / Ville de Paris

Un jeu adapté… pour gagner !

Brigitte Amar, cheffe de la mission Budget Participatif des Écoles et Collèges, nous raconte la suite : « Au niveau des affaires scolaires, une fois le projet élu, nous avons eu la charge de faire fabriquer le jeu à partir des fichiers de madame Zivy. »
Après un premier test dans un centre de loisirs avec des élèves de CM2, le jeu a été adapté, car certaines questions s'avéraient très difficiles à aborder avec des enfants de cet âge. « Nous avons ajouté un livret d’indices pour que le jeu reste un jeu, où l’on gagne, et pour ne pas mettre les enfants en situation d'échec, ce qui ne serait pas productif. »
Une fois un contrat passé avec Michèle Zivy, le jeu a été fabriqué et commandé pour être distribué dans toutes les écoles du 16e. Les jeux restants seront mis à disposition d’autres arrondissements. Brigitte Amar précise : « Cela prend un peu de temps, car il faut que les animateurs s’en saisissent pour pouvoir aider les enfants à devenir eux-mêmes maîtres du jeu. »
« Ce qui les intéresse surtout, c’est de gagner, mais s’ils apprennent des choses en passant, c’est très bien ! », se réjouit Michèle Zivy. Et si on demande à la dynamique senior pourquoi avoir fait tout ceci, elle répond simplement : « Parce qu’il faut bien bouger et essayer de faire quelque chose sur ces sujets importants. Et puis on s'est pris au jeu nous aussi, et c'était très amusant à faire ! »