Une stratégie budgétaire 2022 marquée par une prudente reprise économique
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Mise à jour le 15/11/2021

Sommaire
Le Conseil de Paris de ce mois de novembre examine les orientations budgétaires de la Ville pour 2022. Un budget de sortie de crise sanitaire marqué par une reprise des recettes, mais affecté par la poursuite du désengagement de l’Etat dans le financement des collectivités locales.
La crise
sanitaire et économique liée au Covid-19 a considérablement affecté le budget
parisien depuis deux ans, tant en dépenses qu’en recettes, en
fonctionnement comme en investissement. Le coût total de cette crise pour les
finances de la Ville pourrait atteindre 1,2 milliard d’euros.
Cependant,
l’année 2022 devrait être marquée par la confirmation du rebond de l’économie
parisienne – malgré quelques
incertitudes à moyen terme – qui va entraîner une hausse des recettes de
fonctionnement. C’est dans ce contexte que l’exécutif parisien soumet au débat,
lors du Conseil de Paris, son rapport d’orientation budgétaire afin de présenter
les grandes tendances structurant le budget de la Ville pour l’exercice 2022. Budget qui, lui, sera examiné lors du Conseil de Paris de décembre.
Vers une reprise des recettes
Les recettes de fonctionnement (fiscalité, dotations, etc.)
devraient augmenter de 4,7 % en 2022 par rapport au budget primitif de 2021.
Mais cette évolution reste incertaine, car elle est exposée aux aléas de la
conjoncture économique liés à la crise sanitaire. Il en va notamment des « droits de mutation à titre
onéreux » (DMTO), communément appelés « frais de notaire »,
dus lors de toutes transactions immobilières.
En 2021, en raison du ralentissement du marché
immobilier, le manque à gagner par rapport aux prévisions initiales a été
de 220 millions d’euros concernant les recettes de DMTO. Pour 2022, il est
attendu un produit de DMTO de 1,65 milliard d’euros, soit une progression de 4 %
par rapport au budget primitif de 2021.
Avec le
retour attendu du tourisme en 2022, la Ville espère retrouver un niveau de recettes de taxe de séjour semblable à
celui de 2019, soit 95 millions d’euros. En 2020, avec la crise du Covid, ces
recettes étaient tombées à 44 millions d’euros et 85 millions d’euros sont
espérés pour 2021.
S’agissant,
cette fois, des recettes provenant des
entreprises, la dégradation de l’activité économique parisienne va continuer de
se faire sentir. Pour 2022, il est ainsi attendu un montant de recettes de la cotisation sur la valeur
ajoutée des entreprises (CVAE) de 484 millions d’euros, soit une baisse de 9 % par rapport aux recettes de CVAE attendues
pour 2021 (531 millions). Ceci s’explique notamment par la chute de l’activité
dans les secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration et de
l'événementiel, sachant que la CVAE est calculée sur la valeur ajoutée des
entreprises produite deux années plus tôt (soit 2020, pour les recettes de
2022). Les recettes de CVAE devraient donc repartir à la hausse en 2023 et
surtout en 2024.
En outre,
les différentes réformes fiscales de
l’État privent la Ville des dynamiques de recettes fiscales. Par
exemple, les recettes de CVAE perçues par la Ville ont diminué du fait de deux
réformes transférant une partie importante de la collecte à la Métropole du
Grand Paris (MGP), d’une part, et à la région Île-de-France, d’autre part.
Il en
va de même des recettes provenant de la contribution foncière des
entreprises (CFE). Ainsi, globalement, le produit de la fiscalité économique
(CVAE et CFE) perçu par la ville sera passé de 1,42 milliard d’euros en 2015 à
un montant projeté de 564 millions d’euros en 2024, une fois la totalité des
réformes fiscales appliquées. Certes, il y a des attributions de
compensation, mais le « dynamisme » fiscal est moindre. En attendant,
pour 2022, la Ville devrait encore percevoir un produit de CFE égal à 327,9 millions d’euros, en légère augmentation par rapport à 2021.
Le problème
est le même en matière de fiscalité sur
les ménages. Depuis 2018, la taxe
d’habitation (TH) est progressivement
supprimée. En 2021, déjà, 46 % des ménages parisiens s’avèrent exonérés de TH.
En 2023, plus aucun ménage n’y sera soumis (sur la résidence principale). Cette
suppression est compensée par l’État par l’attribution d’une fraction du
produit de la TVA nationale. Résultat : en 2022, la Ville devrait
percevoir 692 millions d’euros, en hausse de 2,8 % par rapport à 2021 en raison
du dynamisme prévisionnel de TVA nationale attendue. Mais en cas de
retournement de la conjoncture, les recettes de TVA seront alors moindres… Par ailleurs,
la Ville conserve encore les recettes de TH sur les résidences secondaires.
