La Fabrique nomade valorise le savoir-faire des artisans réfugiés
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Mise à jour le 10/11/2020
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Dans le cadre du mois de l'économie sociale et solidaire (ESS), célébré chaque année en novembre, découvrez ces acteurs parisiens qui font bouger les choses. Cette semaine, focus sur La Fabrique nomade, association engagée pour l’insertion socioprofessionnelle des artisans réfugiés.
Dans leur pays d’origine, ils étaient potier, sculpteur, couturier, brodeur, ébéniste… En France, ils se heurtent à de nombreux freins pour exercer leur métier. L'association La Fabrique nomade s’est donnée comme mission d’accompagner ces artisans migrants et de les mener vers le chemin de l'emploi en préservant la richesse de leur savoir-faire. Et dans ce lieu éminemment généreux, le public peut participer à une expérience créative avec les artisans et confectionner un objet unique à emporter.
En ce moment
Depuis le reconfinement, les ateliers de pratique artisanale sont mis à l'arrêt, mais l’association poursuit la vente des collections d'objets (mode et maison) en ligne avec le "click & collect". Une édition spéciale Noël sera d’ailleurs lancée en décembre.
Au moment de l’ouverture du lieu en 2018, nous avions rencontré Ines Mesmar, initiatrice du projet, ainsi que Jeannette, originaire du Togo, en plein travail de confection de bijoux en cuivre et laiton. Elle retrouvait ici la passion et le métier qu'elle exerçait dans son pays. "J'ai retrouvé l'énergie et l'envie", confiait-elle. Un peu plus loin Sana, de Gambie, travaillait le bois et Fayun, d'origine chinoise, travaillait la céramique. Il donnait aussi des cours de Taï-chi aux artisans. Il y avait aussi Fadhila et Wadie qui se préparaient pour le cours de français qui a lieu chaque semaine. Ici, l'accompagnement est en effet complet.
Une histoire de famille
C'est en découvrant l’histoire de sa maman qu’ Ines Mesmar a décidé de créer ce lieu d’accompagnement pour les artisans réfugiés. Ines a 35 ans quand, au détour d’une conversation, elle découvre que sa mère, arrivée en France des années plut tôt, a quitté la Tunisie mais aussi son métier et sa passion de brodeuse qu’elle n’a pas pu reprendre dans l’exil. Elle n’en avait jamais rien dit à ses filles. Pour Ines, c'est une vive émotion, elle se demande combien d’autres personnes ont ainsi renié une partie d’elle-même en quittant leur pays.
Elle se renseigne, questionne, enquête auprès des centres d’accueil pour réfugiés et migrants. Et elle y rencontre des artisans. « Il y avait Kim, brodeuse au Vietnam, caissière en France ; Ali, menuisier afghan, agent d’entretien en France ; Shammim, brodeur au Bangladesh, pizzaïolo en France et tant d’autres… Je prends alors conscience de la violence de la migration : l’effacement de soi, la perte de repères et les difficultés qu’ils rencontrent à faire valoir leurs compétences en France. »
Une formation certifiante pour les artisans réfugiés
Elle crée alors son association dont l'idée est de proposer à des artisans, motivés pour conserver leur savoir-faire et le développer en France, un programme adapté et inédit. D’une durée de 6 mois, ce programme favorise leur montée en compétences, leur adaptation au contexte économique, culturel français et leur autonomie.
Aujourd’hui la formation est devenue un dispositif de formation certifiant de 9 mois et l’association a reçu le soutien du Groupe LVMH sur l'insertion professionnelle des artisans et les actions de l'association.
Les artisans vont donc ici réaliser ce qu'ils savent le mieux faire. Pour Ines, « c'est comme un CV : leurs objets donnent à voir leur savoir-faire auprès de professionnels et entreprises du secteur des métiers d’art ». Une collection Traits d’union, issue d’une collaboration entre les artisans réfugiés et des designers français, a aussi été créée.
Par ailleurs, il est possible de suivre un atelier (activité suspendue en ce moment) avec les artisans. Le public crée et repart avec un objet confectionné sur place. Ces ateliers sont destinés au grand public (adultes et enfants) ainsi qu'aux aux entreprises. Et, comme ils sont animés par les artisans eux-mêmes, ils participent concrètement à leur insertion socio-professionnelle. « Cette action permet aux artisans de prendre confiance en eux, la transmission est très importante à leurs yeux », précise Ines.
Le soutien de la Ville de Paris
La Fabrique occupe et loue des locaux au 1 bis, avenue Daumesnil (12e), gérés par la SEMAEST, société d'économie mixte de la Ville de Paris spécialisée dans l'animation économique des quartiers. Cette dernière conduit depuis 30 ans des projets d'aménagement, de rénovation et de développement économique, au service de la vitalité urbaine.
La Ville soutient cette initiative : 65 000 € leur ont été versés dans le cadre du plan de relance des entreprises en 2020 et 60 000 € dans le cadre de l'appel à projet Paris tous en jeux pour 2020 (à recevoir en 2021), soit un total de 125 000 €.
Par ailleurs, la Fabrique Nomade a réalisé pour la troisième année consécutive l'objet-trophée des "Trophées de l'ESS" de la Ville de Paris, qui met en avant chaque année un savoir-faire. En 2020, il s'agit de la marqueterie de bois. A découvrir lors de la remise des Trophées fin novembre.
La Fabrique nomade 1 bis avenue Daumesnil (12e). A retrouver pour le moment sur leur site.
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