Violences faites aux femmes : la Halte qui dit stop !
Reportage
Mise à jour le 03/10/2019
Sommaire
Non loin de la porte de Montreuil, l'association Halte Aide aux Femmes Battues (HAFB) gère un Espace solidarité insertion et le foyer Louise Labé qui héberge des femmes qui ont fui la violence de leur conjoint. Reportage.
En cet après-midi
pluvieux de septembre, une quinzaine de femmes est présente à l’Espace solidarité insertion femmes (ESI) que gère l’association Halte Aide aux Femmes Battues (HAFB). Situé dans le 20e arrondissement, près de la porte de Montreuil, l'espace est exigu mais chaleureux. Des mamans et des femmes de tous âges y attendent
soit un rendez-vous, soit que leur lessive soit terminée ou encore y boivent un café. Nous sommes dans l’un des 15 ESI de la Ville de Paris : des équipements municipaux chargés d’accueillir les
sans-abri et dédiés ici uniquement à l’accompagnement de femmes en souffrance. L'association HAFB est une structure qui gère à la fois l'accueil de jour (l’ESI)
et le foyer Louise Labé agréé CHRS (Centre d'hébergement
et de réinsertion sociale). C'est lui qui propose des hébergements en appartements partagés – et dont l'adresse est confidentielle, on comprendra pourquoi… Ouverte en 1983 par la féministe historique Geneviève Devèze, Louise Labé est l’une des toutes premières structures destinées aux femmes battues. Avec ses psychologues et éducateurs spécialisés, elles y entament une reconstruction personnelle, sociale, professionnelle et familiale et reçoivent une aide juridique. Un accompagnement long de plusieurs années en général.
chaque situation est du «cas par cas», tant plusieurs paramètres sont à considérer : la présence ou pas d’enfant, sa situation administrative, professionnelle, ses revenus, son état psychologique
directrice dE L'ASSOCIATION HAFB
Au nombre d'une vingtaine, les travailleurs sociaux sont également épaulés par quelques bénévoles. Avant de rencontrer la directrice de l'association, Véronique Delepouve, une peinture accrochée au mur interpelle. Elle a été réalisée par les femmes de l'accueil de jour qui l'ont d'ailleurs reproduite en extérieur
sur le mur du stade voisin. La directrice explique : « une trentaine de femmes est hébergée chez nous, – certaines avec enfants. Elles ont dû quitter leur domicile à cause de la violence de leur conjoint. Chaque situation
est du « cas par cas », tant plusieurs paramètres sont à considérer : la présence ou pas d’enfant, sa situation administrative et
professionnelle, ses revenus et son état psychologique et physique ».
S’extraire de l’emprise du conjoint violent
Pour ces femmes, l’ESI a souvent constitué le premier lieu-ressource. Mais les hôpitaux, les maternités, les commissariats ou les associations sont d'autres partenaires qui orientent vers le foyer Louise Labé. L’association HAFB est membre de la fédération nationale «Solidarité
femmes», un réseau national qui coordonne 67 associations gérant de nombreux établissements, ce qui offre davantage de solutions. Nombre d'entre elles sont aussi
venues à l’ESI par le «bouche à oreille». D’autres ont préféré contacter
la permanence du soir HELP proposée par l’ESI. Il s’agit d’un accueil en soirées qui permet d'y être accueillies sans rendez-vous, à
des heures où les autres institutions sont fermées. Le manque de places d’hébergement est une question récurrente. Alors, les travailleurs sociaux jonglent
entre les dispositifs de mise en sécurité (celui cogéré par l'association et le Samu social, celui du réseau Solidarité femmes et de deux autres associations). Car sans hébergement, il arrive que les premières
nuits hors de la maison se déroulent dans des salles d’attente d’hôpitaux ou pire, à la
rue, avec les conséquences que l’on connait. Néanmoins, la cheffe de service
Béatrice Maraillet précise : « on
ne force pas les femmes à quitter systématiquement le domicile ; dans
certaines situations, ce n’est pas la meilleure des solutions, on en revient au
« cas par cas » de chaque situation en prenant en compte les enfants,
le travail, les conditions du bail du couple ». C’est à cette étape que les
travailleurs sociaux commencent à tisser du lien et qu'ils examinent le dossier de cette personne pour rechercher la meilleure solution. Car « certaines
travaillent, ont des enfants scolarisés et doivent assumer le quotidien dans un contexte de bouleversement total» rappelle Béatrice.
Car l’emprise, l’humiliation et le dénigrement sont des
mécanismes très insidieux dont il est difficile de s’extraire. Cette
dévalorisation de l’autre est souvent le signe avant-coureur d'un passage à la violence
physique. Le thème a beau être d’actualité, les violences conjugales ne baissent pas. En 2018, 225 000 femmes en sont victimes;
121 unes tuées - ainsi que 28 hommes, par leur
conjointe ou un compagnon du même sexe.