Elles devraient s’élever en 2022 à 190 millions d’euros, contre 199 millions
attendus en 2021.
Concernant la taxe foncière (TH), payée aux
deux tiers par les ménages et pour un tiers par les entreprises, son taux est resté
stable à Paris (à 13,5 %) depuis 2014, à la différence des autres métropoles de
plus de 100 000 habitants où il a progressé de 9,1 %. En 2022, les recettes
de TH s’élèveraient à 1,08 milliard d’euros, soit un montant similaire à 2021.
Enfin, les recettes de gestion (tarifs des
piscines et des équipements sportifs, recettes de stationnement, etc.)
devraient s’établir à 1,78 milliard en 2022
Des dotations de l’État en baisse
La dotation globale de fonctionnement (DGF) est la principale dotation
versée par l’État. Elle est en baisse constante depuis 2014. En 2021, le
montant notifié de DGF a atteint 30 millions d’euros. Selon les projections
réalisées, la DGF ne s’élèverait plus qu’à 13 millions en 2022 et pourrait
totalement disparaître en 2023. Quant à la
dotation de décentralisation, son montant annuel reste stable depuis 2015 à
15,8 millions d’euros.
In fine, en
2022, pour la troisième année consécutive, les versements de l’État (541 millions d’euros) resteraient inférieurs aux contributions parisiennes à la
solidarité locale, via les dépenses de péréquation (681 millions d’euros),
c’est-à-dire les aides versées par Paris aux collectivités territoriales les
moins bien loties.
À noter que,
en consolidant les différents fonds de péréquation municipaux et départementaux,
Paris finance au total 22 % de la péréquation nationale (mécanisme de redistribution qui vise à réduire les écarts de richesse, et donc les inégalités, entre les différentes collectivités territoriales).
Des dépenses maîtrisées
Bien que
contrainte par la progression des dépenses de péréquation, l’évolution des dépenses de fonctionnement reste contenue.
Ainsi, la masse salariale devrait s’établir
à 2,54 milliards d’euros en 2022, contre 2,49 milliards d’euros prévus au
budget primitif de 2021, soit une progression de 2 %. Augmentation qui
s’explique principalement par des facteurs exogènes à la Ville :
revalorisation du Smic, « glissement vieillesse technicité » (règle
de revalorisation des rémunérations dans la fonction publique), revalorisation
des bas salaires, etc. Au total, ces éléments extérieurs aux politiques propres
menées par la Ville représentent une
hausse estimée entre 35 et 40 millions d’euros.
Quant aux effectifs de la collectivité (Paris est
la fois ville et département), ils se montent à 51 425 à la fin 2021 et
48 214 en équivalent temps plein. Un volume relativement stable sur les quatre
dernières années. Environ 300 nouveaux postes seraient créés en 2022, notamment
liés à la montée en puissance de la police municipale parisienne, à l’ouverture
de nouveaux équipements publics (médiathèques, crèches, etc.) et à la
préparation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.
Les dépenses de gestion devraient être
également contenues pour atteindre 3,97 milliards d’euros à l’horizon 2024,
contre 3,94 milliards d’euros inscrits au budget primitif de 2021.
Sur cet ensemble,
les dépenses d’action sociale –
allocation personnalisée d’autonomie (APA) et revenu de solidarité active
(RSA)- représentent le bloc le plus important.
Pour le RSA, le nombre d’allocataires a subi
une hausse marquée du fait de la pandémie entre 2019 et 2021, passant de
61 500 à 68 500. Les dépenses de RSA se sont ainsi élevées à 417 millions d’euros en 2021. Pour 2022, les projections font état d’un retour à
63 600 allocataires pour une dépense de 390 millions d’euros.
Pour l’APA, 138 millions de dépenses sont
projetées pour 2022 (contre 131,5 millions en 2021), mais cela dépendra de réformes attendues dans le cadre du
projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2022 en cours de
discussion.
Le poids des
dépenses liées aux transports est
également important du fait des choix de la Ville en faveur de développement
des transports en commun et des mobilités douces. Ce sont 399,3 millions
d’euros (comme en 2021) qui seront versés à Ile-de-France-Mobilités (établissement gestionnaire des transports en
commun dans la région) pour le développement du réseau. Et ce sont aussi 21,1 millions qui sont destinés à l’exploitation du service Velib’, via l’adhésion de la Ville au « Syndicat
Autolib/Velib Métropole ».
Par
ailleurs, afin d’améliorer et entretenir l’éclairage
public, un vaste chantier de 10 ans a été lancé. L’objectif est de réduire
de 30 % la consommation d’énergie dédiée à l’éclairage d’ici 2030. 28 millions
d’euros en fonctionnement y sont consacrés en 2022, complétés de 24 millions
d’euros en investissement.
Un effort d’investissement maintenu
En 2021, la
Ville a fait le choix de maintenir l’investissement à un haut niveau malgré les
effets de la crise sanitaire sur les finances parisiennes. 1,5 milliard ont ainsi
été investis pour notamment financer ou cofinancer les cours Oasis, la
pérennisation des coronapistes, la végétalisation de l’espace public, le
développement des rues aux écoles, les travaux à l’ouest du tramway T3, le
prolongement de la ligne 14 du métro, la création de logements sociaux, etc.
De fait, dans un
contexte budgétaire contraint, la Ville continue pourtant d'investir
massivement pour répondre aux enjeux de demain.
Il y a
d’abord de grands projets d’urbanisme
comme le réaménagement des portes de Paris, dont la porte de
Montreuil (pour un coût de 36,5 millions d’euros, de la porte Maillot (24 millions), ou la porte de la Chapelle - en lien avec les Jeux olympiques et
paralympiques- (50 millions).
La politique
de création de logements sociaux et
abordables se poursuit aussi. Les dépenses réalisées à cet effet atteignent
déjà plus de 250 millions d’euros et le montant total des opérations liées au
logement – y compris la création de la « Foncière logement abordable »,
devrait avoisiner 1,7 milliard d’euros d’ici 2024.
Pour sa
part, le plan vélo représentera un
total de 250 millions et le plan de rénovation
thermique des bâtiments nécessitera 266 millions d’euros.
L’aide en
faveur des commerces de proximité, via la création de la Foncière Paris
Commerce visant à faciliter l’installation de nouveaux commerces, mobilisera 65 millions d’euros.
Beaucoup
d’autres investissements sont programmés dans les domaines de la santé, la
culture, l’enseignement, la propreté - dont 75 millions d’euros pour
l’entretien de la voirie -, de la sécurité (15 millions d’euros pour
l’équipement de la police municipale).
A cet égard,
il est important de signaler que les investissements dans les domaines de la sécurité et de la propreté atteindront 1 milliard d’euros d’ici 2024.
À noter
également que dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de
2024, un effort particulier est mené pour le sport de proximité (travaux dans
les gymnases, terrains d’éducation physique, etc.). Au total, 500 millions
d’euros seront investis dans ce domaine d’ici 2024.
Au total,
les crédits de paiement pour 2022 devraient atteindre 1,66 milliard d’euros
contre 1,58 milliard en 2021.
Une prudente gestion de la dette
Sous l’effet
de la crise, l’épargne brute (solde
entre les dépenses de fonctionnement et les recettes de fonctionnement) a été
proche de zéro en 2020, réduisant pour un temps les capacités d’autofinancement
de la collectivité. Mais dès 2021, le taux d’épargne brute est redevenu positif
(de l’ordre de 424 millions d’euros) et pourrait dégager un « excédent » de 603 millions fin 2022. Les capacités d’autofinancement devraient donc être retrouvées.
Cette marge
de manœuvre permet un recours maitrisé et raisonné à l’emprunt pour mener à
bien les investissements. En outre, les conditions d’emprunt sont favorables à
la ville pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, elle profite d’un contexte de taux
bas. Ensuite, signe de la solidité de ses finances et de la qualité de sa
gestion, Paris s’est vu attribuer la notation « AA -» par l’agence
Fitch Ratings (perspectives stables) et sa note « AA » par l’agence
Standard and Poor’s a été confirmée en octobre 2021, avec une révision à la
hausse de sa perspective.
Ces bonnes
conditions d’emprunt ont permis un recours accru à l’endettement en 2020 et
2021, nécessaire pour amortir la crise consécutive au Covid et permettre la
relance de l’économie parisienne. Mais la gestion prudentielle de la dette - la
Ville emprunte essentiellement à taux fixe afin d’éviter la variation des
taux due aux aléas conjoncturels - permet de contrôler le poids des
charges financières sur le budget de la collectivité. Au 31 décembre 2020, le
montant de la dette devrait atteindre
6,62 milliards d’euros. Il pourrait être d’environ 7,2 milliards d’euros
fin 2021.
Ce qui
signifie que la dette totale de la collectivité aurait augmenté au maximum de
561 millions d’euros à l’issue de l’exercice 2021, augmentation due en majeure partie aux conséquences de la pandémie.
Dit
autrement, le niveau d’endettement par habitant devrait s’établir au 1er janvier 2022 à 3404 euros, contre 3020 euros au 1er janvier 2021.
Un niveau contenu comparé aux autres grandes villes françaises.
La maturité
moyenne de cette dette (temps qui sépare la date présente de l’échéance du remboursement)
devrait atteindre 13,4 années.
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