Permanence du soir "HELP" (par téléphone ou à l'ESI)
Accueil sans rendez-vous pour les femmes victimes de violences conjugales
au 17, rue Mendelssohn, Paris, 20e
ou bien par téléphone au 06 76 38 53 19
les lundis, mercredis et vendredis de 19h à 21h30
au 17, rue Mendelssohn, Paris, 20e
ou bien par téléphone au 06 76 38 53 19
les lundis, mercredis et vendredis de 19h à 21h30
Violences conjugales : l’affaire de tous
Qui n’a pas connu malheureusement une amie, une sœur qui a été battue ou qui subit une relation destructrice ? Parallèlement à l’action remarquable des travailleurs
sociaux, tout un chacun peut œuvrer à son niveau pour protéger ces femmes en
suivant quelques-unes des recommandations dispensées par Joanna Marie-Rose et
Florie Andreotti, les deux éducatrices spécialisées du foyer Louise Labé. Le « je te crois, je crois en
ta parole » sont des phrases basiques à prononcer à qui se
confierait à vous mais aussi le : «il
n’a pas le droit de te frapper, c’est interdit par la loi» est une
évidence qu’il ne faut pas négliger de répéter à ces femmes
souvent terrorisées, en proie au doute. Il est
important que l’entourage demeure disponible afin de rompre un isolement généralement tissé avec soin par le conjoint. Et accepter aussi de s'inscrire dans le temps de l’autre : « le
jour où tu seras prête, je pourrai t’accompagner à la police pour dénoncer les
faits ». Même si la situation est très critique, la lutte contre les violences conjugales suscite quelques espoirs. La directrice de HAFB indique
par exemple « recevoir beaucoup de demandes de stages émanant de jeunes hommes ». Justement, Urain Gorka, bientôt trentenaire et nouvel accompagnant éducatif et social
du foyer est satisfait d’être sur le terrain « chaque jour, je vois arriver des femmes de tous les horizons.
J’essaie de comprendre ce qui s’est passé mais sans excuser, ni pardonner les
auteurs de violences».
Lutter contre la banalisation des violences faites aux femmes
Depuis la création de l'Observatoire de la violence faite aux femmes (OPVF) en 2014, la Ville de Paris mène plusieurs actions conte ce fléau telle l'ouverture à Bagnolet en août dernier d'un accueil de jour pour les jeunes femmes de 15-25 ans. Un lieu qui s'ajoute aux 168 places disponibles dans les quatre structures d'accueil spécialisées : le Foyer Louise Labé (20e), Le Phare (14e), le centre Suzanne Képès (15e) et le FIT/jeunes femmes de 18 à 25 ans (3e). La Ville coordonne et cofinance aussi le dispositif d’alerte « Téléassistance grave danger » (TGD) qui met – après décision du procureur de la République – un téléphone portable à disposition des victimes leur assurant l’intervention rapide des services de police ainsi qu’un suivi au long cours. Des consultations «psychotrauma» face aux impacts physiques et psychologiques de la violence conjugale sont aussi en place dans des centres sociaux ou des CPEF ainsi qu'une expérimentation de 10 mesures de la MAP (Mesure d’accompagnement protégé) à l'attention des enfants exposés et du parent victime (le plus souvent la mère). Le dispositif de la MAP qui permet d’éviter que s’exercent de nouvelles violences dans le contexte du droit de visite.
Coordonnées
HAFB (Halte Aide aux Femmes Battues)
17, rue Mendelssohn
75020 Paris
Tél : 01 43 48 18 66
Métro : Porte de Montreuil (L9)
[contact puis hafb-asso.com après le signe @]pbagnpg@unso-nffb.pbz[contact puis hafb-asso.com après le signe @]
Horaires d'ouverture
Lundi : 9h30-12h et 13h-17h30
Mardi, mercredi : 13h-17h30
Jeudi : uniquement sur rendez-vous
Vendredi : 13h-17h30
Lundi : 9h30-12h et 13h-17h30
Mardi, mercredi : 13h-17h30
Jeudi : uniquement sur rendez-vous
Vendredi : 13h-17h30
Permanences du soir "HELP"
Tél : 06 76 38 53 19
Accueil sans rendez-vous les lundis, mercredis et vendredis de 19h à 21h30
Tél : 06 76 38 53 19
Accueil sans rendez-vous les lundis, mercredis et vendredis de 19h à 21h30
Numéros Urgence
Tél. : 06 76 38 53 19
Permanences du soir "HELP"
Permanences du soir "HELP"
Tél. : 3919
Violences Femmes Info
Appel anonyme et gratuit 7j/7, de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h les samedi, dimanche et jours fériés
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Appel anonyme et gratuit 7j/7, de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h les samedi, dimanche et jours fériés
Tél. : 0 800 05 95 95
SOS Viols Femmes Informations
Du lundi au vendredi de 10h à 19h
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